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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
L'Union pour un mouvement populaire (UMP) est arrivée largement en tête des élections législatives qui se sont déroulées en France le 10 juin. La formation présidentielle recueille, avec le Nouveau centre, 45,52% des suffrages, contre 27,67% pour le Parti socialiste (PS), principale formation de l'opposition, et ses alliés le Parti radical de gauche (PRG) et le Mouvement républicain et citoyen (MRC). Les forces de gauche dans leur ensemble obtiennent 38,98% des voix (35,54% sans les partis d'extrême gauche), soit le deuxième résultat le plus faible jamais enregistré (en 1993, la gauche recueillait 32,46%). La droite de gouvernement recueille 45,42% des suffrages, l'un de ses meilleurs résultats. Avec l'extrême droite, la droite dépasse les 50% pour s'établir à 50,22% des voix.
Alliée au Nouveau centre, l'UMP, formation créée en 2002, améliore de 7,42 points le résultat qu'elle avait obtenu avec l'Union pour la démocratie française (UDF) en 2002. Le Parti socialiste progresse également de 3,5 points par rapport aux précédentes élections législatives. Cependant, ces hausses s'expliquent en grande partie par la faible participation enregistrée lors de ce premier tour de scrutin comme par le net recul des "petites" formations.
Le Parti communiste (PCF) poursuit sa descente aux enfers. Avec 4,62% des suffrages, la formation fait certes mieux que sa candidate, Marie-George Buffet, lors du premier tour de la présidentielle du 22 avril dernier (1,93%), mais obtient le plus mauvais résultat de son histoire. Les Verts reculent également par rapport au 1er tour des dernières élections législatives du 9 juin 2002 : ils recueillent 3,25% des voix, soit 1,25 point de moins mais font également mieux que leur candidate, Dominique Voynet, le 22 avril dernier (+ 1,68 point). Enfin, l'extrême droite s'effondre atteignant 4,70% des suffrages (contre 12,67% en 2002), son plus mauvais résultat depuis 1986.
La participation a été la plus faible jamais enregistrée à des élections législatives sous la Ve République : 60,44%, soit 3,98 points de moins que lors du 1er tour des élections législatives de 2002 qui constituait le précédent record. L'inversion du calendrier électoral a fait du scrutin législatif un vote de confirmation, une simple répétition de l'élection présidentielle et le manque d'enjeu détourne des urnes un grand nombre d'électeurs qui considèrent désormais ces élections comme jouées d'avance. L'intériorisation de la défaite par les forces de gauche a également contribué à les confirmer dans leur intuition.
Ce premier tour des élections législatives consacre la victoire de Nicolas Sarkozy. Le Président de la République avait demandé aux Français durant la campagne électorale de lui donner une majorité. Ceux-ci l'ont entendu et ont choisi de confirmer le vote du 6 mai dernier en portant leurs voix sur les candidats de l'UMP. 107 d'entre eux ont d'ailleurs été élus dès le premier tour, dont 7 ministres du gouvernement de François Fillon, contre 1 pour le Parti socialiste. Les deux députés du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers, candidat à l'élection présidentielle du 22 avril (2,23% des suffrages) - Joël Sarlot et Véronique Besse - ont été réélus dans les 4e et 5e circonscriptions de Vendée.
Les Français ont donc choisi de faire confiance au nouveau Chef de l'Etat qui a d'ailleurs largement occupé le terrain et la scène politiques en montrant qu'il souhaitait très rapidement mettre en œuvre les propositions sur lesquelles il a été élu. En rénovant la droite française, Nicolas Sarkozy lui a permis de gagner dans les urnes, mais également de triompher sur l'extrême droite, véritable poison pour la droite de gouvernement durant ces 20 dernières années. Le hold-up électoral réalisé par le Président de la République lors de l'élection présidentielle s'est poursuivi, les partisans de Jean-Marie Le Pen ayant majoritairement choisi de voter dès le 1er tour pour les candidats de l'UMP ou encore, assurés de la défaite de leur formation, se sont réfugiés dans l'abstention. Alors que le Front national avait pu se maintenir dans 37 circonscriptions lors du 2e tour des élections législatives de 2002, cette année, seule Marine Le Pen sera présente le 17 juin prochain, où elle affrontera le socialiste Albert Facon dans la 14e circonscription du Pas-de-Calais. Il est cependant encore un peu tôt pour affirmer la mort de la formation d'extrême droite.
