Actualité
Fondation Robert Schuman
-
Versions disponibles :
FR
ENFondation Robert Schuman
Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), dirigé par Mark Rutte, et le Parti du travail (PvdA) de Job Cohen sont au coude-à-coude après les élections législatives du 9 juin aux Pays-Bas. Le parti libéral augmente son nombre de députés à la Chambre des Etats généraux, (Tweede Kamer), Chambre basse du Parlement de 9 par rapport aux dernières élections législatives du 22 novembre 2006 en recueillant 31 sièges tandis que les Travaillistes, qui résistent mieux que prévu, reculent de 2 sièges et obtiennent 30 députés.
Le Parti de la liberté (PVV), formation d'extrême droite dirigée par Geert Wilders, remporte 24 sièges (+ 16). L'Appel chrétien-démocrate (CDA) du Premier ministre sortant, Jan Peter Balkenende, usé par ses huit années au pouvoir, est le grand perdant du scrutin. Avec 21 députés, il divise son nombre de sièges par deux. "C'est dramatique. Le message est très clair, les électeurs ont toujours raison et ils nous ont infligé une sévère défaite" a déclaré le ministre sortant des Affaires étrangères, Maxime Verhagen (CDA). Le Premier ministre sortant a annoncé son retrait de la vie politique.
"Les électeurs ont parlé, le résultat est clair. Dans une élection, il y a des vainqueurs et des perdants, c'est ainsi que fonctionne la démocratie. J'ai fait savoir ce soir que je renonçais immédiatement à diriger mon parti. Je ne serai pas membre de la nouvelle Chambre basse du Parlement. Les résultats de ces élections sont très décevants, c'est une claque" a-t-il déclaré.
Le Parti socialiste (SP), formation d'extrême gauche, arrive en 5e position et obtient 15 sièges (- 10) ; la Gauche verte (GL) 10 sièges (+ 3) ; les Démocrates 66, libéraux réformateurs de centre gauche, 10 sièges (+ 7) ; l'Union chrétienne (CU), 5 sièges (- 1) ; le Parti politique réformé (SGP), 2 sièges (=) et le Parti des animaux (PvdD), 2 députés (=).
La participation est en recul par rapport aux élections législatives du 22 novembre 2006. Elle s'est élevée à 74,5%, soit -3,9 points.
"Cela va être des élections tout à fait historiques : nous allons probablement avoir pour la première fois depuis 1913 un Premier ministre libéral" déclarait la veille du scrutin le politologue de l'université Vrije d'Amsterdam, André Krouwel. Ce dernier avait vu juste et les Libéraux sont bien partis pour diriger le pays près d'un siècle après la coalition gouvernementale conduite par Pieter Cort van der Linden (1913-1918). "Quelle soirée ! Quelle excitation ! Il semble que pour la première fois de son histoire, le Parti populaire pour la liberté et la démocratie est le plus grand parti des Pays-Bas !" s'est réjoui Mark Rutte.
Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) s'est fixé pour objectif de ramener le déficit public (qui atteignait 5,3% du PIB en 2009) à zéro en réduisant de 10% (soit 20 milliards €) les dépenses annuelles de l'Etat dès 2015. Opposé à toute hausse d'impôts, son leader, Mark Rutte, préconise la limitation des coûts administratifs ainsi que des coupes dans les dépenses sociales. Il s'est également engagé à négocier rapidement un accord de gouvernement afin de présenter un budget solide en septembre prochain (celui-ci doit être voté le 21 septembre). Les Libéraux préconisent la mise en place d'un plan d'austérité qui prévoit la suppression des indemnités chômage au bout d'un an (au lieu de 3 actuellement), le recul de 2 ans de l'âge de la retraite (fixé à 65 ans actuellement) – une mesure sur laquelle la grande majorité des partis politiques sont d'accord –, une réduction de moitié du budget de la coopération et enfin une réduction de la contribution des Pays-Bas à l'Union européenne. Dans le domaine fiscal, les Libéraux envisagent la suppression, à terme, des droits de succession et le maintien d'importantes déductions fiscales pour les personnes qui acquièrent un logement. Enfin, en matière d'immigration, le programme du VVD prévoit de rendre obligatoire l'apprentissage de la langue néerlandaise et de supprimer durant 10 ans toute aide publique pour les étrangers qui obtiendraient le droit de s'installer dans le royaume.
