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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
L'annonce par l'organisation terroriste basque ETA le 18 février dernier d'une trêve des attentats géographiquement limitée à la Catalogne a relancé la polémique autour de la rencontre secrète le 26 janvier du conseiller en chef de la Généralité (gouvernement) de Catalogne, Josep Lluis Carod Rovira, président de l'Esquerra republicana de Catalunya (ERC), formation de gauche membre de la coalition au pouvoir en Catalogne, avec des dirigeants de l'organisation terroriste basque ETA.
Le leader du Parti socialiste (PSOE), José Luis Rodriguez Zapatero, a fini par condamner cette rencontre, non sans parvenir à dissimuler l'embarras et la confusion qui règnent au sein de sa formation sur le sujet précis de la réforme de l'Etat et d'un éventuel approfondissement des compétences des dix-sept communautés autonomes.
L'annonce de cette trêve par a été vivement dénoncée par le Parti populaire (PP) au pouvoir qui l'a immédiatement présentée comme le résultat d'un marché passé par le leader de l'ERC avec l'ETA. Si Josep Lluis Carod Rovira avait affirmé qu'aucun accord n'avait été passé par lui avec l'organisation basque et que sa rencontre n'avait donné aucun résultat, l'annonce de la trêve a de nouveau jeté la suspicion sur ses déclarations. Le Parti populaire a exigé des socialistes qu'ils rompent avec l'Esquerra republicana de Catalunya, les accusant de violer le pacte anti-terroriste par lequel les deux principales formations du pays se sont engagées en 2000, indépendamment de leurs divergences politiques, à unir leurs efforts pour lutter contre le terrorisme. Le PP a également déclaré qu'un « accord immoral » avait été signé et que le maintien de la coalition gouvernementale de Catalogne serait « une honte pour tous les Catalans et tous les Espagnols ». Pasqual Maragall, (PSC), président socialiste de la Généralité catalane, a répondu que la coalition demeurerait en place et « ne trahira pas la confiance de millions de Catalans » exprimée dans les urnes le 16 novembre dernier. Josep Lluis Carod Rovira, qui mènera la liste de sa formation aux élections législatives du 14 mars prochain, a cependant renoncé définitivement au poste de conseiller en chef (vice-Premier ministre) de la Généralité qu'il occupait auparavant. Le président Pasqual Maragall devrait nommer un nouveau membre de l'ERC à ce poste. Josep Bergallo, actuellement chargé de l'Education, est pressenti pour succéder au leader de son parti.
Le 26 février dernier, l'ensemble des formations politiques, à l'exception du Parti populaire, a manifesté à Barcelone contre l'ETA. Le porte-parole du PP au Parlement catalan, Francesc Vendrell, a justifié l'absence de sa formation en expliquant que la position du Parti populaire était sans équivoque depuis de nombreuses années, constatant qu'en revanche, celle de l'Esquerra republicana de Catalunya était loin d'être aussi claire.
Selon l'enquête d'opinion réalisée par l'institut TNS-Demoscopia et publiée par le quotidien ABC le 29 février, le Parti populaire obtiendrait entre 174 et 177 sièges au Congrès des députés (la majorité absolue est à 176) avec 42% des suffrages et le Parti socialiste, avec 37% des voix, entre 133 et 137 sièges. La troisième force politique, Izquierda unida (IU), recueillerait 7% des suffrages et obtiendrait 7 à 10 sièges. Concernant les formations nationalistes, Convergencia i Union (CiU) obtiendrait 4,2% des voix (10 ou 11 sièges), le Parti nationaliste basque (PNV), 1,5% des suffrages (7 sièges) et l'Esquerra republicana de Catalunya, 2% des voix (6 à 7 sièges, ce qui permettrait à la formation catalane de former son propre groupe parlementaire). Les enquêtes d'opinion révèlent certaines contradictions entre les souhaits des électeurs et leur perception du rapport de forces entre les différentes formations politiques. Ainsi, si les trois quarts des Espagnols pensent que les conservateurs vont s'imposer, les deux tiers estiment qu'un changement de gouvernement serait positif. La popularité de José Luis Rodriguez Zapatero reste également plus élevée que celle de Mariano Rajoy (49% d'opinions positives pour le leader du PSOE contre 41% pour celui du PP selon l'enquête d'opinion réalisée pour le quotidien la Vanguardia). Le journal explique cette contradiction par le fait que si les Espagnols se déclarent très satisfaits de la situation économique du pays, ils portent un regard moins positif sur la situation politique.
