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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Le 19 janvier dernier, le Premier ministre Guy Verhofstadt (Libéraux et démocrates flamands, VLD) a annoncé que les élections parlementaires auraient lieu le 10 juin prochain. 7 721 322 électeurs belges, soit 160 000 de plus qu'il y a quatre ans, renouvelleront les deux Chambres du Parlement, soit les 71 membres du Sénat et les 150 de la Chambre des représentants.
Aurian Bourguignon, président de la Fédération des étudiants francophones (FEF), a déploré le fait que le scrutin soit organisé au moment des examens universitaires, expliquant qu'il était difficile pour un étudiant d'être candidat s'il devait au moment des élections législatives se présenter à une session d'examen.
Le Parlement a été dissous par arrêté royal le 2 mai dernier. Les candidatures doivent impérativement être déposées avant le 13 mai.
Le système politique belge
Il a été fondé sur la « pilarisation » : les formations politiques se sont développées à partir de clivages internes à la société, le clivage religieux (Eglise/Etat) en premier lieu, puis le clivage régional (Wallons/Flamands) et, enfin, le clivage social (travail/capital, ouvriers/patrons). Les partis politiques, nés de ces clivages, constituaient de véritables entités au sein du royaume, chacun gérant une multitude d'organisations (écoles, compagnies d'assurance, etc.) prenant en charge les membres de ce parti et leurs familles quasiment de la naissance à la mort. En échange de leur loyauté politique, les membres de ces différentes organisations obtenaient des emplois, des logements ou divers autres avantages sociaux. De leur côté, les leaders des différentes formations politiques se répartissaient, de façon équitable, les postes à pourvoir au sein des administrations publiques. « Autant en France, la ligne de fracture entre les deux courants est socioéconomique, autant en Belgique, il faut parler d'un croisement de plusieurs lignes de fracture » selon Pascal Delwit, politologue à l'université libre de Bruxelles.
Ce système a parfaitement fonctionné durant des décennies avant de se gripper à la fin des années 1970. Dans les années 1980, deux nouvelles forces politiques sont apparues : les écologistes (Ecolo et Agalev) et les nationalistes d'extrême droite (Volksunie, Vlaams Blok devenu Vlaams Belang, Front démocratique des francophones bruxellois, Rassemblement wallon et Front national). Ces nouveaux partis ont connu un succès grandissant. Les partis socialiste et démocrate-chrétien qui ont regroupé, pendant longtemps, la majorité du corps électoral, ne rassemblent plus désormais qu'un tiers des Belges.
Le royaume de Belgique a été fondé en 1830 à partir de la fusion des anciens Pays-Bas autrichiens et de la principauté de Liège. A l'époque, si la majorité des habitants parlent le néerlandais, la noblesse et la bourgeoisie s'expriment en français. Les néerlandophones sont majoritairement protestants (calvinistes) et les francophones catholiques. La prépondérance francophone sur l'ensemble du pays durera plus d'un siècle avant que la Wallonie ne commence à décliner au moment où la Flandre entame son décollage dans les années 1960. Les tensions entre les communautés déboucheront sur plusieurs réformes constitutionnelles (1970, 1980, 1988-1989, 1993 et 2001) qui, au cours des années, ont transformé la Belgique en un Etat fédéral complexe. En effet, le pays compte trois régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles-capitale) et trois communautés linguistiques (francophone, néerlandophone et germanophone) qui ne peuvent se superposer les unes aux autres. Ainsi, la communauté flamande regroupe les néerlandophones de Flandre et de Bruxelles, la communauté wallonne, les francophones de Wallonie et de Bruxelles et la communauté germanophone, les Belges de langue allemande vivant à la frontière avec l'Allemagne, soit environ 70 000 personnes.
Dès la fin des années 1960, l'Etat a mis en place des structures administratives chargées de l'éducation et de la culture. Les compétences des communautés se sont ensuite élargies : outre l'éducation et la culture, les régions gèrent la politique sociale, le logement, l'environnement, l'aménagement du territoire et, avec quelques exceptions, l'emploi et l'économie. En 1993, l'article 1er de la Loi fondamentale stipule que la Belgique cesse d'être un Etat unitaire. De nouvelles compétences fédérales sont transférées aux régions (commerce extérieur, agriculture) et les Parlements des régions deviennent des institutions élues au suffrage universel direct. Enfin, la réforme de 2001 confère une autonomie fiscale aux régions.