Le Parti socialiste a peiné à mobiliser ses électeurs. Environ 8 millions des électeurs ont voté pour les formations de gauche le 10 juin, soit moins de la moitié des électeurs qui s'étaient portés sur Ségolène Royal le 6 mai dernier lors du 2e tour de l'élection présidentielle. Mais il était difficile pour l'opposition de mobiliser des Français qui ont apprécié l'ouverture réalisée par Nicolas Sarkozy (le Président de la République a appelé plusieurs personnalités de gauche au gouvernement), ce qui rendait inaudible le discours sur la nécessité d'établir des contre pouvoirs dans une démocratie. Le Parti socialiste pâtit également de la faiblesse de ses alliés traditionnels dont notamment le Parti communiste qui ne devrait pas sauver son groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, Chambre basse du Parlement, le 17 juin prochain. Un minimum de 20 élus est nécessaire pour former un groupe parlementaire.
Les forces de gauche doivent absolument parvenir à mobiliser les abstentionnistes qui détiennent certainement la clé du 2e tour de ce scrutin où il s'agit moins de recueillir des suffrages que d'obtenir des sièges.
Du côté du centre, le Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou ne réussit pas à retrouver l'élan qui avait porté son leader lors du 1er tour de l'élection présidentielle (18,57% des suffrages), mais le mode de scrutin majoritaire couplé à une faible participation rendait ce pari impossible. Avec une participation de 60,44%, il fallait en effet recueillir autour de 20,5% des suffrages exprimés pour atteindre les 12,5% des électeurs inscrits indispensables pour participer au 2e tour, ce que très peu de candidats du Mouvement démocrate sont parvenus à obtenir. Paradoxalement, alors que l'élection présidentielle aura été marquée par l'irruption du centre sur la scène politique, le 1er tour de élections législatives aura laminé ce nouveau courant qui ne s'est pas avéré en mesure de peser sur le scrutin. Le leader du Mouvement démocrate peut cependant encore espérer retrouver son siège de député dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques le 17 juin prochain.
Les candidats du Nouveau centre, formation créée le 29 mai dernier par une partie des députés de l'UDF qui ont quitté François Bayrou pour rejoindre la majorité présidentielle et présidée par le ministre de la Défense, Hervé Morin, ont obtenus de meilleurs résultats, l'UMP ne présentant pas de candidats dans les circonscriptions où ils se présentaient.
Le 1er tour de ces élections législatives marque l'avènement du bipartisme en France, une bipolarisation cependant largement forcée par le mode de scrutin comme par l'introduction du quinquennat et l'inversion du calendrier électoral.
Selon une enquête d'opinion réalisée par l'institut Sofres au soir du 1er tour de scrutin, les forces de droite devraient disposer le 17 juin prochain de 405 à 445 sièges à l'Assemblée nationale (entre 385 et 425 pour l'UMP et entre 20 et 22 pour le Nouveau centre), contre 120 à 160 sièges pour la gauche (entre 100 et 140 pour le PS, 6 et 12 pour le PCF et 1 et 3 pour les Verts). Enfin, le Mouvement démocrate remporterait entre 1 et 4 sièges.
Si le succès de la majorité présidentielle paraît assuré le 17 juin prochain, les forces de l'opposition, en parvenant à mobiliser leurs électeurs, pourraient toutefois rendre cette victoire moins massive que prévue.
Résultats du premier tour du 10 juin 2007des élections législatives en France
Participation : 60,44 %
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