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Élections en Europe
Corinne Deloy
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8,4 millions d'électeurs tchèques sont appelés aux urnes les 13 et 14 janvier 2023 pour le premier tour de l'élection présidentielle. Ils éliront le quatrième président du pays après Vaclav Havel (1993-2003), Vaclav Klaus (2003-2013) et Milos Zeman (2013-2023). Le vote se déroule traditionnellement sur deux jours : il débute le vendredi à 14h et se clôt le samedi à la même heure, les bureaux de vote fermant entre 22h le vendredi et 8h le samedi. Si aucun candidat n'obtient plus de la moitié des suffrages le 14 janvier, un deuxième tour sera organisé les 27 et 28 janvier entre les deux arrivés en tête au premier tour.
Les candidats
9 personnes sont officiellement candidates : - Andrej Babis (ANO qui signifie à la fois "oui" et Action des citoyens insatisfaits), ancien Premier ministre (2017-2021) ; - Petr Pavel, indépendant, ancien président du comité militaire de l'OTAN et ancien chef d'état-major (2012-2015), a pour slogan "ramener l'ordre et le calme" ; - Danuse Nerudova, indépendante, économiste, ancienne rectrice de l'université Tomas Masaryk de Brno. Elle a dirigé un comité national sur les retraites équitables et elle a été conseillère informelle du gouvernement pendant la crise sanitaire de Covid-19 ; - Pavel Fischer, indépendant, sénateur, ancien ambassadeur de la République tchèque en France (2003-2010) et ancien directeur de l'institut STEM, a pour slogan " La première place pour la République tchèque". Il a été candidat à l'élection présidentielle des 12-13 et 26-27 janvier 2018 où il avait recueilli 10,23% des suffrages au premier tour ; - Marek Hilser, indépendant, médecin et sénateur, a concouru aussi lors du précédent scrutin présidentiel de 2018 où il a obtenu 8,84% des voix ; - Josef Stredula, indépendant, président de la Confédération des syndicats de Bohême-Moravie depuis 2014, soutenu par le Parti social-démocrate (CSSD) ; - Denisa Rohanova, indépendante, présidente de l'association de défense des personnes surendettées; - Jaroslav Basta (Liberté et démocratie directe, SPD), député et ancien ambassadeur en Russie (2000-2005) et en Ukraine (2007-2010) ; - Tomas Zima, indépendant, ancien recteur de l'université Charles de Prague.
Les forces en présence
Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Median, Danuse Nerudova arriverait en tête du premier tour avec 28% des suffrages ; la candidate semble attirer sur son nom les voix des plus progressistes comme des plus jeunes électeurs. Elle serait suivie d'Andrej Babis, 26,5%, et de Petr Pavel, 23,5%. Pavel Fischer remporterait 5,5% des voix. Les 5 autres candidats seraient au-dessous de 5% des suffrages. La coalition Spolu (Ensemble), qui rassemble le Parti démocrate-civique (ODS) du Premier ministre Petr Fiala, l'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple (KDU-CSL) et Tradition, responsabilité, prospérité 09 (TOP 09), soutient trois candidats : Petr Pavel, Danuse Nerudova et Pavel Fischer. Le chef du gouvernement a toutefois exprimé sa préférence personnelle pour Petr Pavel. Le président de la République sortant, Milos Zeman, a déclaré qu'il souhaitait voir Andrej Babis lui succéder au Château de Prague, résidence officielle du président tchèque. Celui-ci a pour avantage d'être très connu mais cet avantage a son revers : il est en effet également l'un des hommes politiques les plus détestés de République tchèque. Andrej Babis fait l'objet d'une enquête pénale, accusé du délit de fraude et d'atteinte volontaire aux intérêts financiers de l'Union européenne pour avoir fait sortir de son groupe Agrofert, spécialisé dans l'alimentation, la chimie et le médias, le Nid de cigognes, complexe agricole ultra-moderne comprenant une ferme, un hôtel et un zoo, situé près de Prague, de façon à le rendre éligible à une subvention européenne de 2 millions € destinée aux petites entreprises. Le capital du Nid de cigognes avait été transféré à des actionnaires anonymes, ce qui est interdit en République tchèque. Le Premier ministre Petr Fiala a accusé Andrej Babis de concourir à l'élection présidentielle dans le but d'obtenir une immunité qui lui permettrait d'échapper - pour un temps - à la justice. Pour l'heure, Andrej Babis a refusé de participer à tout débat organisé dans le cadre de la campagne électorale.
La fonction présidentielle en République tchèque
Le chef de l'Etat représente la République tchèque à l'étranger. Il négocie et ratifie les traités internationaux et il est le chef des forces armées. Il dispose du pouvoir de renvoyer une loi devant le parlement, à l'exception des lois constitutionnelles. Le président de la République nomme les juges de la Cour constitutionnelle, son président et ses vice-présidents et les membres du conseil bancaire de la Banque centrale. Le Sénat peut, avec l'accord de la Chambre des députés, déposer une plainte contre le chef de l'Etat devant la Cour constitutionnelle, non seulement pour trahison mais également si la chambre haute estime que le président de la République a violé la Constitution ou l'ordre constitutionnel. Une telle plainte nécessite toutefois l'approbation des trois cinquièmes des sénateurs et des deux tiers des députés. Le chef de l'Etat tchèque est élu au suffrage universel direct depuis le 1er octobre 2012. Pour se présenter au scrutin présidentiel, tout candidat doit être âgé de 40 ans minimum et recueillir le parrainage d'au moins 20 députés, d'au moins 10 sénateurs ou encore les signatures de 50 000 électeurs. Le mandat de l'actuel président de la République Milos Zeman prendra fin le 8 mars 2023. Le nouveau chef de l'Etat devrait prêter serment le 9 mars.
Rappel des résultats de l'élection présidentielle des 12-13 et 26-27 janvier 2018 en République tchèque
Participation : 61,88% (1er tour) et 66,57% (2e tour)
Source : Commission électorale tchèque
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