Le chef de l’Etat sortant Zoran Milanovic a été largement réélu avec 74,68% des suffrages, résultat le plus important pour un chef de l’Etat depuis que le pays a recouvré son indépendance en 1991. « Non seulement Zoran Milanovic a conservé ses partisans mais il a gagné la confiance de nouveaux électeurs » a souligné Dragan Bagic, professeur de science politique de l’université de Zagreb. Il a sèchement battu l’indépendant Dragan Primorac, soutenu par l’Union démocratique (HDZ) du Premier ministre Andrej Plenkovic, le Mouvement patriotique (DP), le Parti croate des retraités (HSU), le Parti chrétien démocrate (HDS), le Parti social-libéral (HSLS), le Parti populaire/libéraux-démocrates (HNS-LD) et les Indépendants, qui a recueilli 25,32% des voix.
Zoran Milanovic, soutenu par le Parti social-démocrate (SDP), le Parti paysan (HSS), le Parti populaire-Réformistes (NS-R), la Plateforme indépendante du nord (NPS), le Bloc des retraités (BUZ), Dalija Oreskovic et les gens qui ont un prénom et un nom (DO i SIP), l’Alliance civique libérale (GLAS), l’Alliance démocratique de Medimurje (MDS) le Parti des retraités (SU) et le Parti du centre (Centar), avait échoué de justesse à remporter l’élection dès le premier tour de scrutin le 29 décembre dernier où il avait obtenu 49,09% des suffrages.
Zoran Milanovic a recueilli 90% des voix en Istrie, 87,10% à Medimurje et plus de 80% des suffrages dans trois autres comtés : Varazdin, Krapina-Zagorje et Primorje-Gorski Kotar. Il a enfin atteint 79,50% des voix à Zagreb. Dragan Primorac a recueilli plus de 40% des suffrages dans le comté de Lika-Senj et 30% ou plus dans ceux de Slavonie, Dalmatie, Sisak-Moslavina et Karlovac.
La participation s’est élevée à 44,18%, légèrement inférieure à celle enregistrée lors du premier tour de scrutin du 29 décembre 2024 ( -1,83 point).

Résultats de l’élection présidentielle des 29 décembre 2024 et 12 janvier 2025 en Croatie
Participation : 46,01% (1er tour) et 44,18% (2e tour)

Source : https://www.izbori.hr/pre2024/rezultati/1/ et https://www.izbori.hr/pre2024/rezultati/2/ 

« Croatie, merci ! Je vois cette victoire comme une reconnaissance de mon travail durant ces 5 dernières années et un message de plébiscite du peuple croate adressé à ceux qui devraient l’entendre. Je leur demande de l'entendre. C'est ce que les citoyens ont voulu exprimer il ne s'agit pas seulement d'un soutien à ma personne » a déclaré Zoran Milanovic à l’annonce des résultats.

Les Croates semblent satisfaits de la cohabitation qu’ils imposent à leurs dirigeants : un gouvernement de droite et un président de gauche. Les électeurs semblent avoir voulu faire contrepoids au pouvoir en maintenant au pouvoir Zoran Milanovic, opposant notoire du Premier ministre Andrej Plenkovic et homme politique le plus populaire du pays. Ce résultat constitue indéniablement un revers pour le chef du gouvernement. 

« Zoran Milanovic est une sorte d'omnivore politique (…) Il s'est créé l'image, en quelques années, de celui qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas » a Zarko Puhovski, philosophe et politologue. « Zoran Milanovic fait partie de ces personnes qui ont compris qu'avoir un discours antisystème était important et que cela pouvait mobiliser une base électorale plus large. Il a compris qu'être le candidat d'un parti social-démocrate n'est pas suffisant et qu'il faut être représenter une alternative au système » a souligné Romain Le Quiniou, directeur général d’Eurocreative, qui travaille sur l’Europe centrale et orientale. « Depuis une réforme constitutionnelle de juillet 2001, le président de la République, bien qu’il soit élu au suffrage universel depuis 1992, n’a en gros aucun pouvoir exécutif. Donc, il est relativement paralysé. Mais il a le ministère de la parole et il se le permet, notamment en politique extérieure » a déclaré Joseph Krulic, historien et politologue.
Zoran Milanovic a affirmé que l’Union européenne était une institution « non démocratique à bien des égards ». « Ce n'est pas l'Europe moderne dans laquelle je veux vivre et travailler » a-t-il déclaré, ajoutant « Je m'efforcerai de la changer autant que je le peux en tant que président d'une petite nation ».

Agé de 58 ans et originaire de Zagreb, Zoran Milanovic est diplômé de droit de l’université de Zagreb. Diplomate au ministère des Affaires étrangères pendant la guerre d'indépendance du pays dans les années 1990, il effectue diverses missions au sein de ce ministère mais aussi de l’ONU et de l’Union européenne. En 1999, il adhère au Parti social-démocrate (SDP) et en 2002, il devient vice-ministre des Affaires étrangères. Cinq années plus tard, il prend la tête du SDP et devient Premier ministre à l’issue des élections législatives du 4 décembre 2011, poste qu’il occupera jusqu’à sa défaite face à Andrej Plenkovic aux élections législatives du 11 septembre 2016. Zoran Milanovic se retire alors de la vie politique pour travailler en tant que consultant. Il se présente à l’élection présidentielle des 22 décembre 2019 et 5 janvier 2020 qu’il remporte face à la présidente sortante Kolinda Grabar-Kitarovic, soutenue par l’Union démocratique croate.
Zoran Milanovic est le troisième président à être réélu à la magistrature suprême, après Franjo Tudman (HDZ), considéré comme le père de l’indépendance croate, qui a occupé la tête de l’Etat entre 1990 et 1999, et Stjepan Mesic (HDZ), chef de l’Etat de 2000 à 2010.