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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
« La Slovénie : chez elle dans l'Europe, en sécurité dans l'OTAN », tel est le slogan du gouvernement slovène pour inciter la population à voter « oui » aux deux référendums qui se dérouleront le 23 mars prochain dans le pays ; le premier sur l'adhésion de la Slovénie à l'Union européenne et le second sur l'intégration du pays dans l'OTAN.
A une semaine du scrutin, l'adhésion à l'Union européenne paraît acquise, les deux tiers des Slovènes y étant favorables selon toutes les enquêtes d'opinion. Le 6 mars dernier, le Président de la Commission européenne, Romano Prodi, s'est rendu en Slovénie pour une visite de deux jours, accompagné de Günther Verheugen, commissaire européen à l'élargissement. Il a tenu à souligner que l'Union européenne n'était pas seulement une affaire de quotas et de directives : « Une Europe unie est synonyme de paix, de stabilité et de démocratie, d'Etat de droit et de prospérité » rappelant que « la Slovénie verra sa souveraineté et son identité renforcées par son entrée dans l'Union, ne serait-ce que par l'accession du slovène au statut de langue européenne officielle ». Le commissaire européen a précisé que les deux référendums devaient être dissociés et qu'il ne s'agissait en aucun cas d'un choix entre les deux organisations : « Vous ne devez laisser personne vous placer devant un dilemme, soit adhérer à l'Union européenne soit adhérer à l'OTAN, les deux organisations apportent un type différent de sécurité » a déclaré Günther Verheugen.
Si la population slovène soutient majoritairement l'adhésion à l'Union européenne, partisans et adversaires de l'intégration dans l'OTAN sont, à une semaine du scrutin, quasiment à égalité dans toutes les enquêtes d'opinion. George Robertson, secrétaire général de l'OTAN, attendu cette semaine à Ljubljana, a donné le 4 mars une interview à la presse slovène invitée à visiter le quartier général de l'Alliance atlantique : « L'adhésion à l'OTAN constitue pour la Slovénie une opportunité unique », rappelant « ce que l'OTAN avait fait pour la Slovénie durant les années de guerre froide, permettant au pays de connaître une démocratie stable et prospère ». « Si l'OTAN n'avait pas existé, vous ne pourriez aujourd'hui converser librement avec moi » a t-il souligné.
Les débats publics se multiplient à travers le pays autour de la nécessité -ou de l'intérêt- pour les Slovènes d'adhérer à l'Alliance atlantique. De nombreuses voix s'élèvent pour vaincre les réticences de la population envers l'OTAN et démontrer que la neutralité militaire, qu'une part importante des Slovènes semblent actuellement préférer à l'adhésion, ne constitue pas une réelle protection. « La neutralité n'est pas une solution pour la Slovénie, ne serait-ce qu'à cause de la situation géographique du pays» a déclaré George Robertson. Les hommes politiques tentent de démontrer qu'en dépit de l'effort financier que constitue l'adhésion à l'Alliance atlantique, celle-ci reste le meilleur choix économique, le pays n'ayant pas les moyens d'assurer seul sa sécurité.
Le gouvernement, très impliqué dans la campagne en faveur de l'adhésion à l'OTAN, n'a cependant pas souhaité couvrir les murs d'affiches appelant à voter « oui » au référendum du 23 mars de peur « qu'une campagne classique soit assimilée à celle du lancement d'un produit et n'ait finalement l'effet inverse à celui escompté » selon les propres mots de Gregor Krajc, responsable de la campagne du gouvernement pour le référendum.
Si la plupart des analystes s'accordent à penser que les Slovènes se prononceront finalement en faveur de l'adhésion à l'OTAN, beaucoup craignent qu'une intervention militaire en Irak, très impopulaire parmi la population slovène surtout si celle-ci avait lieu sans le consentement des Nations Unies, ne fasse grossir les rangs des adversaires de l'intégration. Le ministre des Affaires étrangères, Dimitri Rupel, a signé le 5 février dernier « l'Appel de Vilnius » émanant de dix pays d'Europe centrale et orientale et soutenant la politique américaine envers l'Irak. Peu après, le Premier ministre Anton Rop a pris ses distances avec la position de son ministre en soulignant que la Slovénie était favorable à la poursuite des inspections et que la guerre ne devait être que l'ultime recours. Mi-février, le gouvernement slovène a d'ailleurs repoussé l'examen d'une demande de transfert de matériel militaire via la Slovénie présentée par les Etats-Unis.
Le 6 mars dernier, recevant Romano Prodi, le Premier ministre Anton Rop a mis en garde les Slovènes contre un « non » à l'OTAN : « Si la Slovénie rejetait l'adhésion, elle réduirait sa crédibilité, sa position et sa force sur la scène internationale ». De son côté, le président de la Commission européenne a souligné qu'il serait très heureux si les Slovènes disent « oui » à l'Union européenne, ajoutant que « voter « oui » à l'OTAN constituerait un plus ». « Nous ne savons pas ce que sera devenue l'OTAN dans dix ou quinze ans ; des évolutions seront probablement nécessaires et, dans ce cas, il vaudra mieux en faire partie qu'être à l'extérieur » a t-il conclu.
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