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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Vingt personnalités sont officiellement candidates à l'élection présidentielle de Serbie dont le premier tour se déroulera le 13 juin.
Les quatre principaux candidats sont :
Tomislav Nikolic, président par intérim du Parti radical (SRS) de Vojislav Seselj inculpé de crimes de guerre contre les populations non serbes de Croatie, de Bosnie-Herzégovine et de Voïvodine par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye et ancien vice-Premier ministre sous Slobodan Milosevic ;
Boris Tadic, 46 ans, leader du Parti démocratique (DS) actuellement dans l'opposition ;
Ivica Dacic, candidat du Parti socialiste de Serbie (SPS) de Slobodan Milosevic ;
Dragan Marsicanin, 54 ans, économiste, vice-président du Parti démocratique de Serbie (DSS) du Premier ministre Vojislav Kostunica dont il est l'un des fondateurs et actuel ministre de l'Economie.
Le 14 mai dernier, la princesse Jelisvata Karadjordjevic de Yougoslavie a annoncé sa candidature en publiant une annonce sur une page entière de publicité dans la quasi-totalité des quotidiens du pays. « J'ai décidé de prouver qu'il existe une Serbie meilleure. (...) J'ai décidé de parler au nom de tous ceux qui croient en un nouveau départ possible » a déclaré la princesse qui fait du rétablissement de l'Etat de droit sa priorité. Jelisvata Karadjordjevic a fui Belgrade en 1941 avec tous les membres de sa famille. Revenue sur sa terre natale en 1989 après l'effondrement du communisme, la princesse entretient des rapports difficiles avec son cousin, le Prince héritier Alexandre de Yougoslavie à qui elle conteste, par exemple, le droit de résider dans le Palais Blanc qui appartenait précédemment à son père et où elle est née.
L'élection présidentielle du 13 juin a attiré une avalanche de candidats insolites. Ainsi, le garçon de café Radivoje Milutinovic fait campagne pour la deuxième fois pour « remplacer le dinar par l'euro et légaliser la prostitution afin d'aller vers une révolution sexuelle ». Vladan Batic, leader du parti chrétien-démocrate de Serbie (DHSS) se présente pour « se débarrasser pour de bon des Monténégrins », Marjan Risticevic souhaite « tuer tous les homosexuels », Jezdimir Vasiljevic affirme également sa volonté de voir partir les Monténégrins présents en Serbie en souhaitant toutefois que leurs femmes restent dans le pays.
Ces candidatures, toutes plus excentriques les unes que les autres, posent problème et certaines organisations non gouvernementales ont récemment proposé d'augmenter le nombre de signatures nécessaires pour pouvoir faire acte de candidature afin d'écarter les personnalités les plus exhibitionnistes. Le nombre élevé de candidatures à l'élection présidentielle est un phénomène habituel en Serbie. Lors de la première élection « libre » de 1990, Slobodan Milosevic avait ainsi encouragé la multiplication des candidatures afin, selon les analystes politiques, de discréditer l'élection et de le faire apparaître comme le seul candidat sérieux.
Par ailleurs, signalons que la loi sur le financement des partis politiques offre à chaque candidat 4,5 millions de dinars (65 000 euro), une somme non négligeable et qui possède un fort pouvoir d'attraction dans un pays où le salaire moyen n'atteint que 200 euro.
La Serbie vit désormais les derniers jours de la campagne électorale. Dragan Marsicanin (DSS), le candidat de la coalition gouvernementale – qui rassemble le Parti démocratique de Serbie (DSS) du Premier ministre Vojislav Kostunica, le G17 Plus du vice-Premier ministre Miroljub Labus et le Mouvement du renouveau serbe-Nouvelle Serbie (SPO-NS) de l'écrivain Vuk Draskovic- met en garde la population du danger que représenterait, selon lui, une victoire de ses rivaux. « La politique de l'Opposition démocratique de Serbie en 2000 a eu des conséquences graves, elle n'a pas réglé les problèmes qu'il était possible de régler. C'est pourquoi nous en sommes encore au point de départ. Par le travail que nous avons réalisé et que nous effectuons aujourd'hui, avec la garantie que nous en changerons pas, je vous demande, en tant que candidat à la Présidence de la République, un mandat pour poursuivre le travail entamé » a t-il déclaré à Prijepolje, au Sud du pays.
De son côté, le principal candidat de l'opposition, Boris Tadic, successeur à la tête du Parti démocratique (DS) du Premier ministre Zoran Djindjic assassiné le 12 mars 2003, a appelé l'ensemble des démocrates du pays à s'unir sur la volonté d'arrimer la Serbie à l'Union européenne. « Lors de cette élection, il s'agit de choisir entre ceux qui affirment que l'on vivait bien en Serbie entre 1990 et 2000, ceux qui pensent et travaillent lentement et veulent entrer dans l'Europe à la vitesse d'une tortue, et nous, qui disons que nous devons entrer dans l'Europe à toute vitesse » a t-il déclaré à Jagodina, ville située au centre de la Serbie.
Tomislav Nikolic est le favori de toutes les enquêtes d'opinion. Selon un sondage réalisé par l'institut Marten Board International et publié le 19 mai dans le journal B 92, le candidat du Parti radical (SRS) recueillerait 30,8% des suffrages. Il serait suivi de Boris Tadic qui obtiendrait 20% des voix et Dragan Marsicanin, 18,6%. Le millionnaire Bogoljub Karic recueillerait 11,2% des suffrages. Environ 13% des personnes se déclarent encore indécises. Si Tomislav Nikolic devrait effectivement arriver en tête du premier tour de scrutin le 13 juin, la multiplicité des candidats rend cependant un deuxième tour de scrutin inéluctable. Dans le cas d'un duel final opposant le candidat du Parti radical à celui du Parti démocratique, l'enquête de Marten Board International donne Tomislav Nikolic vainqueur avec 37,2% des suffrages, contre 35,6% à Boris Tadic. Le résultat serait encore plus serré si le candidat du Parti radical affrontait celui de la coalition gouvernementale. Dans ce cas, Tomislav Nikolic obtiendrait 36%, contre 35,9% à Dragan Marsicanin.
Rappelons que la Serbie est sans Président de la République depuis décembre 2002, date de l'expiration du mandat de Milan Milutinovic, actuellement détenu par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye.
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