Référendum sur l'Union Europeenne en Slovaquie, 16-17 mai 2003 le point à une semaine du scrutin

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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17 mai 2003
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

« Les Slovaques se trouvent probablement aujourd'hui devant le choix le plus important qu'ils aient eu à faire depuis l'indépendance de leur pays » a déclaré lundi 5 mai Günther Verheugen lors de sa visite à Bratislava. « Ce choix est essentiel pour votre propre avenir mais également pour celui de vos enfants et de vos petits-enfants, c'est pourquoi il est primordial que chacun d'entre vous s'exprime les 16 et 17 mai prochains » a –t –il ajouté.

A une semaine du référendum, le soutien des Slovaques à l'intégration européenne de leur pays est toujours élevé : la dernière enquête d'opinion, réalisée par le Bureau pour la recherche culturelle et l'opinion publique (UVKVM) début mai, révèle que 77,2% de la population se prononce en faveur de l'intégration contre 9% qui y est opposé. Cependant, une lourde incertitude pèse sur la participation des Slovaques au scrutin qui ne sera déclaré valide que si la moitié des inscrits se rendent aux urnes. Actuellement, seuls 42% de la population déclarent être sûrs d'aller voter les 16 et 17 mai prochains (contre 73% en mars dernier), soit un taux inférieur au minimum requis par la loi électorale. Un chiffre d'autant plus inquiétant que la participation réelle s'avère toujours inférieure aux estimations préélectorales comme on a pu le constater dernièrement lors du référendum sur l'adhésion européenne en Hongrie où le taux de participation s'est élevé à 45,6% alors que l'ensemble des enquêtes d'opinion prévoyaient qu'environ 60% des Hongrois se rendraient aux urnes.

L'invalidation du référendum ne fermerait cependant pas définitivement la porte de l'Europe aux Slovaques. L'adhésion du pays serait alors soumise au vote du Conseil national de la République, chambre unique du Parlement slovaque, et devrait être votée par les deux tiers des parlementaires. L'ensemble des formations politiques représentées au Parlement étant favorables à l'intégration, l'adhésion de la Slovaquie serait donc très certainement entérinée. Cependant l'échec du référendum populaire constituerait un sévère désaveu pour la coalition gouvernementale au pouvoir et ne manquerait pas de provoquer une crise politique dans le pays. L'intégration européenne de la Slovaquie constitue l'objectif principal du parti du Premier ministre Mikulas Dzurinda, l'Union démocratique et chrétienne slovaque (SDKU), depuis son arrivée au pouvoir en 1998. Le président de la formation d'opposition Smer (Direction), Robert Fico, a pris récemment la tête d'un mouvement visant à obliger le gouvernement à démissionner en cas d'échec du référendum. « Si le référendum échoue, le gouvernement qui avait la charge de son organisation doit en tirer les conséquences en démissionnant » a t-il déclaré en précisant qu'il ne souhaitait pas que de nouvelles élections législatives soient organisées.

La campagne électorale a été marquée par la visite les 6 et 7 mai à Bratislava du président du Parlement européen Pat Cox. « Nous avons approuvé la candidature de la Slovaquie à une très large majorité. Notre message est le suivant : nous voulons que vous soyez des nôtres » a t-il déclaré, ajoutant « Mon pays, l'Irlande, n'a rien perdu en adhérant à l'Union européenne ; bien au contraire, il en a tiré de multiples avantages. Aujourd'hui, la Slovaquie a la chance de pouvoir vivre cette même fabuleuse expérience ». De son côté, Mikulas Dzurinda a également mis en avant les bénéfices d'une adhésion européenne pour la Slovaquie : « Le pays sera plus sûr et moins arbitraire et la situation de l'emploi s'améliorera. Sans que je souhaite que les jeunes Slovaques partent forcément à l'étranger, certains d'entre eux auront néanmoins l'opportunité d'occuper d'intéressantes fonctions dans d'autres pays de l'Union et cela dès l'entrée de la Slovaquie dans l'Union » a déclaré le Premier ministre. En visite dans des collèges de l'Est du pays, il a également prié les enfants de persuader leurs parents et leurs grands parents de se rendre aux urnes les 16 et 17 mai prochains. Interrogé sur les différences économiques existant entre les différentes régions du pays, Mikulas Dzurinda a insisté sur le fait que les fonds structurels européens seront d'une grande aide pour la construction d'une autoroute reliant la capitale Bratislava, située à l'Ouest du pays, à la partie la plus orientale de la Slovaquie, ce qui permettra le désenclavement de cette région qui accuse un retard de développement par rapport à la partie occidentale du pays.

Pal Csaky, vice-Premier ministre en charge de l'intégration européenne et responsable de la campagne électorale du gouvernement pour ce référendum, s'est rendu dans la deuxième ville du pays, à Kosice, où son intervention n'a réuni que cent vingt personnes. Selon le gouverneur de la région, Michal Ilka, le peu d'intérêt du public s'explique par le fait que la région a, jusqu'à maintenant, reçu une faible partie des aides que l'Union européenne a accordées à la Slovaquie. Les autorités régionales travaillent d'ailleurs à l'amélioration de cette situation et ont créé une agence régionale chargée de récolter les fonds et de construire des projets de développement concrets. De son côté, Pal Csaky a promis que le gouvernement nommerait quatre cents experts pour aider à la mise en place de projets éligibles au financement par les fonds structurels de l'Union européenne.

Signalons enfin que, comme l'ensemble des formations politiques et des syndicats du pays, les églises slovaques (catholique et protestante) se sont prononcées en faveur de l'adhésion du pays à l'Union européenne.

Le gouvernement slovaque devrait, à l'issue du référendum, continuer sa campagne d'information sur l'Union européenne. Un budget de vingt millions de couronnes slovaques (478 000 euros) a été prévu à cet effet. Mais, à très court terme cependant, l'ensemble des responsables politiques ont comme priorité de faire du référendum populaire un succès et de convaincre la majorité de la population, largement favorable à l'adhésion européenne de leur pays, de se rendre aux urnes.

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