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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Le candidat nationaliste Tomislav Nikokic, président par intérim du Parti radical (SRS) de Vojislav Seselj, est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle serbe le 13 juin, recueillant 30,44% des suffrages. Boris Tadic, leader du Parti démocratique (DS), arrive en deuxième position et obtient 27,60% des voix. L'homme d'affaires Bogoljub Karic a créé la surprise en se plaçant en troisième position avec 19% des suffrages. Il est suivi de Dragan Marsicanin, vice-président du parti (DSS) du Premier ministre Vojislav Kostunica et actuel ministre de l'Economie qui échoue dans son duel avec Boris Tadic.
Comme prévu par les enquêtes d'opinion, Tomislav Nikokic sort vainqueur du premier tour, confirmant la prédominance des forces nationalistes en Serbie. Rappelons que le Parti radical était devenu la première formation du pays lors des élections législatives du 28 décembre 2003, remportant un tiers des deux cent cinquante sièges du Parlement. Par ailleurs, un mois plus tôt, le 16 novembre 2003, Tomislav Nikolic avait recueilli 45% des suffrages exprimés lors du deuxième tour de l'élection présidentielle, devançant largement Dragoljub Micunovic, candidat de la coalition au pouvoir à l'époque, un scrutin qui avait été invalidé faute d'une participation suffisante.
Tomislav Nikolic se déclare dorénavant favorable à une coopération entre la Serbie et l'Union européenne et les Etats-Unis - pays qu'il rend toutefois responsable de la situation actuelle de la Serbie- ainsi qu'à un rapprochement avec la Russie. C'est d'ailleurs dans ce pays que le leader nationaliste a prévu de se rendre en premier s'il remporte l'élection présidentielle. « Dès que je serai élu, je partirai à Moscou. Immédiatement. Ce sera mon premier voyage. La Serbie ne peut rien faire sans le soutien de Moscou » a-t-il déclaré. Tomislav Nikolic souhaite également la tenue d'élections législatives anticipées. « Il faut tout reprendre depuis le début. Je convoquerai des élections législatives anticipées, il y a aura également des élections locales et enfin, il faut un accord sur le Kosovo et Metohija » a affirmé le leader du SRS.
De son côté, Boris Tadic se présente comme le seul homme capable de poursuivre les réformes engagées par le Premier ministre Zoran Djindjic, assassiné le 12 mars 2003. Il se veut un « Président ambassadeur de l'économie serbe » et « Président avocat de l'ensemble des citoyens ». Pour cette élection présidentielle, le leader du Parti démocratique a mené campagne à l'étranger, se rendant successivement à Washington, Bruxelles et Moscou. « La formule pour l'avenir de la Serbie est l'équilibre entre les Etats-Unis, l'Union européenne et la Russie, les trois points mondiaux où Belgrade doit chercher des alliés » a-t-il déclaré. Le candidat démocrate s'est ouvertement engagé en faveur de l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne. « Sans adhésion à l'Union européenne, nous ne pourrons pas résoudre les problèmes de notre société » affirme t-il. De même, Boris Tadic se prononce en faveur d'une coopération de son pays avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye. « La Serbie, membre des Nations Unies, est obligée de coopérer avec le TPI pour les crimes de guerre, sous peine d'être isolée sur la scène mondiale » a-t-il déclaré.
L'homme d'affaires Bogoljub Karic, arrivé en troisième position, a apporté son soutien à Boris Tadic pour le deuxième tour de l'élection présidentielle. « Il faut entreprendre de vraies réformes, aider la Serbie à adopter les standards internationaux que l'Europe exige de nous. Il faut que les politiciens arrêtent de mentir et de tromper les citoyens. L'Union européenne est une famille sérieuse, et souvent nos politiciens ne sont pas sérieux » a déclaré celui que l'on qualifie de Berlusconi serbe.
« Ce scrutin revêt une importance exceptionnelle pour l'avenir du pays» a déclaré Boris Tadic lors de l'annonce des résultats. Le 27 juin prochain, on mesurera en effet le véritable rapport de force existant dans le pays entre les partis démocrates et les nationalistes. Si les compétences du Président de la République sont limitées en Serbie, et ce particulièrement depuis la création de l'Etat de Serbie et Monténégro, une victoire de Tomislav Nikokic, sans empêcher la poursuite des réformes menées par le gouvernement de Vojislav Kostunica, rendrait cependant plus difficile un rapprochement du pays avec l'Union européenne et la communauté occidentale.
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