Conséquence de ces évolutions, la Belgique ne possède plus de formations politiques nationales. La scène politique est composée, en Wallonie, de partis francophones, en Flandre, de partis néerlandophones, les formations francophone et néerlandophone ne se mêlant plus que dans la région de Bruxelles-capitale. Les résultats électoraux ne sont donc jamais, en Belgique, calculés au niveau national, mais toujours au niveau régional. La communauté germanophone demande la création d'une nouvelle région sur le modèle de la région de Bruxelles-capitale et, arguant du fait qu'elle est la seule communauté de Belgique à ne pas posséder d'autonomie constitutive, revendique l'obtention d'une garantie de représentation d'au moins deux députés au Parlement fédéral.
Le Parlement est bicaméral. La Chambre des représentants compte 150 députés ; le Sénat comprend 71 membres, dont 40 élus au suffrage universel direct au sein de trois circonscriptions : Flandre, Wallonie et Bruxelles-Hal-Vilvorde (25 par le collège néerlandophone et 15 par le collège francophone), 21 élus par les Parlements des communautés (Conseil flamand et Conseil de la communauté française) et 10 nommés par cooptation. Le Sénat compte également des sénateurs de droit : les enfants du Roi âgés d'au moins 18 ans et ayant prêté serment en qualité de sénateur. La dissolution de la Chambre des représentants entraîne automatiquement celle du Sénat, les Belges voteront donc le 10 juin prochain pour renouveler les deux Chambres du Parlement.
Les élections législatives ont lieu tous les 4 ans selon un système de représentation proportionnelle intégrale à la plus forte moyenne (méthode d'Hondt) au sein de 11 arrondissements électoraux. Les électeurs peuvent voter en faveur de l'ensemble des membres d'une liste, pour un ou plusieurs candidats effectifs d'une liste, pour un ou plusieurs candidats suppléants d'une liste ou encore en faveur de candidats effectifs et de suppléants.
Pour pouvoir se présenter aux suffrages des électeurs, toute formation politique doit récolter 500 signatures par arrondissement pour la Chambre des représentants et 5 000 pour le Sénat tandis que la signature de deux parlementaires suffit pour les « grands » partis.
Chaque formation politique doit recueillir un minimum de 5% des suffrages dans un arrondissement électoral pour obtenir un siège au Parlement. Depuis 2002, chaque parti se doit de présenter des listes comptant, au candidat près, autant de femmes que d'hommes. En outre, les deux premiers candidats de chacune des listes ne peuvent être du même sexe. Depuis cette année, il est interdit de se présenter à la fois à la Chambre des représentants et au Sénat. Le traitement médiatique des « petits » partis est également un sujet de polémique au sein du royaume, les passages sur les chaînes de télévision étant proportionnels aux résultats obtenus par les formations lors des dernières élections. « Si on nous donnait davantage le droit à la parole, les votes alternatifs ne seraient plus seulement des votes pour le Front national. Mais finalement, le vote Front national est bien utile pour le Parti socialiste. Car avec un Front national au parlement, et évidemment infréquentable, il n'existe pas de majorité sans les socialistes. On ne peut donc pas avoir d'alternance en Wallonie » affirme Paul-Henry Gendebien, président du Rassemblement Wallonie-France (RWF) qui prône un rattachement de la Wallonie à la France.
Le vote est obligatoire en Belgique, les abstentionnistes encourant une réprimande (lorsqu'ils s'abstiennent pour la première fois) ou une amende de 27,5 à 55 euro infligée par le juge de police. Celle-ci peut atteindre jusqu'à 137,5 euro en cas de récidive.
10 formations politiques sont représentées à la Chambre des représentants :
- les Libéraux et démocrates flamands (VLD), devenus récemment Open VLD, formation du Premier ministre Guy Verhofstadt, possèdent 25 sièges;
- le Mouvement réformateur (MR), né en 2002 de la fusion du Parti réformateur libéral (PRL) avec le Mouvement des citoyens pour le changement et le Parti libéral germanophone. Dirigé par Didier Reynders, vice-premier ministre et ministre des finances, il compte 25 députés ;
- le Parti socialiste (PS), formation social-démocrate wallonne dirigée par le ministre président de Wallonie, Elio di Rupo, possède 25 sièges ;
- le Parti socialiste-Spirit (SP.A-Spirit), formation social-démocrate flamande alliée à Spirit, parti régionaliste modéré dirigé par Geert Lambert et issu de la dissolution le 19 septembre 2001 de la Volksunie, parti régionaliste flamand. Dirigé par le ministre du Budget, des Équipements communautaires et de la mer du Nord, Johan Vande Lanotte, il possède 23 sièges ;
- le Parti démocrate-chrétien flamand (CD&V), ex-Parti populaire chrétien (CVP), formation créée en 1945 et située au centre sur l'échiquier politique. Dirigé par le ministre-président de Flandre, Yves Leterme, il compte 21 députés ;
- le Vlaams Belang (VB), ex-Vlaams Blok, formation flamande d'extrême droite créée en 1978 par Karel Dillen de la fusion du Parti populaire flamand (VVP) de Lode Claes et du Parti national flamand (VNP) de Karel Dillen et actuellement présidé par Frank Vanhecke. Il compte 18 députés ;
- le Centre démocrate humaniste (CDH), ancien Parti social-chrétien (PSC) dirigé par Joëlle Milquet, compte 7 députés ;
- Ecolo (Ecologistes confédérés pour l'organisation de luttes originales), formation écologiste wallonne créée en 1980, possède 4 sièges ;
- le Front national (FN), formation wallonne d'extrême droite créée en 1985 par Daniel Féret, possède 1 siège ;
- La Nouvelle alliance flamande (N-VA), parti nationaliste issu de la dissolution le 19 septembre 2001 de la Volksunie, parti régionaliste flamand, compte 1 député.
