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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Les Hongrois ont accepté, à une très forte majorité, l'adhésion de leur pays à l'Union européenne lors du référendum du samedi 12 avril. 83,76% des électeurs, un résultat de vingt points supérieur aux dernières enquêtes d'opinion qui accordaient aux partisans de l'intégration 64% des suffrages, ont répondu « oui » à la question, « historique » selon les propres mots du Premier ministre Peter Medgyessy (Parti socialiste, MSZP), qui leur était posée. 16,24% des votants se sont prononcés contre l'adhésion de la Hongrie à l'Union européenne. Des festivités avaient été organisées dans les principales villes du pays ainsi qu'un feu d'artifice dans la capitale Budapest au son de l'Ode à la Joie, prélude du 4ème mouvement de la IXème symphonie de Ludwig van Beethoven et hymne de l'Union européenne. Dès l'annonce des résultats du scrutin, de nombreux Hongrois se sont donc retrouvés dans les rues ou sur les bords du Danube pour célébrer l'événement.
Seule ombre au tableau de ce référendum : la participation, nettement inférieure à ce que laissaient penser les enquêtes d'opinion qui estimaient la semaine dernière encore qu'elle pourrait atteindre environ 65%. Si les Hongrois se sont en effet massivement prononcés en faveur de l'adhésion, ils ont été peu nombreux à le faire : plus de la moitié de l'électorat s'est abstenue (54,4%). Les Hongrois n'ont pas tenu compte des appels de leur Premier ministre Peter Medgyessy qui, tout au long de la campagne électorale, les a invités à participer en masse au référendum. « Il ne suffit pas de dire « oui » en principe à l'adhésion, il faut le faire clairement » a répété le leader socialiste. En vain. Le faible taux de participation a pu faire croire quelques heures durant à une possible invalidation du scrutin. En effet, selon la Constitution hongroise, la moitié de la totalité des suffrages considérés comme valables, soit au moins un quart du corps électoral du pays (environ deux millions de voix), doit être des votes « oui » ou « non » pour que le référendum soit validé. En 1997, lors d'un précédent référendum sur l'adhésion de la Hongrie à l'OTAN, la participation avait également été très faible, 49% même si le « oui » l'avait également emporté avec 85% des suffrages exprimés.
Certes, les Hongrois étaient, pour ce référendum sur l'avenir européen de leur pays, appelés aux urnes un samedi, une première dans un pays où le vote s'effectue traditionnellement le dimanche mais les quelques onze mille bureaux de vote sont restés ouverts deux heures de plus que lors des consultations habituelles (de 6 h à 21h) pour permettre à la communauté juive d'aller voter à la fin du sabbat. L'opposition a profité de cette faible mobilisation pour critiquer l'action du gouvernement. « L'amateurisme de la coûteuse campagne de communication des socialistes a abouti au taux de participation le plus bas parmi les référendums d'adhésion des pays européens depuis trente ans » a déclaré Joszef Szajer, vice président de l'Alliance des Jeunes Démocrates (FIDESZ), principale formation de l'opposition conservatrice.
« Europe, nous voilà », « Nous sommes rentrés à la maison, en Europe » titraient dimanche matin les quotidiens du pays. La Hongrie avait, dès ses premières élections démocratiques de 1990, demandé à rejoindre l'Union européenne. Le pays, l'un des plus favorables à Bruxelles parmi les pays candidats, deviendra officiellement membre de l'Union le 1er mai 2004. « Le « oui » des Hongrois sur l'adhésion de leur pays à l'Union européenne est un encouragement pour les électeurs slovaques, a déclaré Jan Figel, principal négociateur de la Slovaquie avec l'Union européenne. « Ce résultat est bon non seulement pour la Hongrie, mais aussi pour ses partenaires du groupe de Visegrad » a t-il ajouté. Une opinion que partage Günter Verheugen, commissaire européen à l'élargissement, qui a assuré que « le résultat du référendum hongrois aura un effet d'entraînement qui peut garantir un résultat similaire dans les pays devant voter après la Hongrie ». Un effet espéré par certains pays candidats (en particulier l'Estonie et la Lettonie) qui, craignant l'euroscepticisme de leur population, ont choisi de consulter leurs citoyens plus tard dans l'année, pariant sur l'influence du vote positif des pays les plus favorables à l'Union européenne. Le mois prochain, les Lituaniens sont appelés à se prononcer sur l'adhésion de leur pays à l'Union européenne les 10 et 11 mai, suivis quelques jours plus tard par les Slovaques les 16 et 17 mai.
Résultats du référendum du 12 avril 2003 :
Participation : 45,6%
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