"Grandiose !" s'est réjoui le leader du Parti de la liberté (PVV), Geert Wilders, à l'annonce des résultats. "Plus de sécurité, moins de criminalité, moins d'immigration, mois d'islam, voilà ce que les Pays-Bas ont choisi" a-t-il ajouté. Si le PVV fait mieux que doubler son nombre de députés, il n'arrive qu'en 3e position et son résultat est au-dessous de la cote de popularité qui était la sienne il y a encore quelques mois. Le PVV a sans doute pâti de son attitude après les élections locales du 3 mars dernier (lorsqu'il a choisi de rester dans l'opposition au conseil municipal de la ville d'Almere où il était arrivé en tête du scrutin) faisant douter de sa capacité à gouverner et, surtout, du fait que les questions socioéconomiques (finances publiques, crise grecque, incertitudes sur l'euro et retraites, un sujet-clé dans un pays où une grande partie de la population a placé son argent dans des fonds de pension) ont détrôné l'immigration et le rapport à l'islam en tête des préoccupations des Néerlandais. Ces évolutions ont en revanche bénéficié au VVD, jugé plus crédible dans le domaine économique, notamment en ce qui concerne la création d'emplois.
"Geert Wilders pourrait bien capter plus de 10% de l'électorat et ce n'est pas rien. Mais trois raisons expliquent qu'il n'ira pas au-delà : il n'est pas convaincant sur le plan économique, son parti n'a nulle part assumé ses responsabilités après son récent succès aux élections municipales, son électorat modéré l'a fui lorsque s'est imposée la question de l'intérêt réel du pays" analyse le sociologue Paul Scheffer. "Nous voulons gouverner et nous devons être prêts à faire des concessions" a déclaré Geert Wilders précisant sa préférence pour un accord avec le VVD et le CDA du Premier ministre sortant, Jan Peter Balkenende.
Le mode de scrutin – proportionnelle intégrale – fait qu'aucun parti ne peut jamais gouverner seul aux Pays-Bas. Le VVD devrait donc être amené à négocier avec les autres partis pour former une coalition gouvernementale. "Il sera très difficile de former un gouvernement avec 3 ou 4 partis, qu'il faudra trouver à droite comme à gauche. Ce serait très surprenant si nous pouvions avoir un gouvernement avant 2 mois" déclarait le sondeur Maurice de Hond avant le scrutin. "Si le Parti du travail et le Parti populaire pour la liberté et la démocratie sont très proches, il ne sera pas facile de savoir qui doit former le gouvernement. L'image du parti qui lancera les négociations pourrait être sérieusement affectée si ces dernières ne débouchent pas sur une coalition gouvernementale" a indiqué le professeur de science politique de l'université de Twente, Kees Arts.
Interrogé sur ses préférences, Mark Rutte a déclaré le 7 juin lors du dernier débat télévisé de la campagne électorale "n'exclure aucun parti". Deux possibilités s'ouvrent à lui : un gouvernement de droite ou, en dépit de leurs nombreuses différences, une grande coalition avec le PvdA, qui pourraient toutefois choisir de rester dans l'opposition. "Je ne pense pas que nous allons travailler avec Geert Wilders. Cela a toujours été ma position et je n'ai pas changé" a indiqué le leader du PvdA, Job Cohen.
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, trois mois en moyenne ont été nécessaires aux hommes politiques néerlandais pour former le gouvernement après le scrutin. En 1977, il a même fallu 208 jours, soit 7 mois, aux partis en présence. Mark Rutte a indiqué qu'il souhaitait que la nouvelle coalition gouvernementale soit formée d'ici le 1er juillet prochain.
Sur le même thème
Pour aller plus loin
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
16 décembre 2024
Élections en Europe
6 décembre 2024
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
2 décembre 2024
Élections en Europe
Corinne Deloy
—
2 décembre 2024
La Lettre
Schuman
L'actualité européenne de la semaine
Unique en son genre, avec ses 200 000 abonnées et ses éditions en 6 langues (français, anglais, allemand, espagnol, polonais et ukrainien), elle apporte jusqu'à vous, depuis 15 ans, un condensé de l'actualité européenne, plus nécessaire aujourd'hui que jamais
Versions :