Les enjeux du scrutin
Les questions institutionnelles, qui dominent depuis des mois la scène politique, figurent au cœur du débat électoral. Le 13 décembre dernier, la diffusion dans un faux journal télévisé de la chaîne de télévision RTBF du documentaire-fiction réalisé par le journaliste Philippe Dutilleul et annonçant l'éclatement de la Belgique et la sécession de la Flandre avait créé un grand émoi au sein de la population. « Il y a en Flandre une élite indépendantiste, c'est indéniable. Mais l'opinion publique s'en fout. Même chez les électeurs du Vlaams Belang, la motivation séparatiste reste marginale ; c'est avant tout à son discours sécuritaire que l'extrême droite doit son succès. Les sondages réalisés de part et d'autre de la frontière linguistique montrent que la grande majorité des Flamands et des Wallons préfèrent continuer à vivre sous le même toit » déclare Marc Swyngedouw, professeur de science politique à l'université de Louvain.
« Ni séparatisme ni immobilisme » énonce le Premier ministre Guy Verhofstadt qui estime qu'une nouvelle réforme de l'Etat est « souhaitable et indispensable ». En janvier dernier, le Premier ministre déclarait, dans un entretien au quotidien Le Soir, qu'il ne s'agissait pas seulement d'accorder une plus grande autonomie aux régions et aux communautés mais qu'il fallait « renforcer la coopération entre ces différentes entités (...) Il ne faut pas se contenter d'identifier les éléments qui alimentent la scission. Il faut aussi débattre des éléments susceptibles de renforcer la Fédération ». Guy Verhofstadt se déclare en faveur de la création d'un Sénat paritaire représentant les régions et les communautés, de l'élection d'une partie des députés sur la base d'une circonscription nationale et d'un compromis honorable pour Bruxelles-Hal-Vilvorde garantissant les droits des francophones et des néerlandophones.
La question de l'arrondissement électoral bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde, qui regroupe 19 communes de la région de Bruxelles ainsi que des communes flamandes peuplées de francophones, est au cœur du débat politique depuis deux ans. Les partis néerlandophones demandent la scission de l'arrondissement en deux entités (Bruxelles et Hal-Vilvorde), une option rejetée par les francophones qui menacent de demander le rattachement de Rhode-Saint-Genèse à la région de Bruxelles-capitale. La frontière linguistique tracée dans les années 1960 passant entre la Flandre néerlandophone et la Wallonie francophone fait de Bruxelles une entité majoritairement francophone en territoire flamand.
Si les Libéraux et démocrates mettent en avant les questions socioéconomiques, le Parti démocrate-chrétien flamand est en pointe sur la réforme de l'Etat. Il demande un nouveau partage des pouvoirs et exige que de nouvelles compétences soient régionalisées : la santé, la famille, l'emploi, la fiscalité (tant pour les particuliers que pour les sociétés), la justice et la sécurité. Son leader, Yves Leterme, très critique envers le pouvoir fédéral, insiste surtout sur le versant économique. Il demande une révision de la Constitution pour transformer la Belgique en un Etat confédéral qui fonctionnerait autour des deux centres de gravité - la Flandre et la Wallonie - et dans lequel la communauté germanophone serait dotée d'un statut spécifique. Du côté des autres formations néerlandophones, le Parti socialiste est favorable à une régionalisation de la politique de l'emploi.
