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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Comme prévu par toutes les enquêtes d'opinion, le Parti de la réforme (ER) du Premier ministre Andrus Ansip est arrivé largement en tête des élections législatives le 6 mars en Estonie. Il a recueilli 28,6% des suffrages et remporté 33 sièges (+ 2 par rapport au précédent scrutin du 4 mars 2007). Il devance son allié au sein de la coalition gouvernementale, l'Union pour la patrie-Res Publica (IRL) de Mart Laar, qui a obtenu 20,5% des voix et 23 sièges (+ 4). Ensemble, les deux partis du gouvernement sortant ont remporté 56 sièges, soit la majorité absolue du Riigikogu (Parlement).
Le Parti du centre (K) reste le principal parti d'opposition avec 23,3% des suffrages et 26 sièges (- 3). Le Parti social-démocrate (SDE) de Sven Mikser, a recueilli 17,1% des voix et 19 sièges (+ 9).
Le nouveau parlement ne comptera que 4 partis. Les Verts d'Estonie (EEE) avec 3,8% et l'Union du peuple estonien (ERL) avec 2,1% ont échoué à recueillir les 5% de suffrages exprimés indispensable pour obtenir des députés.
La participation s'est élevée à 62,9%, +1 par rapport au scrutin législatif du 4 mars 2007.
140 846 électeurs, soit 24,5% des votants (+110 121 qu'il y a 4 ans), avaient choisi de remplir leur devoir citoyen via internet. Le vote en ligne était autorisé entre le 24 février et le 2 mars. 2 300 Estoniens vivant à l'étranger ont également voté. C'est au consulat de Toronto au Canada (371) et à l'ambassade d'Helsinki (346) qu'ils ont été les plus nombreux.
"Je remercie tous ceux qui ont voté pour le Parti de la réforme. Nous avons remporté le nombre de sièges que nous espérions" a déclaré le Premier ministre. "Ma priorité est de la poursuivre avec notre partenaire actuel, l'Union pour la patrie-Res Publica" a-t-il indiqué. "Considérant la confiance que nous ont exprimé les électeurs et compte tenu de la proximité de nos programmes, la coalition sortante actuelle apparaît comme le gouvernement le plus probable" a déclaré le leader de ce parti, Mart Laar.
A la tête du gouvernement depuis avril 2005, Andrus Ansip a donc remporté un large succès. Il a mené en réaction à la crise économique internationale une politique de grande austérité (baisse des salaires publics et hausse des impôts) qui a permis à l'Estonie, très affectée par le choc, de ne pas sombrer. Alors que le pays connaissait en 2009 une récession de 14%, il a enregistré une croissance de 6,4% fin 2010. En 2011, Tallinn devrait voir son PIB augmenter de 4,2%, soit le taux le plus élevé de l'Union européenne. Le déficit public estonien s'établit à 1,6% du PIB, soit au-dessous des 3% préconisés par le Pacte de stabilité et de croissance, et son taux d'endettement est de très loin le plus faible des 27 (9,5% pour 86,5% en moyenne dans l'Union européenne). Le gouvernement s'est engagé à atteindre l'équilibre budgétaire d'ici à 2014. Seul bémol à cette réussite : le taux de chômage qui s'élève à 10,4% de la population active.
Andrus Ansip peut également s'enorgueillir d'avoir permis à son pays de rejoindre l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) le 9 décembre dernier et, surtout, d'avoir intégré l'Union économique et monétaire le 1er janvier 2011 en adoptant la monnaie unique, l'euro. Le Premier ministre s'est engagé à baisser les impôts et à investir davantage dans l'éducation. Il devra également réformer le système social pour faire face au vieillissement de la population.
Agé de 54 ans, Andrus Ansip est originaire de Tartu, deuxième ville du pays. Il a fait des études de chimie puis d'agronomie et débuté sa carrière à l'université de Tartu. Après l'indépendance retrouvée du pays en 1991, il exerce plusieurs activités, notamment dans le secteur bancaire. Il est élu maire de Tartu en 1998 sous l'étiquette du Parti de la réforme puis nommé ministre des Affaires économiques et des Communications en 2004. Cette même année, il prend la tête du parti après le départ pour Bruxelles de Siim Kallas, nommé commissaire européen. En avril 2005, Andrus Ansip succède à Juhan Parts (IRL) à la tête du gouvernement. En mars 2007, il remporte les élections législatives en faisant du Parti de la réforme le principal parti politique et devient le premier chef du gouvernement à être reconduit à son poste. Le 6 mars 2011, Andrus Ansip s'est de nouveau imposé largement et devrait donc passer 4 années supplémentaires à la Maison Stenbok, nom de la résidence des Premier ministres estoniens.
5 mois après leurs voisins lettons qui, le 2 octobre dernier, ont reconduit leur Premier ministre sortant Valdis Dombrovskis (Nouvelle ère, JL) à la tête du pays, les Estoniens ont choisi la continuité en plaçant en tête les deux partis de la coalition gouvernementale sortante. "La reprise est là et les Estoniens sont convaincus du fait que la croissance se maintiendra s'ils poursuivent sur cette même politique" analyse le directeur du Centre européen d'économie politique internationale, Fredrik Erixon.
Les résultats du scrutin témoignent de la consolidation de la scène politique estonienne. Ils pourraient entraîner des changements dans l'opposition de gauche, notamment au sein du Parti du centre. Enfin, le scrutin législatif est un signal positif pour le président de la République, soutenu par le Parti de la réforme, Toomas Hendrik Ilves, candidat à sa succession lors de l'élection présidentielle qui aura lieu l'été prochain.
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