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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Avec 92,46% en faveur du « oui », les Slovaques établissent un record d'euro-enthousiasme parmi les cinq pays s'étant déjà prononcés par référendum sur leur adhésion à l'Union européenne. Seuls 6,20% des électeurs slovaques, représentant 135 031 citoyens, se sont exprimés contre l'intégration européenne de leur pays. A l'annonce des résultats, de nombreuses personnes sont descendues dans les rues de la capitale Bratislava fêter l'événement et le premier référendum déclaré valide depuis l'indépendance du pays en 1993 (les quatre précédents – sur l'OTAN, les privatisations, l'élection du Président de la République au suffrage universel direct et la tenue d'élections législatives anticipées - avaient échoué à mobiliser plus de 50% des inscrits).
Si l'issue positive du vote ne faisait guère de doutes, l'inquiétude portait sur le taux de participation (plus de la moitié des électeurs devaient obligatoirement se rendre aux urnes pour que la consultation électorale soit validée). Il a d'ailleurs fallu attendre plus de quatre heures après la fermeture des 5 100 bureaux de vote du pays pour que le Premier ministre Mikulas Dzurinda mette fin au suspense et annonce publiquement la validité du référendum, la participation s'élevant à 52,15% des inscrits. Ce taux d'abstention se situe bien au-delà des estimations des dernières enquêtes d'opinion qui prévoyaient qu'il atteindrait 35% et le vote positif des Slovaques à 92,46% est largement supérieur à l'ensemble des sondages qui tablaient sur près de 80% de votes en faveur de l'adhésion à l'Union européenne. La participation la plus élevée a été enregistrée dans la région de Bratislava, la plus riche du pays, les électeurs des régions plus déshéritées de l'Est du pays s'abstenant de façon plus importante. Les politologues analysent cette faible participation comme un signe de déception et de réprobation envers la politique du gouvernement dirigé par Mikulas Dzurinda (Union démocratique et chrétienne slovaque, SDKU). Les analystes politiques ont également mis en cause la faiblesse de la tardive campagne électorale, accusée d'avoir négligé de s'intéresser aux électeurs les plus réticents à se déplacer pour aller voter, en particulier les jeunes. En outre, de nombreux électeurs semblent avoir eu l'impression que l'adhésion à l'Union européenne était déjà acquise et n'ont pas pris la peine de se déplacer.
Durant les derniers jours de campagne, le gouvernement a innové en envoyant aux quelques trois millions de clients des deux opérateurs de téléphonie mobile Orange et EuroTel des messages SMS les appelant à se rendre aux urnes et à dire « oui » à l'adhésion à l'Union européenne. Le 13 mai, le Président de la République Rudolf Schuster et les dirigeants de sept formations politiques représentées au Conseil national de la République slovaque (Chambre unique du Parlement) ont lancé un appel aux électeurs : « En ce moment si important pour l'avenir de la Slovaquie ainsi que pour l'Europe qui s'unifie, nous nous sommes rencontrés au Palais présidentiel pour vous appeler, citoyens de notre pays, à participer au référendum des 16 et 17 mai. Maintenant, le temps est venu pour vous de prendre vos responsabilités sur le futur développement du pays. Nous espérons que cette fois-ci, vous ferez le bon choix en citoyens responsables ». A l'issue de cette déclaration solennelle, l'ensemble des dirigeants politiques du pays, des personnalités de la vie économique et culturelle ainsi que les ambassadeurs des quinze Etats membres de l'Union européenne ont arpenté les rues du centre de Bratislava pour rencontrer la population et les convaincre de l'importance du référendum. Le soir du premier jour de scrutin, vendredi 16 mai, où 25% des Slovaques s'étaient rendus aux urnes, Pavol Hrusovsky, le président du Conseil national de la République slovaque, a lu une déclaration émanant des sept formations politiques représentées au Parlement appelant les électeurs à se rendre aux urnes le lendemain. Deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation était encore insuffisant (il s'élevait à 45%). Le Président Rudolf Schuster et le Premier ministre Mikulas Dzurinda ont alors lancé un ultime appel aux électeurs, les appelant à se mobiliser afin de faire du référendum un succès populaire.
« Je suis heureux que la Slovaquie devienne maintenant une petite étoile de l'Union européenne » a déclaré le Premier ministre Mikulas Dzurinda lors du concert organisé samedi soir dans la capitale pour célébrer la victoire du « oui » au référendum. De son côté, le Président de la République a tenu à remercier « tous les citoyens de notre pays qui se sont rendus aux urnes ces deux derniers jours et ont ainsi décidé de notre entrée dans la communauté des pays européens développés ». « Les années à venir ne seront pas toujours faciles mais la plupart des difficultés ne seront que temporaires » a ajouté Rudolf Schuster en promettant une amélioration prochaine du niveau de vie de la population ainsi que de la compétitivité économique du pays. La Commission européenne a également félicité les Slovaques pour leur vote : « Cela démontre la forte volonté du peuple slovaque de se joindre à la famille européenne des pays démocratiques en rejoignant l'Union européenne. Une fois dans l'Union, la Slovaquie pourra tirer avantage de toutes les possibilités offertes par son statut de membre pour consolider sa stabilité politique, sa justice et l'Etat de droit et pour dynamiser son développement économique » indique un communiqué émanant de l'exécutif européen. Enfin, le président du Conseil national de la République, Pavol Hrusovsky, a déclaré « Je félicite toute la Slovaquie de cette décision historique. Aujourd'hui, nous avons des raisons de rayonner de joie ». Le traité d'adhésion du pays à l'Union européenne doit maintenant être ratifié par le Parlement, ce qui ne devrait être qu'une simple formalité puisque l'ensemble des formations politiques y étant représentées ont appelé à voter « oui ».
La Slovaquie devient donc, après Malte, la Hongrie, la Slovénie et la Lituanie, le cinquième Etat à rejoindre l'Union européenne. Avant l'été, les Polonais (les 7 et 8 juin prochains) et les Tchèques (une semaine plus tard) devront à leur tour se prononcer sur leur intégration européenne. Si en République tchèque, l'adhésion à l'Union européenne ne peut être ratifiée que par référendum, aucun seuil minimum de participation n'est obligatoire, les choses sont différentes en Pologne où plus de 50% des électeurs doivent obligatoirement se rendre aux urnes pour valider le référendum. « Le référendum slovaque est peut-être une chance pour vraiment accroître la mobilisation en Pologne et en République tchèque, déclare le politologue slovaque Michal Vasecka, Ils ont encore le temps de faire des campagnes ciblées en direction des groupes de citoyens très abstentionnistes, comme les jeunes de 18 à 24 ans ». « Le résultat du référendum constitue un défi pour les Tchèques » a par ailleurs souligné le ministre tchèque des Affaires étrangères Cyril Svoboda qui, à l'avance, s'est réjoui « qu'après plus de dix ans, les Tchèques et les Slovaques soient à nouveau ensemble dans une Europe unifiée ». De son côté, le Président de la République polonaise, Aleksander Kwasniewski, a déclaré que le résultat positif de la Slovaquie ne pouvait qu'encourager les citoyens polonais à se rendre aux urnes et approuver l'adhésion de leur pays à l'Union européenne. Espérons en effet que le plébiscite des Slovaques contribuera à convaincre Polonais et Tchèques de l'importance de leur participation à ce référendum qui engage l'avenir de leur pays.
Résultats du référendum sur l'adhésion de la Slovaquie à l'Union européenne des 16 et 17 mai 2003:
Participation : 52,15%
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