Les partis francophones ont d'abord essayé de s'unir pour lutter contre les revendications autonomistes des néerlandophones, mais le Centre démocrate humaniste a fait échouer cette tentative en s'opposant à toute réforme institutionnelle et à toute modification de la Constitution. « Pourquoi une nouvelle réforme de l'Etat ? Pourquoi ne pas laisser la Belgique tranquille ? » s'interroge sa présidente, Joëlle Milquet, qui a refusé d'apporter son soutien à la nomination d'un Premier ministre francophone. Le leader du Parti socialiste, Elio di Rupo, se pose en défenseur des francophones et en garant de la stabilité du pays.
Enfin, les néerlandophones veulent remettre en question certains des pouvoirs du Roi quand les francophones voient dans l'institution monarchique un facteur d'unité nationale qu'il faut préserver. En Belgique, le Roi est le Chef de l'Etat mais ne peut agir seul. Tous ses actes doivent être avalisés par la signature d'un ministre, l'article 101 de la Constitution stipulant que les ministres sont responsables de leurs actes et de ceux du Roi. Ce dernier a donc une fonction essentiellement symbolique. La monarchie a récemment été mise à mal par la comparution, le 9 janvier dernier, du prince Laurent, fils cadet d'Albert II, devant le tribunal correctionnel de Hasselt, une première dans l'histoire du royaume. Cité comme témoin, le prince est accusé d'avoir sciemment bénéficié d'une partie des 2,2 millions d'euro de fonds publics de la Marine, arme dans laquelle il a fait son service militaire, et détournés à la fin des années 1990 par des militaires et des entrepreneurs. A l'occasion de ce procès, la question des moyens financiers alloués par l'Etat à la maison royale (12,5 millions d'euro par an) et celle de la réduction des pouvoirs du Roi se sont retrouvées au cœur du débat politique. Une étude menée en 2003 révélait que 45,3% des néerlandophones estimaient que la monarchie était nécessaire. Ils étaient 62% à partager cette opinion en 1990.
Preuve de la crise que traverse la Belgique : en mars 2006, le Roi avait déclaré dans un discours que « la solution ne passe ni par un repli sur soi de chaque région ni dans le développement de sous-nationalismes ni dans un séparatisme explicite ou feutré », des propos politiques inhabituels dans la bouche d'un souverain. « Ce n'est pas la première fois qu'un Roi sort de sa réserve. En 1961, Baudoin avait prononcé une allocution dans laquelle il avait vivement critiqué le relativisme et multiplié les références aux valeurs chrétiennes. Mais ce genre d'intervention reste exceptionnel » souligne le politologue Xavier Mabille.
Etat des lieux des différentes forces politiques à la veille du scrutin
LIBERAUX ET DEMOCRATES (OPEN VLD)
Au pouvoir depuis 1999, le Premier ministre Guy Verhofstadt est candidat à un troisième mandat. Sa formation a, depuis les dernières élections législatives du 18 mai 2003, connu trois revers électoraux majeurs. Tout d'abord, aux élections régionales du 13 juin 2004 où ils ont perdu près de quatre points par rapport au précédent scrutin de 1999 et près de six points par rapport aux législatives de 2003 ; puis aux élections européennes qui se sont déroulées le même jour où avec 13,56% des suffrages, la formation n'arrive que troisième parmi le collège néerlandophone. Enfin, le 8 octobre 2006, à l'occasion des élections municipales, le parti a enregistré un recul en recueillant 19% des suffrages, devancée en Flandre par le Parti démocrate-chrétien flamand qui a obtenu 31% des voix.
En 2004, Guy Verhofstadt a rêvé de présider la Commission européenne. Il n'avait pas hésité alors à présenter le nom de son successeur à la tête du gouvernement : Patrick Dewael, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur. Ce geste maladroit fût refusé par ses partenaires de la coalition gouvernementale qui n'appréciaient guère que le VLD s'approprie le poste de Premier ministre. Le problème fût résolu lorsque l'Union européenne préféra José Manuel Barroso à Guy Verhofstadt. L'image du parti s'était déjà dégradée au début de l'année 2004 lorsque le président de la formation, Karel de Gucht, avait démissionné de son poste à la suite d'un conflit l'opposant au Premier ministre au sujet d'une proposition accordant le droit de vote aux étrangers aux élections municipales.
