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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Le Parti socialiste (PSOE) du Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero a remporté les élections législatives et sénatoriales qui se sont déroulées le 9 mars 2008 en Espagne. Le parti au pouvoir recueille 43,64% des suffrages (+ 0,34 point par rapport aux précédentes élections législatives du 14 mars 2004) et remporte 169 sièges (+ 5), contre 40,12% des voix (+ 1,82 point) et 153 sièges (+ 5 également) à son principal rival, le Parti populaire (PP) dirigé par Mariano Rajoy. Le Chef du gouvernement échoue cependant à obtenir la majorité absolue dont avaient bénéficié ses deux prédécesseurs, Felipe Gonzalez (PSOE) et José Maria Aznar (PP), lors de leur 2e mandat et devra, de nouveau, composer avec les "petits" partis pour la composition de sa majorité parlementaire.
Les deux principaux partis politiques renforcent leur hégémonie sur la scène politique espagnole en remportant à elles deux 83,76% des suffrages. Ce résultat s'est bien évidemment réalisé au détriment des "petits" partis. Ainsi, Gauche unie (Izquierda unida, IU), qui arrive en 3e position, recueille 3,80% des suffrages et remporte 3 sièges (- 5). Elle devance Convergencia i Union de Catalunya (CiU), alliance catalane emmenée par Artur Mas, qui obtient 3,05% des voix et 11 sièges (- 1), Esquerra republicana de Catalunya (ERC), parti catalan de gauche dirigé par Josep Lluis Carod-Rovira, qui recueille 1,20% des suffrages et 6 sièges (- 1), le Bloc nationaliste galicien (BNG), parti nationaliste dirigé par José Manuel Beiras, qui obtient 0,82% des voix et 2 sièges (- 3) et la Coalition des Canaries (CC), parti régionaliste qui recueille 0,64% des suffrages et 2 sièges (=).
La Gauche unie apparaît comme la grande perdante de ces élections. Son leader, Gaspar Llamazares, a reconnu le "mauvais résultat" de son parti et a déclaré qu'il assumait personnellement son échec. Il a en outre déploré le "tsunami bipartisan qui nous a emportés ainsi que d'autres forces politiques" qualifiant ce phénomène de "dangereux pour la représentation des idées et injuste en raison du système électoral basé sur les provinces, qui pénalise particulièrement Gauche unie".
La participation a été élevée, atteignant 75,32%, soit un résultat quasi équivalent à celui enregistré lors des précédentes élections législatives du 14 mars 2004.
"La journée électorale a compté une participation élevée qui est un motif de réjouissance pour tous. Les Espagnols ont donné une nette victoire au Parti socialiste ouvrier. Ils ont parlé avec clarté et ont décidé d'ouvrir une nouvelle ère sans crispation, qui exclut la confrontation et consacrée à corriger les erreurs faites au cours de ces quatre dernières années et nous encourage à poursuivre sur les chemins du succès" a déclaré le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero à l'annonce des premiers résultats. "Je gouvernerai d'une main ferme et la main tendue" a-t-il souligné, émettant le désir d'être "à la tête d'une Espagne unie et diverse, libre et tolérante, en pensant à tous mais avant tout à ceux qui n'ont pas tout".
"Nous pouvons affirmer clairement que le Parti socialiste ouvrier a gagné les élections législatives et sénatoriales. C'est une grande victoire, une victoire de tous les citoyens, qui suppose le rejet de la stratégie politique de crispation et de manque de loyauté, et le premier vainqueur a été la démocratie" a déclaré le porte-parole du PSOE, José Blanco, à l'annonce des premiers résultats, faisant allusion à l'assassinat le 7 mars dernier, soit 2 jours avant le vote, d'Isaias Carrasco, 43 ans, ancien conseiller municipal socialiste de Mondragon, ville située au Pays basque, dans un attentat attribué à l'organisation indépendantiste terroriste basque, ETA. Cet assassinat avait suscité une réprobation de l'ensemble de la classe politique qui avait mis fin prématurément à la campagne électorale. L'Action nationaliste basque (ANV), parti qui dirige actuellement Mondragon, avait refusé de condamner l'assassinat et Batasuna (Unité en basque, coalition nationaliste d'idéologie marxiste-léniniste), considérée comme la vitrine politique d'ETA, avait appelé ses sympathisants à boycotter les élections.
