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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
La Slovénie organisera le 23 mars prochain deux référendums simultanés sur l'adhésion à l'Union européenne et sur l'intégration à l'OTAN. Le 27 février dernier, la Slovénie a amendé sa Constitution par un vote du Parlement pour permettre le transfert d'une partie de la souveraineté de l'Etat à l'Union européenne après l'adhésion qui aura lieu le 1er mai 2004. Ces amendements rendent contraignants les résultats des référendums sur l'adhésion à l'Union et à l'OTAN.
La candidature de la Slovénie à l'Union européenne
Déjà très performante au temps de l'ex-Yougoslavie, la Slovénie est le plus prospère des dix pays d'Europe centrale et orientale qui devraient rejoindre l'Union européenne. Avec un PIB par habitant de 16 000 euros (en SPA), soit 69% de la moyenne communautaire, les Slovènes se situent loin devant les Hongrois (11 900 euros), soit 51% de la moyenne communautaire ou les Polonais (9 200 dollars), soit 40% de la moyenne communautaire. Le taux de croissance du PIB atteint 3%, le déficit budgétaire est de 2,9% (contre 9% en République tchèque), la dette publique représente 23.3% du PIB (contre 53% en Hongrie). Seule l'inflation reste importante, puisqu'elle s'élève à 9,4% en 2002. La Slovénie possède de solides infrastructures et une main d'œuvre qualifiée qui ont largement contribué au développement économique du pays.
Le pays se fait fort « d'apporter à l'Union européenne sa connaissance des Balkans » selon l'ambassadeur de la Commission européenne en Slovénie, Erwan Fouere. « Avec notre expérience, nous sommes à même d'apporter une contribution positive au rôle de l'Union européenne dans les Balkans » a souligné Dimitri Rupel, ministre des Affaires étrangères, au Conseil européen de Copenhague des 12 et 13 décembre 2002. Rassurés sur leur avenir européen, les Slovènes regardent de nouveau vers les Balkans. L'adhésion de la République alpine à l'Union devrait donc parachever la rupture du pays avec l'ex-Yougoslavie et lui permettre d'établir des relations plus sereines et fructueuses avec ses voisins du Sud.
Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par le Centre pour la recherche sur l'opinion publique de l'université de Ljubljana et publiée dans le journal Delo le 26 février dernier, le soutien à l'adhésion à l'Union européenne est de plus en plus élevée parmi la population : 64% des Slovènes y sont favorables, 8% hostiles, 28% se déclarant sans opinion.
L'adhésion à l'OTAN
Si la Slovénie est le seul des sept Etats - invités à rejoindre l'Alliance atlantique lors du sommet de Prague des 17 et 18 novembre 2002 - à organiser un référendum sur son adhésion, elle est également le pays où l'opinion publique est la moins favorable à une entrée dans l'OTAN. Selon la dernière enquête d'opinion effectuée sur le sujet du 17 au 19 février et publiée par le Centre de recherche de l'université de Ljubljana, le taux de soutien de la population à une adhésion a chuté de sept points depuis décembre dernier passant de 44% à 37%. Les opposants à l'adhésion sont également en recul à 36% (moins trois points) alors que les indécis progressent fortement (plus dix points) passant de 17% à 27%.
Au cours des dernières années, le soutien à l'OTAN a régulièrement baissé. En janvier 1997, selon une enquête d'opinion réalisée par le Centre de la recherche publique pour la communication de la faculté des sciences sociales de l'université de Ljubljana, 61,3% de Slovènes se déclaraient favorables à l'intégration de leur pays à l'organisation transatlantique contre 21,5% qui y étaient opposés. Mais les Slovènes ne semblent plus actuellement considérer l'adhésion à l'Alliance comme essentielle pour leur sécurité, ou tout au moins ressentent-ils moins que d'autres pays d'Europe centrale et orientale le besoin d'être protégés de la Russie. Certains experts mettent en avant que la Slovénie pourrait difficilement se défendre contre une attaque et qu'il serait plus intéressant pour le pays de rester en dehors de l'Alliance atlantique et de négocier un accord bilatéral avec, d'un côté, ses pays voisins et, de l'autre, l'OTAN. D'autres, comme le Recteur de l'université de Ljubljana, mettent en avant le danger que représenterait l'adhésion : « Comme la plus grande menace actuelle est le terrorisme, l'adhésion à l'OTAN pourrait augmenter le risque d'une attaque contre la Slovénie » a récemment déclaré Joze Mencinger.
En outre, certains critiquent l'Alliance en raison du temps qu'elle a mis à intervenir lors de la guerre du Kosovo quand d'autres lui reprochent les morts de civils et les destructions qu'ont causé ses attaques en ex-Yougoslavie. Par ailleurs, le coût de l'adhésion fait également débat. L'OTAN demande en effet à ses futurs adhérents d'affecter 2% de leur PIB à la défense, ce qui représente une hausse considérable du budget slovène consacré à ce poste qui représente actuellement 1,7% du PIB. Le Parlement slovène a voté début janvier une loi de modernisation des armées et augmenté le budget national de la défense : dans les dix prochaines années, celui-ci devrait passer de 1,87% à 2,3% du PIB.
Les enquêtes d'opinion montrent que les opposants à l'OTAN se situent en majorité dans la classe d'âge entre 30 et 45 ans, possèdent un niveau d'éducation élevé, vivent en ville et sont politiquement proches des formations social-démocrate et libérale. Quant aux partisans de l'intégration dans l'Alliance, ils vivent essentiellement en milieu rural et sont politiquement plus proches des partis conservateurs. De leur côté, l'ensemble des formations politiques slovènes soutiennent l'adhésion. « Nous devons être conscients qu'en cas de rejet de l'OTAN, la sécurité de la Slovénie se détériorera significativement » a averti le ministre des Affaires étrangères, Dimitri Rupel, ajoutant « Si nous ne devenions pas membre des deux organisations, ce serait un pas en arrière. Cela signifierait affaiblir la Slovénie et donnerait une chance à tous ceux qui ne veulent pas de nous ». Le gouvernement a récemment lancé une campagne de communication sur le sujet, utilisant l'ensemble des ressources disponibles pour informer la population. Le service gouvernemental de l'information a ainsi été doté d'une somme de près de six millions d'euros à cet effet. Un site internet a également été inauguré le jour de la visite du secrétaire général de l'OTAN dans le pays. Les autorités slovènes craignent dorénavant que le soutien à l'OTAN chute encore en cas d'intervention américaine contre l'Irak.
A trois semaines des référendums, l'entrée de la Slovénie dans l'Union européenne paraît acquise. En revanche, l'adhésion à l'OTAN est beaucoup moins assurée.
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