Le Premier ministre, qui a transformé son parti en Open VLD, peut cependant afficher un bilan socioéconomique assez satisfaisant. En 2006, le pays a connu une croissance de 2,7%, supérieure à la moyenne enregistrée dans l'Union européenne. La Belgique connaît également un surplus budgétaire (+ 0,3% du PIB) et le taux de chômage est en baisse, même s'il reste très important en Wallonie (11,3% de la population active selon les chiffres du Bureau international du travail, BIT). Au fil des années, le fossé s'est creusé entre Guy Verhofstadt, libéral, et la Flandre, région plus conservatrice sur les questions de société. Ainsi, les réformes qu'il a introduites sur des sujets comme l'avortement, l'euthanasie, le mariage des homosexuels et l'adoption d'enfants par des couples du même sexe, le divorce ou le droit de vote des étrangers aux élections locales ont parfois été mal comprises par certains habitants.
Guy Verhofstadt conduira la liste que l'Open VLD présente pour le Sénat. Plusieurs ministres ont été désignés comme têtes de listes pour les élections législatives : le vice-Premier Ministre et ministre de l'Intérieur, Patrick Dewael, dans le Limbourg, le ministre des Affaires étrangères, Karel de Gucht, en Flandre orientale et le secrétaire d'Etat à la Simplification administrative, Vincent van Quickenborne, en Flandre occidentale.
En appelant à la formation d'une large coalition gouvernementale rassemblant son parti, les socialistes et les chrétiens-démocrates, le Premier ministre tente d'assurer le maintien des Libéraux et démocrates flamands dans le prochain gouvernement. Le programme de la formation est centré sur la création de 200 000 nouveaux emplois, la poursuite de la baisse des impôts et l'élection du Premier ministre par le peuple.
PARTI SOCIALISTE-SPIRIT (SP. A)
Le Parti socialiste néerlandophone et Spirit se présentent unis aux élections du 10 juin. Plusieurs ministres figurent en tête de liste. La liste pour l'élection des sénateurs sera conduite par Johan Vande Lanotte (SP.A) par ailleurs candidat au poste de Premier ministre.
Les deux formations ont présenté leur programme électoral le 5 mai dernier et leur slogan pour cette campagne : « Ja » (Oui). Elles ont mis en avant six thèmes principaux déclinés en six phrases : Moins d'armes et davantage de coopération au développement ; tous les enfants sont beaux (intégration des enfants de demandeurs d'asile, Spirit est également favorable à une régularisation des sans-papiers tandis que le Parti socialiste a une position plus ferme sur cette question) ; tout fonctionne mieux si tout le monde a du travail (les partis demandent une flexicurité mais également des allocations chômage plus élevés pour ceux qui restent exclus du monde du travail) ; la prochaine étape en matière d'énergie nucléaire, c'est d'en sortir ; la diversité et, enfin, la lutte contre la pauvreté.
LE PARTI DEMOCRATE-CHRETIEN-NOUVELLE ALLIANCE FLAMANDE (CDV-NVA)
Son président, Yves Leterme, a déclaré, le 6 mai dernier, qu'il conduirait la tête de liste du Parti démocrate-chrétien flamand pour les élections sénatoriales. Il avait pourtant annoncé, lorsqu'il était devenu ministre-président de Flandre en 2004, qu'il ne resterait que cinq ans au pouvoir. « L'électeur jugera s'il s'agit d'un reniement. L'électeur jugera ce que nous avons réalisé au gouvernement flamand. S'il me donne mandat de peser avec force sur les négociations, je prendrai mes responsabilités » a-t-il déclaré dans un entretien au journal Nieuwsblad op Zondag. Le ministre-président a donc mis fin au suspense concernant sa candidature un mois avant les élections. Il déclare encore ne pas être intéressé par la fonction de Premier ministre mais personne ne le croit. La tâche risque cependant d'être difficile pour un homme qui, pour s'établir au 16 rue la Loi (résidence du Premier ministre), devra parvenir à s'allier des formations francophones qui lui sont très opposées. Pour ce faire, Yves Leterme dispose d'une faible marge de manœuvre, étant tenu par l'alliance de son parti avec la très nationaliste Nouvelle alliance flamande.
Il n'hésite jamais à pointer les difficultés de la Wallonie. « Savez-vous que Mons est la capitale belge du chômage avec 26% ? » demandait-il le 21 mars dernier dans un entretien au quotidien La Libre Belgique ? « L'économie wallonne ne va pas bien ; ça, c'est une réalité. Et je veux l'aider à s'en sortir » est-il capable de dire tout en affirmant par exemple que « les francophones ne sont pas en état intellectuel d'apprendre le néerlandais ». Présentant le programme de son parti, il a indiqué : « Nous voulons davantage de sécurité d'existence contre la pauvreté, pour l'harmonie travail-famille. Davantage de sécurité judiciaire, de sécurité routière. Plus de justice et une lutte résolue contre la fraude fiscale. Pour toutes les facettes de ce programme, la Flandre doit obtenir davantage de compétences ».
