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Sauli Niinistö arrive largement en tête du 1er tour de l'élection présidentielle en Finlande

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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23 janvier 2012
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Sauli Niinistö arrive largement en tête du 1er tour de l'élection présidentielle...

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Comme prévu par toutes les enquêtes d'opinion, Sauli Niinistö, candidat du Rassemblement conservateur (KOK), parti du Premier ministre Jyrki Katainen, est arrivé largement en tête du 1er tour de l'élection présidentielle qui s'est déroulé le 22 janvier en Finlande. Il a recueilli 37% des suffrages, devançant l'écologiste Pekka Haavisto (Verts, VIHR) qui a obtenu 18,8% des voix. Paavo Väyrynen (Parti du centre, KESK) a recueilli 17,5%, Timo Soini, leader du parti populiste des Vrais Finlandais (PS) 9,4%, le candidat du Parti social-démocrate (SPD), l'ancien Premier ministre (1995-2003) Paavo Lipponen 6,7%, l'actuel ministre de la Culture et des Sports Paavo Arhinmäki (Alliance des gauches, VAS) 5,5%, Eva Biaudet (Parti du peuple suédois, SFP) 2,7% et Sari Essayah (Parti démocrate-chrétien, SKL) 2,5%.

La participation s'est élevée à 72,7%, soit -1,2 point par rapport à celle enregistrée lors de la précédente élection présidentielle des 15 et 29 janvier 2006. 1 364 892 personnes avaient voté par anticipation entre le 11 et le 17 janvier, soit 32% du total des inscrits, un chiffre supérieur à celui enregistré lors du précédent scrutin présidentiel. Un grand nombre de Finlandais vivant à l'étranger – environ 48 000 – ont également voté par anticipation, soit une hausse de 50% par rapport à 2006. "L'élection présidentielle motive les gens qui ne sont généralement pas intéressés par la politique" s'est réjoui Pekka Haavisto.

Les deux candidats pro-européens sont donc arrivés en tête et se retrouveront le 5 février pour le 2e tour. "Les politiques pro-européennes et le soutien à l'euro ont reçu une large approbation des électeurs" a déclaré Sauli Niinistö à l'issue de l'annonce des résultats. L'Europe, la crise de la zone euro et celle de la dette ont été au cœur de la campagne électorale. Sauli Niinistö comme Pekka Haavisto (et Paavo Lipponen) ont défendu l'Union européenne et insisté sur l'ancrage européen de la Finlande dont l'économie est très dépendante de ses exportations. "La Finlande s'est construite une position dans le monde grâce à son appartenance à l'Union européenne et à la zone euro" a répété Sauli Niinistö. "Cette élection présidentielle est une compétition entre les partisans d'une Finlande fermée qui souhaitent le retour de notre ancienne monnaie le mark et les partisans d'une plus forte coopération internationale et d'un rôle plus actif dans l'Union européenne mais aussi dans le monde" a déclaré Pekka Haavisto, qui a rappelé qu'une large majorité de Finlandais souhaitent garder l'euro.

A l'inverse, le centriste Paavo Väyrynen a fait campagne pour le retour au mark finlandais. Tout comme Timo Soini, il s'est déclaré opposé à ce qu'Helsinki prête davantage d'argent à Athènes, estimant que le gouvernement grec est le seul responsable de la situation catastrophique de son pays. "Les Finlandais qui ont traversé une très grave crise économique au début des années 1990 et ils s'en sont sortis tout seuls estiment que les Grecs pourraient faire de même" explique Jan Sundberg, politologue à l'université d'Helsinki.

Le président de la République ne possède, en Finlande, que des compétences limitées. Le chef de l'Etat dirige la politique étrangère et la défense du pays (en collaboration avec le gouvernement) mais n'a aucun pouvoir sur les affaires domestiques du pays. Le 21 octobre dernier, il a en outre perdu l'initiative de la politique européenne au profit du gouvernement après le vote de l'Eduskunta/Riksdag, chambre unique du Parlement, qui a modifié ses compétences. Le pays est désormais représenté au sein de l'Union européenne par son Premier ministre. Par ailleurs, les éventuels conflits entre le chef de l'Etat et le gouvernement seront dorénavant tranchés par le Parlement. Ces changements entreront en vigueur le 1er mars prochain, date à laquelle le successeur de Tarja Halonen prendra ses fonctions.