Le Premier ministre José Maria Aznar a mis en garde son successeur Mariano Rajoy, contre un sentiment de victoire acquise et lui a demandé d'être plus ambitieux et de passer à l'offensive. « S'il ne vise que le maintien du résultat déjà obtenu, il finira par simplement l'égaliser » a-t-il déclaré. Il a plusieurs fois exhorté ses troupes à obtenir une majorité plus large que celle obtenue lors des précédentes élections législatives du 12 mars 2000. « Je veux les meilleurs résultats de l'histoire du Parti populaire » a annoncé José Maria Aznar. Mariano Rajoy a promis, en cas de victoire, de parvenir au plein emploi dans les dix prochaines années. « Nous pouvons créer deux millions d'emplois supplémentaires en quatre ans pour atteindre, à la fin de cette législature, un taux de chômage de 8% et au plein emploi d'ici dix ans » a affirmé le leader du Parti populaire. Durant la campagne, la formation au pouvoir a mis en avant son bilan économique ; le 27 février dernier, le ministre des Finances, Cristobal Montoro, a ainsi annoncé l'enregistrement par l'Espagne d'un excédent sans précédent de son PIB de 0,3% en 2003 (0,1% en 2002), le meilleur résultat dans ce domaine parmi les grands pays de l'Union européenne. Le PP a également centré sa campagne sur la défense de l'unité du pays, rappelant que l'Espagne n'a pas connu d'attentat mortel sur son sol depuis juin 2003.
De son côté, le Parti socialiste (PSOE) tente de convaincre les Espagnols de la nécessité d'une alternance politique, dénonçant la spéculation immobilière, la précarité des services sociaux et le soutien inconditionnel de José Maria Aznar à la politique de George Bush. Le 15 février dernier, environ 150 000 personnes ont défilé dans les grandes villes du pays pour le retour des mille trois cent militaires espagnols engagés en Irak. Si l'on est loin des millions de manifestants du début de l'année 2003, ce retour dans la campagne électorale de la guerre et de l'occupation de l'Irak favorise indéniablement le Parti socialiste. José Luis Rodriguez Zapatero a promis qu'en cas de victoire, il rappellerait les militaires si, au 30 juin, le destin de l'Irak n'était pas confié à l'ONU. Le leader socialiste a également affirmé sa volonté de « restaurer l'amitié de l'Espagne avec le couple franco allemand au sein de l'Union européenne ». On se souviendra du fait que l'opposition massive des Espagnols à la guerre angloaméricaine en Irak n'a pas entraîné de vote sanction de la formation du Premier ministre lors des dernières élections municipales et régionales du 25 mai 2003.
Le 26 février dernier, l'ouverture officielle de la campagne électorale a débuté par le traditionnel collage d'affiches. Mariano Rajoy se trouvait dans sa Galice natale à Saint-Jacques-de-Compostelle ornant les murs de la ville du slogan de son parti « Ensemble, nous ferons plus ». De son côté, José Luis Rodriguez Zapatero était à Madrid, collant sur les murs de la capitale les affiches de sa formation qui déclarent « Nous méritons une Espagne meilleure ».
A une semaine du scrutin, les enquêtes d'opinion prédisent la victoire du Parti populaire mais l'incertitude demeure quant à la majorité, absolue ou relative, dont disposera le 14 mars au soir la formation au pouvoir en Espagne. Une seule chose est d'ores et déjà certaine, le duel électoral s'annonce cette année plus serré qu'il ne l'a été il y a quatre ans.
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