LE PARTI SOCIALISTE (PS)
Le Parti socialiste est la première formation de Wallonie. Il est arrivé très largement en tête des élections régionales du 13 juin 2004 (36,91% des suffrages, soit 7,4 points de plus que lors du précédent scrutin de 1999). Aux élections municipales du 8 octobre 2006, il a remporté les villes de Namur, Mons et Charleroi (où il a obtenu 40% des voix) et également amélioré son résultat à Bruxelles. Son leader Elio Di Rupo a beaucoup travaillé à moraliser le fonctionnement d'un parti qui avait été ébranlé par l'assassinat le 18 juillet 1991, dans des circonstances toujours obscures, d'un de ses anciens présidents, le bourgmestre de Flémalle et ministre wallon des Pouvoirs locaux et Travaux subsidiés, André Cools, et dont de nombreux leaders avaient été condamnés pour des pratiques frauduleuses dans plusieurs grandes villes (Charleroi, Namur, Fontaine l'Evêque, etc.).
Candidat au poste de Premier ministre (il serait alors le premier Chef du gouvernement francophone depuis 35 ans), Elio Di Rupo sera tête de liste pour les législatives dans le Hainaut. Laurette Onkelinx, vice-Premier ministre et ministre de la Justice, conduira la liste dans l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Anne-Marie Lizin sera tête de liste pour le Sénat. Philippe Moureaux, bourgmestre de Molenbeek, qui avait annoncé son retrait de la vie politique nationale, a cependant été convaincu de rempiler pour cette nouvelle bataille. Cet habile négociateur et débatteur sera n°2 sur la liste conduite par Anne-Marie Lizin. Cette dernière a déclaré le 1er mai dernier que pour les socialistes, l'enjeu de ces élections parlementaires était de permettre l'accession d'un socialiste à la tête du gouvernement fédéral : « Je sens qu'il est possible cette fois d'atteindre un objectif qui ne l'a plus été depuis Edmond Leburton (1973-1974) : nous voulons un Premier ministre socialiste wallon ». Le Parti socialiste accueillera sur ses listes plusieurs personnalités issues de la société civile et notamment François Martou, président du mouvement ouvrier chrétien durant vingt ans, Henri Simons, ancien membre d'Ecolo, et José Damilot, ancien leader de la section des cheminots de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB).
La formation a présenté son programme électoral le 21 avril dernier. Celui-ci contient plusieurs mesures sociales comme l'augmentation de toutes les retraites de 12%, la suppression de la cotisation de solidarité que paient les retraités, la hausse de la retraite minimum à 1000 euro pour les personnes seules et à 1200 euro pour les ménages, la régulation des loyers excessifs et une revalorisation progressive des allocations familiales. En outre, le Parti socialiste se bat pour un accompagnement renforcé et individualisé des jeunes en recherche d'emploi et prévoit une diminution des charges sociales durant deux ans pour un employeur embauchant un jeune chômeur. Elio Di Rupo souhaite mettre en place une écologie sociale. « L'écologie sociale, c'est l'écologie qui réduit les inégalités plus qu'elle ne les creuse » a-t-il indiqué. « Si on taxe en fonction de la production de CO2, quelqu'un qui a des revenus modestes et qui habite dans une maison ancienne mal isolée payera beaucoup plus cher qu'un habitant, doté de revenus très confortable et d'une villa. Même chose avec les véhicules. Les plus anciens, ceux des défavorisés, sont ceux qui polluent le plus » a-t-il démontré. Concernant les institutions, il aimerait voir le Sénat transformé en une assemblée paritaire composée de représentants des entités fédérées.
Yves Leterme, ministre-président de Flandre, et Elio Di Rupo, ministre-président de Wallonie, se sont retrouvés sur les plateaux des chaînes de télévision RTL-TVi et VTM le 25 avril dernier, pour un débat. Si tout sépare les deux hommes qui sont aussi populaires dans leur propre région qu'ils sont jugés dangereux dans celle de l'autre, ils ont cependant reconnu à la fin du débat que des échanges étaient possibles entre eux. « Nous avons beaucoup de choses en commun » a déclaré Yves Leterme.
