Sauli Niinistö, grand favori de l'élection présidentielle finlandaise à une semaine du 1er tour de scrutin

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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16 janvier 2012
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Sauli Niinistö, grand favori de l'élection présidentielle finlandaise à une sema...

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Le 22 janvier, 4 402 622 Finlandais sont appelés aux urnes pour désigner le successeur de Tarja Halonen à la présidence de la République. Elue le 6 février 2000 et réélue en 2006, elle n'est pas autorisée à se représenter, la Constitution interdisant au chef de l'Etat d'exercer plus de deux mandats consécutifs.

Le vote par anticipation a débuté le 11 janvier et se terminera le 17 janvier. Habituellement, environ 40% des électeurs votent de cette façon. La participation devrait être élevée, l'élection présidentielle étant très populaire en Finlande. Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue lors du 1er tour, un 2e tour se déroulera le 5 février.

8 personnes sont officiellement candidates à la magistrature suprême en Finlande:

– Sauli Niinistö, 63 ans, candidat du Rassemblement conservateur (KOK) ;

– Paavo Väyrynen, 65 ans, candidat du Parti du centre (KESK) ;

– Paavo Lipponen, 70 ans, candidat du Parti social-démocrate (SPD) ;

– Timo Soini, 49 ans, leader des Vrais Finlandais (PS) ;

– Pekka Haavisto, 53 ans, candidat des Verts (VIHR) ;

– Sari Essayah, 44 ans, candidate du Parti démocrate-chrétien (SKL) ;

– Paavo Arhinmäki, 35 ans, candidat de l'Alliance des gauches (VAS) ;

– Eva Biaudet, 50 ans, candidate du Parti du peuple suédois (SFP).

A une semaine du 1er tour de scrutin, Sauli Niinistö est le grand favori. Selon les analystes politiques, il ne devrait cependant pas s'imposer dès le 22 janvier. Le nom du candidat qui arrivera en 2e position et sera amené à participer au 2e tour le 5 février est la grande interrogation de la campagne électorale. Selon les enquêtes d'opinion, le populiste Timo Soini, le centriste Paavo Väyrynen, l'écologiste Pekka Haavisto et le social-démocrate Paavo Lipponen sont tous les quatre susceptibles d'atteindre le 2e tour. Heikki Paloheimo, professeur de science politique à l'université de Tampere, estime que l'écart entre Sauli Niinistö et les autres candidats devrait se réduire au fur et à mesure que l'on se rapproche du 22 janvier.

En position de repli dans les enquêtes d'opinion, Paavo Lipponen est très engagé dans cette fin de campagne. Il se veut le candidat le plus "réaliste" de l'élection présidentielle et accuse Sauli Niinistö de ne pas posséder de ligne politique claire. Il se pose en défenseur de l'Union européenne et notamment de l'euro, une position pas toujours facile alors que les Finlandais sont de plus en plus critiques à l'égard de l'Europe, voire de plus en plus eurosceptiques. Néanmoins, les deux tiers des Finlandais (64%) déclarent souhaiter que leur pays conserve la monnaie unique selon l'enquête d'opinion publiée le 27 décembre dernier. "Paavo Lipponen ose être ce qu'il est parce qu'il n'a rien à perdre aux élections" affirme Goran Djupsund, professeur de sciences politiques de l'université Abo Akademi à Vaasa.

Paavo Lipponen se décrit comme celui qui a empêché l'adhésion de la Finlande à l'OTAN, un sujet qu'il souhaite voir débattu dans la campagne électorale. Les 8 candidats sont opposés à l'adhésion de leur pays au traité de l'Atlantique nord. Le centriste Paavo Väyrynen et le candidat de l'Alliance des gauches, Paavo Arhinmäki, sont résolument contre ; les 6 autres estiment que si le sujet n'est pas d'actualité, le débat reste possible, voire qu'il pourrait être nécessaire. Dans un entretien accordé au journal Ilta-Sanomat, Sauli Niinistö a indiqué ne pas être certain que l'adhésion de la Finlande à l'OTAN renforcerait la sécurité des Finlandais et rappelé que les coûts de l'adhésion étaient mal connus.

Pour l'heure, la proportion de Finlandais défavorables à une entrée d'Helsinki à l'OTAN est la plus haute jamais enregistrée. Elle s'établit à 68% dans une enquête d'opinion réalisée par TNS Gallup et publiée par le quotidien Helsingin Sanomat en janvier.

Paavo Lipponen peine cependant à se différencier de Sauli Niinistö. Il connaît également des difficultés à rassembler sur son nom l'ensemble de la gauche. Récemment, la secrétaire générale de l'Alliance des gauches, Sirpa Puhalkka, a déclaré qu'il n'était pas un véritable représentant de la gauche. Il pâtit de la popularité du candidat du KOK auprès des électeurs les plus âgés qui habituellement sont les plus nombreux à voter en faveur du SPD.

Si Paavo Lipponen, ou Paavo Arhinmäki, ne parviennent pas à prendre la 2e place le 22 janvier prochain, la gauche ne serait alors pas représentée au 2e tour, ce qui constituerait une première dans l'histoire de la Finlande et un résultat catastrophique pour les sociaux-démocrates qui n'avaient pas franchi la barre des 20% des suffrages lors des élections législatives du 17 avril 2011 (19,1% des voix).

Comme lors de ce dernier scrutin, l'attitude à l'égard de l'Union européenne s'est imposée comme un clivage essentiel de l'élection présidentielle, qui pourrait s'avérer "décisif" selon le politologue Ville Pitkänen de l'université de Turku dans le cas où Sauli Niinistö serait opposé Paavo Väyrynen ou Timo Soini, tous deux candidats eurosceptiques, lors du 2e tour.

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Taloustutkimus et publiée par le quotidien Helsingin Sanomat le 9 janvier, Sauli Niinistö est toujours en tête des intentions de vote pour le 1er tour avec 37% des suffrages. Pekka Haavisto arriverait en 2e position avec 8,3% des voix, suivi par Paavo Väyrynen 8,2%, Timo Soini 7%, Paavo Lipponen et Paavo Arhinmäki 4% chacun. Les deux candidates ferment le ban : Eva Biaudet est créditée de 2% et Sari Essayah de 1%. Environ trois personnes sur dix (29%) déclarent toutefois ne pas encore avoir fait leur choix

Les Finlandais souhaitent que leur prochain président de la République se montre pragmatique et capable de médiation. Ils expriment le désir que le chef de l'Etat évoque les questions des droits de l'Homme lors de ses visites officielles dans les pays où ceux-ci sont malmenés ou violés.

Source : Helsingin Sanomat

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