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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Les dernières enquêtes d'opinion confirment le soutien de la grande majorité des Hongrois à l'adhésion de leur pays à l'Union européenne. Selon le dernier sondage réalisé par l'institut Gallup et publié le 2 avril dernier, 64% de la population se déclarent en faveur de l'intégration européenne, 16% y sont opposés et 20% sont encore indécis. Les instituts d'opinion prévoient un taux de participation d'environ 65%. Le Premier ministre Peter Medgyessy (Parti socialiste, MSZP) a d'ailleurs appelé les Hongrois à voter en grand nombre le 12 avril prochain, affirmant que l'Union européenne avait non seulement besoin d'un « oui » massif mais également de la mobilisation de la grande majorité des Hongrois.
Le gouvernement a accéléré ces derniers jours sa campagne en faveur de l'adhésion. Un « pont de l'Europe », symbolisant « le passage de la Hongrie vers l'Union européenne et le lien existant entre les Quinze et le pays » selon les propos de Tibor Palankai, président de la Fondation publique pour la communication sur l'Union européenne, a été construit sur le Danube au cœur de la capitale hongroise. Cet ouvrage temporaire (la construction a été mise en place pour une durée de trois jours) a été inauguré le 14 mars dernier par Pat Cox, président du Parlement européen.
Un rapport réalisé par des chercheurs de l'institut Ecostat d'analyse économique a également été mis en ligne sur le site internet ouvert par le gouvernement (www.euint.hu/cgi-bin/cikk.cgi) pour préparer au mieux l'entrée de la Hongrie dans l'Union européenne. Selon les économistes, la Hongrie devrait atteindre d'ici dix à douze ans le niveau de vie des citoyens des Quinze. Outre des éléments d'information et des thèses favorables à l'intégration du pays, le site rend également compte des arguments et des actions des adversaires de l'Union. Ainsi, le 23 mars dernier, les mouvements politiques opposés à l'intégration -le Mouvement hongrois pour la protection du territoire, le Mouvement pour une Hongrie libre et enfin le Mouvement pour une meilleure Hongrie- ont organisé à Budapest une conférence contre l'adhésion du pays. Pour ces formations, l'élargissement de l'Europe s'apparente à une véritable « entreprise de colonisation » des Quinze sur les Etats d'Europe centrale et orientale. Les opposants à l'intégration affirment qu'en choisissant d'entrer dans l'Union européenne, ces pays ne mettent pas seulement leur économie en danger mais attentent à la liberté de leurs citoyens et mettent en péril leur souveraineté nationale. Ernö Rozgonyi, le leader du Front national hongrois, formation d'extrême droite récemment née d'une scission du Parti de la justice et de la vie (MIEP), a quant à lui affirmé que l'adhésion à l'Union transformerait les Hongrois en « esclaves » des Quinze.
Certains des adversaires de l'intégration se déclarent favorables à la formation, entre les différents pays d'Europe centrale et orientale, d'une zone de libre-échange qu'ils imaginent construite sur le modèle de l'Empire austro-hongrois. L'histoire nationale est d'ailleurs très sollicitée dans cette campagne électorale, que ce soit par les partisans ou par les adversaires de l'adhésion. Lors de la célébration de l'anniversaire de la révolution hongroise de 1848 contre l'Empire des Habsbourg du 15 mars dernier, ces derniers manifestaient avec des banderoles proclamant : « Petöfi voterait « non » à l'intégration » (Sandor Petöfi est un poète et un héros national hongrois qui, le 15 mars 1848, prit la tête de la jeunesse de Pest. Il est l'auteur du fameux vers : « Debout, Hongrois, la patrie t'appelle »). Quelques mètres plus loin, le maire de Budapest, Gabor Demszky, déclarait au pied de la statue du poète : « Il y a cent cinquante ans, les circonstances ont joué contre la révolution hongroise mais aujourd'hui l'Europe est avec nous et il ne dépend que de nous de savoir si nous voulons profiter de cette opportunité historique qui nous est offerte. Nous sommes patriotes quand nous restons fidèles à nos ancêtres de 1848 et à nos principes, quand nous disons un « oui » clair à l'Europe ».
Le Parti de la justice et de la vie (MIEP) est opposé à l'adhésion de la Hongrie à l'Union européenne. Ne détenant plus aucun siège au Parlement depuis les dernières élections du 7 et 21 avril 2002, la formation d'extrême droite fait campagne pour que certains de ses membres puissent être désignés comme observateurs lors du référendum du 12 avril prochain (selon la la loi électorale, seuls les partis représentés au Parlement sont autorisés à superviser le scrutin). Ce Parti accuse la coalition gouvernementale de tromper les Hongrois et de sacrifier l'indépendance du pays en acceptant son entrée dans une Union européenne divisée.
Tous ces propos virulents devraient toutefois peu influer sur le vote des Hongrois qui, dans une large majorité, voient dans l'adhésion à l'Union européenne le retour à la prospérité économique et l'assurance de vivre dans une démocratie stable. « L'Union européenne nous permet à la fois de partager les valeurs européennes et de défendre nos propres intérêts nationaux » a ainsi déclaré Peter Medgyessy le 15 mars dernier. La veille de cette déclaration du Premier ministre, le président du Parlement européen, Pat Cox, a rappelé aux Hongrois que « l'Europe les attendait les bras ouverts ». « Demain (ndlr :le 15 mars), vous allez célébrer un jour historique qui a changé le cours de votre Histoire. Dans quelques semaines, vous vivrez de nouveau un tel moment, le 12 avril prochain peut changer votre destin » a t-il ajouté.
Outre la classe politique, les représentants des églises protestante et catholique de Hongrie ont également appelé les Hongrois à se prononcer en faveur de l'adhésion à l'Union européenne. De son côté, l'ancien président de la République Arpad Göncz a récemment proposé la candidature de l'Union européenne pour le prochain prix Nobel de la Paix qui sera décerné à la fin de l'année 2003. Signalons enfin que le référendum ayant lieu un samedi, la plus importante des organisations juives de Hongrie, Mazsihisz, a demandé au Parlement que les bureaux de vote soient ouverts au delà de l'horaire prévu, soit jusqu'à vingt heures, afin que les Juifs pratiquants puissent remplir leur devoir de citoyen. La Hongrie compte environ quatre vingt dix mille Juifs.
La seule véritable inconnue du référendum réside dans l'ampleur de la victoire du « oui » le 12 avril. Les Hongrois disputeront-ils aux Slovènes la palme du pays le plus pro européen ?
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