LE CENTRE DEMOCRATE HUMANISTE (CDH)
Le Centre démocrate humaniste a également fait appel à la société civile. Le parti accueille sur ses listes la présentatrice du journal télévisé de la RTBF, Anne Delvaux. La très populaire journaliste déclare avoir « fait un vrai choix après treize ans. C'est un choix très posé. Le Sénat m'a toujours beaucoup intéressé pour la réflexion de très haut niveau que l'on peut y mener. Les idées du Centre démocrate humaniste sont celles dont je me sens le plus proche. Ce parti met l'humain au centre de ses préoccupations, ce qui me correspond parfaitement ». Anne Delvaux sera 2e sur la liste pour le Sénat derrière le professeur de droit constitutionnel à l'université catholique de Louvain, Francis Delpérée qui a déclaré qu'il se battrait « pour une Belgique fédérale dans une Europe fédérale ». « Le débauchage de journalistes télévisés par des partis politiques peut aider à bâtir la crédibilité d'une liste d'un parti politique à un moment précis, singulièrement au moment d'une élection : si vous parvenez à attirer quelqu'un de connu dans l'audiovisuel, c'est un élément positif. C'est aussi un aveu de faiblesse des partis politiques : cela démontre une incapacité des partis politiques à présenter une liste électorale concoctée avec des personnes issues du parti en lui-même » analyse Pascal Delwit, politologue à l'université libre de Bruxelles.
Le Centre démocrate humaniste, qui souhaite « parler des Belges et non de la forme de leur Etat, fédérer et non seulement diviser », se fixe trois objectifs : parler autrement, être autrement et faire autrement. Son programme comprend l'éducation, la formation et l'emploi, le respect, la famille, l'environnement et la gouvernance publique. Sa présidente, Joëlle Milquet, conduit la liste pour la Chambre des représentants dans l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Le parti a choisi « C'est l'heure » comme slogan de campagne.
LE MOUVEMENT REFORMATEUR (MR)
« Ensemble, le meilleur est Avenir » sera le slogan du Mouvement réformateur pour les élections du 10 juin. Le président de la formation, Didier Reynders, qui conduira la liste pour la Chambre des représentants dans l'arrondissement de Liège, a clairement défini l'objectif de son parti : « Faire basculer le centre de gravité politique en Wallonie et à Bruxelles », c'est-à-dire battre le Parti socialiste. « Le vote du 10 juin sera un vote sanction en réaction à ce qui s'est passé en Wallonie. Le Parti socialiste nous dit sans arrêt qu'il va se rénover mais cela fait quinze ans qu'il nous dit cela » affirme t-il.
La liste du Mouvement réformateur pour la Chambre des représentants sera conduite par le ministre de la Coopération au développement et ancien président du Sénat, Armand De Decker. « Je soutiens que le plus mauvais service qu'on pourrait rendre à la Belgique serait d'avoir Elio Di Rupo comme Premier ministre. Les socialistes, il faut les réduire » a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien Le Soir le 5 mai dernier. Interrogé le 1er mai sur l'accession d'Elio Di Rupo au poste de Chef du gouvernement fédéral, Charles Michel, porte-parole du Mouvement réformateur et tête de liste pour les législatives dans l'arrondissement du Brabant wallon, a affirmé, se tournant vers les membres des Libéraux et démocrates flamands : « C'est pour nous onaanvaardbaar » ( Traduction : la chose n'est pas discutable).
La ministre des Classes moyennes, Sabine Laruelle, conduira la liste dans l'arrondissement de Namur. Louis Michel sera tête de liste pour le Sénat. L'ancien ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre (1999-2004) a sollicité de la Commission européenne un congé d'un mois à partir du 12 mai prochain pour les élections belges, une demande diversement appréciée à Bruxelles. Louis Michel a déclaré vouloir « marquer clairement le principe qu'en devenant commissaire, on conserve sa liberté d'opinion politique » et que « la Commission européenne n'est pas un secrétariat administratif constitué de personnes politiquement asexuées ». En 2004, Romano Prodi, alors Président de la Commission européenne, avait pris un congé pour les élections européennes du 13 juin dans son pays.
Comme le Centre démocrate humaniste, le Mouvement réformateur possède sa candidate issue des médias : Florence Reuter, présentatrice du journal télévisé de RTL-TVi, occupe la 4e place sur la liste pour la Chambre des représentants dans l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. La journaliste française mais née en Belgique et mariée à un Belge vient d'acquérir la nationalité belge, elle ne sera cependant pas autorisée à voter pour ces élections, s'étant déclarée trop tard auprès des autorités communales de Waterloo où les listes d'électeurs ont été clôturées le 5 avril dernier. Le Mouvement réformateur tente également d'approcher Ecolo avec qui il pourrait envisager de former une coalition arc-en-ciel. « Avec Ecolo, tout est possible, a déclaré Didier Reynders, je souhaite seulement être le centre de gravité ». « Je regrette d'avoir parfois été un opposant aveuglé d'Ecolo. Je pensais que nous avions une différence de culture. Mais libéraux et écologistes peuvent s'entendre » a affirmé le commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, Louis Michel.
