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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Le 16 novembre 2003, Tomislav Nikolic recueillait 45% des suffrages exprimés à l'élection présidentielle, devançant largement Dragoljub Micunovic, candidat de la coalition au pouvoir à l'époque - Opposition démocratique de Serbie (DOS) regroupant une quinzaine de formations politiques - et actuel président du Parlement de Serbie-Monténégro, qui obtenait 36% des voix. Cependant, le second tour de cette élection présidentielle était invalidé, faute de participation suffisante. Celle-ci s'élevait à 38,30% des inscrits, soit 12% de moins que le minimum requis par la loi électorale pour la validation du scrutin.
Pour la troisième fois consécutive en treize mois, après les scrutins des 13 octobre et 8 décembre 2002 qui tous deux avaient vu la victoire de Vojislav Kostunica, ancien Président de la République de la Fédération de Yougoslavie et candidat du Parti démocratique de Serbie (DSS), l'élection présidentielle serbe était invalidée, faute d'une participation suffisante.
La Serbie est donc sans Président depuis décembre 2002, date de l'expiration du mandat de Milan Milutinovic, actuellement en détention à La Haye.
La disposition obligeant à une participation minimum de 50% (plus une voix) au deuxième tour de l'élection présidentielle ayant été supprimée par le Parlement, il est vraisemblable que la Serbie élira son Président, soit le 13 juin prochain si un candidat obtient la majorité absolue, soit le 27 juin si un second tour est nécessaire.
A ce jour, treize personnalités se sont déclarées candidates, parmi lesquelles :
Tomislav Nikokic, président par intérim du Parti radical (SRS) de Vojislav Seselj, inculpé de crimes de guerre contre les populations non serbes de Croatie, de Bosnie-Herzégovine et de Voïvodine par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye et ancien vice-Premier ministre sous Slobodan Milosevic ;
Boris Tadic, 46 ans, leader du Parti démocratique (DS) actuellement dans l'opposition ;
Ivica Dacic, candidat du Parti socialiste (SPS) de Slobodan Milosevic ;
Dragan Marsicanin, 54 ans, économiste, vice-président du parti (DSS) du Premier ministre Vojislav Kostunica dont il est l'un des fondateurs et actuel ministre de l'Economie ;
Bogoljub Karic, 50 ans, homme d'affaires ;
Vladan Batic, leader du Parti démocrate chrétien;
Ljiljana Arandjelovic, directrice de la radio et télévision Cuprija et candidate du Parti Serbie unie.
Boris Tadic, qui a succédé à la tête du Parti démocratique (DS) à Zoran Djindjic, Premier ministre assassiné le 12 mars 2003, a déclaré se présenter pour tenter de « stopper la montée du nationalisme (...) Nous sommes prêts à coopérer avec tous ceux qui sont capables de stopper la montée du nationalisme et prévenir le danger de voir le pays isolé. Nous devons défendre les valeurs démocratiques et pro-européennes acquises le 5 octobre 2000 »(date à laquelle la coalition d'opposition emmenée par Vojislav Kostunica et Zoran Djindjic a renversé le régime de Slobodan Milosevic) a-t-il affirmé. Sa formation, le Parti démocratique (DS) est dans l'opposition faute d'être parvenue à s'entendre avec le Parti démocratique de Serbie (DSS) du Premier ministre Vojislav Kostunica nommé après les élections législatives du 28 décembre 2003. Celui-ci reproche au parti au pouvoir ces trois dernières années en Serbie, d'avoir agi en dehors de la légalité pour mettre en place ses réformes, d'avoir insuffisamment lutté contre le crime organisé et la corruption et l'accuse d'être responsable de la montée du chômage.
Bogoljub Karic, originaire du Kosovo, est considéré comme l'homme le plus riche de Serbie. Il a bâti sa fortune sous le régime de Slobodan Milosevic dont il a longtemps été l'allié avant qu'une brouille éclate en 1997 lorsque l'ancien dictateur a empêché l'homme d'affaires de briguer la Présidence du pays. « Je relancerai tous les secteurs économiques du pays, je créerai des emplois, j'améliorerai les conditions de vie et j'élèverai la productivité à un niveau proche de celui des économies européennes. Je peux rendre la Serbie heureuse et faire d'elle un pays riche » n'a t-il pas hésité à affirmer, sans préciser toutefois les moyens par lesquels il parviendrait à tenir ses promesses. L'homme d'affaires s'est également prononcé en faveur d'une « Europe sans frontières » et pour la coopération de Belgrade avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye. « Il ne reste plus à Belgrade que de convaincre les suspects de se rendre de leur plein gré au TPI, comme l'ont fait récemment le Premier ministre et le Président de Croatie » a t-il simplement déclaré.
Dragan Marsicanin est le candidat de la coalition au pouvoir rassemblant le Parti démocratique de Serbie (DSS), le G17 Plus du vice-Premier ministre Miroljub Labus et le Mouvement du renouveau serbe-Nouvelle Serbie (SPO-NS) de l'écrivain Vuk Draskovic. « Tous les partis qui me soutiennent ont une approche équilibrée aux questions démocratique, nationale, pro-européenne et étatique » a-t-il déclaré.
Si une victoire de Tomislav Nikokic n'empêcherait pas la poursuite des réformes menées par le gouvernement de Vojislav Kostunica – les compétences du Président étant limitées en Serbie et ce particulièrement depuis la création de l'Etat de Serbie et Monténégro – elle rendrait cependant plus difficile un rapprochement du pays avec l'Union européenne et la communauté occidentale. Le leader du Parti radical fonde ses espoirs sur son résultat lors de la dernière élection présidentielle (invalidée) du 16 novembre mais également sur le bon score réalisé par sa formation lors des dernières élections législatives du 28 décembre 2003. Le Parti radical avait en effet recueilli 27,7% des suffrages et obtenu 82 des 250 sièges du Parlement, devenant ainsi la principale formation du pays devant le Parti démocratique de Serbie DSS (18% des voix et 53 sièges), le Parti démocratique DS (12,6% et 34 sièges) et le G17 Plus (11,7% et 34 sièges).
Si Dragan Marsicanin, candidat de la coalition au pouvoir, fait figure de favori, les élections présidentielles précédentes et les dernières élections législatives du 28 décembre dernier ont montré que les forces nationalistes restaient très puissantes en Serbie.
Le scrutin est donc à ce jour loin d'être joué, l'instabilité du rapport de forces dans le pays rendant tout pronostic impossible.
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