"Que ceux qui veulent se solidariser avec mon père et notre douleur aillent massivement voter dimanche pour dire aux assassins que nous allons les vaincre" avait indiqué la fille aînée d'Isaias Carrasco, Sandra, juste avant les obsèques de son père qui se sont déroulées la veille des élections. Le Premier ministre avait appelé les Espagnols à se mobiliser pour ce scrutin de façon à donner une leçon à l ETA. "J'espère que ce sera une journée de forte participation, une journée démocratique pour un pays exemplaire. La démocratie est renforcée si tous les citoyens vont voter" avait t-il souligné en se rendant aux urnes.
"Je veux féliciter le Parti socialiste ouvrier si les chiffres se confirment" a déclaré le directeur de campagne du Parti populaire, Pio Garcia Escudero, après l'annonce des résultats. "Mais c'est un bon résultat pour le Parti populaire, avec une augmentation considérable de ses suffrages par rapport à 2004, tout comme du nombre de sièges. Cela nous donne une énorme satisfaction" a-t-il ajouté. Mariano Rajoy a mis l'accent sur la progression enregistrée par le PP. "Nous sommes le parti qui a le plus progressé en Espagne, en voix et en sièges" a-t-il déclaré à l'issue du scrutin et après avoir appelé José Luis Rodriguez Zapatero pour lui souhaiter "bonne chance pour le bien de l'Espagne".
Mariano Rajoy enregistre donc sa 2e défaite aux élections après le précédent du 14 mars 2004. Le Parti populaire pourra difficilement, dans les mois qui viennent, faire l'économie d'une réflexion sur ce nouveau revers tout comme sur le type d'opposition qu'il envisage de mener au cours de la législature à venir et, enfin, sur l'avenir de son actuel leader à sa tête.
Agé de 47 ans, José Luis Rodriguez Zapatero est juriste de formation. Il explique son engagement en politique par l'histoire de sa famille, et notamment par celle de son grand-père, républicain exécuté par les franquistes durant la Guerre d'Espagne. "Mon père nous a lu, à mon frère et à moi, le testament de notre grand-père, le capitaine Lozano, qui écrivait quelques heures avant d'être abattu, en 1936 : ''Je meurs innocent et je pardonne''. C'est à ce moment précis que ma biographie commence" a-t-il l'habitude d'indiquer.
En 1986, José Luis Rodriguez Zapatero devient, à 26 ans, le plus jeune député espagnol de l'histoire. Il sera régulièrement réélu jusqu'en 2000. Le 23 juillet 2000, il devient secrétaire général du PSOE, succédant à Joaquin Almunia. Alors que le parti est donné battu par les enquêtes d'opinion aux élections du 14 mars 2004, il remporte le scrutin endeuillé par les attentats terroristes perpétrés par l'organisation terroriste Al Qaida le 11 mars 2004 à la gare d'Atocha (Madrid) qui font 191 morts et des centaines de blessés.
"Au début, ce n'était pas un leader fort. Sa capacité à diriger était remise en question jusqu'au sein du parti" a indiqué le député socialiste Antonio Hernando, ajoutant "son surnom d'alors, Bambi, en dit long sur ce que pensaient ses détracteurs. Et puis, on a commencé à le comparer au Roi Lion. Certes, c'était toujours un personnage de dessin animé mais José Luis Rodriguez Zapatero a fini par gagner le PSOE à sa cause". "Son style de direction, ce n'est pas de donner des ordres mais de rechercher le consensus. Mais derrière ce visage souriant, il y a beaucoup de détermination" analyse Juan Luis Paniagua, professeur de science politique à l'université Complutense de Madrid.
Souvent comparé à son ancien homologue britannique Tony Blair dont il possède la jeunesse et le pragmatisme, le Premier ministre est, au sein du PSOE, un représentant du courant Nueva via (Nouvelle voie).
Ce succès du PSOE est vraiment celui du Premier ministre tant la campagne électorale a été centrée sur sa personne. Par ailleurs, cette victoire, contrairement à la précédente, ne peut cette fois être contestée ou délégitimée par l'opposition. Durant ce 2e mandat, José Luis Rodriguez Zapatero devrait continuer à moderniser l'Espagne comme il l'a beaucoup fait durant ses 4 années à la Moncloa (siège du gouvernement espagnol). Deux grands chantiers s'ouvrent devant lui : gérer au mieux le ralentissement économique que connaît le pays et, enfin, trouver les moyens de faire vivre ensemble et en paix 45 millions d'Espagnols, notamment en solutionnant le problème du terrorisme basque d'ETA.
Résultats des élections législatives et sénatoriales du 9 mars 2008 en Espagne
Participation : 75,32%
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