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L'opposition conservatrice arrive en tête du 1er tour des élections législatives lituaniennes qui consacrent aussi le retour sur la scène politique de l'ancien Président de la République, Rolandas Paksas

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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13 octobre 2008
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

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L'opposition conservatrice arrive en tête du 1er tour des élections législatives...

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L'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK), située à droite sur l'échiquier politique et dirigée par Andrius Kubilius, est arrivée en tête du 1er tour des élections législatives lituaniennes le 12 octobre. Elle recueille 19,55% des suffrages. Comme souvent dans les Etats baltes, un nouveau parti, le Parti populaire de la résurrection nationale, créé la surprise en terminant en 2e position, recueillant 15,11% des voix. Fondé en mai dernier par le présentateur et producteur de télévision Arunas Valinskas, ce parti, qui présentait de nombreuses célébrités locales et dont l'un des slogans était "Le bateau coule ; au moins avec nous, cela sera plus drôle", s'est fixé pour objectif de faire renaître chez les Lituaniens la confiance dans l'Etat et dans les institutions politiques. Ces deux partis devancent Pour l'ordre et la justice (TT), parti populiste de l'ancien Président de la République (2003-2004) Rolandas Paksas, qui obtient 12,73% des voix et le Parti social-démocrate (LSP), emmené par le Premier ministre Gediminas Kirkilas, qui recueille 11,76% des suffrages. Enfin, le Parti du travail (DP), créé en 2003 par le milliardaire d'origine russe Viktor Ouspaskitch et vainqueur des élections législatives des 10 et 24 octobre 2004, arrive en 5e position avec 9,04% des voix.

2 autres partis devraient être représentés au Seimas, Chambre unique du Parlement : l'Union libérale-Union du centre (LLC-LSC), parti libéral membre de la coalition gouvernementale sortante et dirigé par Arturas Zuokas qui recueillerait 5,68% des suffrages et du Mouvement libéral dirigé par Eligijus Masilius (5,32%).

En revanche, l'Union paysanne (LVLS) dirigée par l'ancienne Premier ministre (1990-1991), Kazimiera Danute Prunskiene, et la Nouvelle Union-Parti social libéral. (NS-SL), du ministre de l'Environnement sortant Arturas Paulauskas, échouent à dépasser le seuil de 5% des suffrages exprimés indispensables pour être représenté au Seimas.

"Tous les partis au pouvoir ont été punis et l'opposition s'est attirée la préférence des électeurs" analyse le rédacteur en chef du site Alfa.lt, Virgis Valentinavicius.

La participation s'est élevée à 48,11%.

"Le résultat paraît très bon, compte tenu du fait que la plupart des sondages ne prédisaient pas un tel soutien" a déclaré Andrius Kubilius, à l'annonce des premiers résultats. "L'alliance des Conservateurs avec le Parti chrétien démocrate a multiplié les chances des deux formations car toutes deux disposent d'un électorat très stable et très actif" analyse le professeur de science politique de l'université de Kaunas, Algis Krupavicius. Favorite des sondages préélectoraux, l'Union de la patrie-Conservateurs souhaite revenir au pouvoir mais hostile aux partis populistes, Andrius Kubilius peut difficilement envisager une alliance avec Pour l'ordre et la justice ou avec le Parti du travail. "J'aurais de grands doutes" a-t-il affirmé ajoutant qu'il était prêt à travailler avec tous les partis.

Durant la campagne électorale, Andrius Kubilius avait multiplié les discours dans lesquels il affirmait sa crainte de la Russie voisine. "Le sentiment des gens est simple : qui est le suivant et quand l'agression touchera-t-elle la Lituanie ?" interrogeait-il après l'intervention des troupes russes en Géorgie. Ses propos avaient suscité de vives réactions parmi les membres de Pour l'ordre et la justice, proche de la Russie. Rolandas Paksas et Viktor Ouspaskitch sont souvent qualifiés de prorusses, ce qu'ils démentent tous deux.

Outre la victoire – attendue – de l'Union de la patrie-Conservateurs, ce 1er tour des élections législatives est également marqué par le retour sur la scène politique de l'ancien Chef de l'Etat, Rolandas Paksas. Celui-ci avait été destitué de sa fonction par le Seimas le 6 avril 2004 après avoir été reconnu coupable d'avoir violé la Constitution en accordant illégalement la nationalité lituanienne à Iouri Borisov, homme d'affaires russe et principal financier de sa campagne électorale pour l'élection présidentielle des 22 décembre 2002 et 5 janvier 2003, d'avoir violé les secrets d'Etat en révélant à ce même homme des informations confidentielles et enfin d'avoir favorisé ses amis lors de la privatisation d'une société d'autoroutes. L'exercice d'un mandat public lui est constitutionnellement interdit, mais Rolandas Paksas pourrait exercer son influence en coulisses. Il compte sur le succès de son parti pour faire annuler l'interdiction qui pèse sur lui.

L'ancien Chef de l'Etat a joué sur les peurs des Lituaniens, inquiets de la détérioration de l'économie après plusieurs années de forte croissance, pour séduire les électeurs. Son programme propose d'abolir l'impôt sur le revenu pour les familles de 3 enfants et plus, de lutter contre la hausse des prix, notamment ceux de l'énergie, d'augmenter les salaires dans le secteur public, d'élire les maires et les juges au suffrage universel direct et de réduire le moitié le nombre des parlementaires. "La principale différence entre ces élections législatives et les précédentes, c'est que le pays connaît pour la première fois depuis 8 ans des difficultés économiques" analysait Kestutis Gernius, membre de l'Institut des sciences politiques et des relations internationales.

En dépit des bons résultats de son parti, Andrius Kubilius est donc loin d'être assuré de devenir Premier ministre à l'issue de ces élections législatives. En revanche, le Parti social-démocrate, qui a réalisé un résultat supérieur à celui que prévoyaient les enquêtes d'opinion, pourraient se maintenir au pouvoir. Rappelons que 70 députés ont été élus au scrutin proportionnel lors du 1er tour. Les 71 autres sont désignés au système majoritaire à 2 tours. Ceux qui n'ont pas été élus le 12 octobre se présenteront de nouveau devant les électeurs le 26 octobre prochain.

Le 12 octobre, les Lituaniens étaient également appelés à se prononcer, par référendum, sur la poursuite du fonctionnement de la centrale nucléaire d'Ignalina. Ils devaient répondre à la question suivante : "Approuvez-vous le fait que la centrale d'Ignalina continue à fonctionner jusqu'à ce qu'une nouvelle centrale soit construite ?". Près de 9 électeurs sur 10 (88,67%) ont dit "oui" à la poursuite de l'activité de la centrale. Celle-ci, du même type (RBMK) que celle de Tchernobyl en Ukraine, produit 70% de l'électricité lituanienne. Cependant, la consultation populaire devrait être déclarée invalide puisque seulement 47,80% des électeurs se sont prononcés alors que la loi électorale impose une participation minimum de 50% + 1 pour valider un référendum. L'Union de la patrie-Conservateurs s'était opposée à ce vote. "J'ai toujours dit que c'était une erreur. Cela n'aidera certainement pas la Lituanie à prolonger la durée de vie d'Ignalina" a répété Andrius Kubilius après l'annonce des résultats.

Résultats du 1er tour des élections législatives du 12 octobre 2008 en Lituanie

Participation : 48,11%

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