ECOLO
La secrétaire fédérale et sénatrice sortante, Isabelle Durant, sera tête de liste écologiste francophone au Sénat. Cinq des sept listes présentées par Ecolo seront conduites par des femmes dont Zoé Genot qui mènera la liste des Verts à la Chambre des représentants dans l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, Cécile Thibaut dans celui du Luxembourg et Thérèse Snoy dans le Brabant wallon. La formation s'est donnée pour objectif de dépasser la barre des 10% des suffrages. Le programme des écologistes, intitulé « Une terre plus verte pour un monde plus juste », développe 500 propositions centrées autour de 10 priorités dont les 3 principales sont l'environnement, l'économie et la solidarité, la gouvernance.
GROEN
Groen, ancien « Agalev » renommé après l'échec de la formation aux dernières élections législatives du 18 mai 2003 (Agalev avait obtenu 2,5% des suffrages), sera également présent pour ces élections. La présidente, Vera Dua, conduira la liste de son parti au Sénat qui accueillera Tom Kestens, le chanteur du groupe Lalaover. Le parti souhaite réduire de 80% les émissions à effet de serre d'ici 2050 et propose un pacte national pour le climat et une « loi climat ». Il souhaite amplifier la lutte contre la pauvreté, mettre en place une nouvelle politique d'asile et développer une économie plus écologique. Il espère revenir à la Chambre des représentants en obtenant 6 députés et remporter 2 sièges de sénateurs.
LE VLAAMS BELANG (VB)
Le président du Vlaams Belang, Frank Vanhecke, sera tête de liste pour le Sénat. La formation d'extrême droite est traversée par de nombreuses tensions et une partie de ses membres critiquent la stratégie mise en oeuvre par Filip Dewinter. Ce dernier se voit remis en cause pour les résultats obtenus par le Vlaams Blok lors des dernières élections municipales du 8 octobre dernier. Avec 15,3% des suffrages (+ 4,7 points par rapport au dernier scrutin municipal), le parti avait certes conforté son assise en Flandre mais sans enregistrer de nouvelle percée, une première depuis 25 ans. A Anvers, le Vlaams Blok avait recueilli 33,51% des suffrages et avait été devancé par le Parti socialiste flamand emmené par le maire sortant Patrick Janssens qui obtenait son meilleur résultat : 35,2% (+ 16,2 points par rapport aux élections municipales d'octobre 2000). En outre, Patrick Janssens obtenait 72 000 voix sur son nom, contre 62 000 pour Filip Dewinter. Une partie des membres du parti, comme Marie-Rose Morel, transfuge de la Nouvelle alliance flamande, et le député régional Jürgen Verstrepen, sont favorables à une ouverture vers d'autres forces politiques. Jürgen Verstrepen a déclaré, le 18 janvier dernier, qu'il souhaitait que le Vlaams Blok réalise une union avec les forces vives de la droite flamande parmi lesquelles il compte la Nouvelle alliance flamande mais aussi le Parti démocrate chrétien.
La dernière enquête d'opinion, publiée par le quotidien Le Soir le 30 avril dernier, révèle que le Parti démocrate-chrétien mène la course en tête parmi l'électorat néerlandophone avec 29,6% d'intentions de vote, devançant largement le Vlaams Belang (21,9%), le Parti socialiste-Spirit (20,3%) et la formation du Premier ministre Guy Verhofstadt, Open VLD (16,6%). Les écologistes de Groen avec 6,7% des suffrages, pourraient revenir au Parlement. Côté francophone, le Parti socialiste recueillerait 33,4% des voix, contre 24,5% au Mouvement réformateur, 19% au Centre démocrate humaniste, 9,6% à Ecolo et 8,2% pour le Front national. Enfin, le Mouvement réformateur reste la première formation politique de Bruxelles (27,9%), devançant le Parti socialiste (25,9%) et le Centre démocrate humaniste (13%).
Un mois avant le scrutin, cinq hommes apparaissent comme probables Premier ministres : Yves Leterme (CDV-NVA), Elio Di Rupo (PS), Didier Reynders (MR), Johan Vande Lanotte (SP.A) et le Chef du gouvernement sortant, Guy Verhostadt (Open VLD).
Rappel des résultats des élections législatives et sénatoriales belges du 18 mai 2003 :
Participation : 91,6% (La participation est obligatoire en Belgique)
Chambre des représentants
Source : Agence France Presse
Sénat
Source : Agence France PresseSur le même thème
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