Les analystes politiques considèrent qu'une victoire de Sauli Niinistö ferait baisser la pression exercée sur le gouvernement finlandais pour qu'il adopte une position plus ferme sur la question de la crise de la dette. "Le résultat du 1er tour est significatif. Il a un impact sur les discussions politiques considérant les difficultés politiques actuelles de l'Europe" a analysé le politologue de l'université d'Helsinki, Tuomo Martikainen, qui parie sur une victoire du candidat du KOK le 5 février. Le gouvernement finlandais et la zone euro devraient convenir le 23 janvier de nouvelles règles pour le financement du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui fonctionnera en parallèle avec l'actuel fonds de secours de la zone euro – le Fonds européen de stabilité financière (FESF) – et qui disposera d'un capital de départ de 80 milliards € et d'un capital mobilisable de 620 milliards €. Helsinki est la seule capitale d'un pays de la zone euro à contester le nouveau système de vote à la majorité de 85% (plutôt qu'à l'unanimité), conçu pour surmonter l'opposition de "petits" pays et permettre d'assurer un soutien financier à ceux qui ont perdu la confiance des marchés. Un accord permettrait le lancement du Mécanisme européen de stabilité en juillet prochain.

"Je ne m'attends pas à de nouveaux thèmes à débattre durant la campagne du 2e tour" a souligné Sauli Niinistö. Au contraire, Pekka Haavisto a affirmé que "cette élection a montré que les gens étaient intéressés par d'autres sujets comme les discriminations ou les questions d'égalité. Ces thèmes seront eux aussi importants au second tour".

Paavo Väyrynen n'est pas parvenu à atteindre le 2D tour. Le résultat du social-démocrate constitue un sérieux revers pour son parti qui avait déjà échoué à franchir la barre des 20% des suffrages lors des dernières élections législatives du 17 avril 2011 (19,1% des voix). Pour la première fois dans l'histoire du pays, la "gauche" ne sera pas représentée au 2e tour de l'élection présidentielle. Paavo Lipponen, souvent considéré comme positionné à droite sur l'échiquier politique, a peiné à se distinguer de Sauli Niinistö tout au long de la campagne électorale.

Du côté des anti-Européens, la campagne du candidat centriste a gêné Timo Soini dont le résultat, faible comparativement à celui de son parti lors des élections législatives du 17 avril dernier, ne doit cependant pas laisser penser que les Vrais Finlandais sont sur le déclin, voire un parti fini. "C'est la première fois que les Vrais Finlandais essuient un échec depuis 2006. Ils sont en train de devenir un parti comme les autres et ils vont avoir besoin de retrouver leurs soutiens" a déclaré Ville Pernaa, directeur du Centre des études parlementaires de l'université de Turku. Une partie des électeurs eurosceptiques ont choisi de donner leurs suffrages à Paavo Väyrynen de façon à empêcher Timo Soini d'accéder au 2e tour.

L'élection présidentielle finlandaise se joue peu sur les programmes des candidats mais plutôt sur leur personnalité. L'analyste politique Olavi Borg considère que Pekka Haavisto a peu de chances de battre Sauli Niinistö lors du 2e tour. "Pour une grande partie de l'électorat, il est difficile de soutenir un candidat homosexuel" affirme-t-il. "La popularité de Sauli Niinistö sera plus large au 2e tour. Beaucoup de gens, et notamment les plus âgés, ne voteront pas pour Pekka Haavisto" ajoute Olavi Borg.

Une enquête d'opinion réalisée par l'institut Taloustutkimus et publiée par le quotidien Yle le 19 janvier dernier créditait le candidat du Rassemblement conservateur de 64% des suffrages pour 22% pour l'écologiste en cas de 2e tour opposant les deux hommes.

Source : Ministère de la Justice finlandais http://192.49.229.35/TP2012K1/s/tulos/tulos_kokomaa.html

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