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Corinne Deloy
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Petr Pavel (indépendant) et Andrej Babis (ANO qui signifie "oui" et "Action des citoyens insatisfaits") sont arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle tchèque les 13 et 14 janvier. Général à la retraite (depuis 2018), Petr Pavel a recueilli 35,4% des suffrages et Andrej Babis, ancien Premier ministre (2017-2021), 34,99%. L'écart entre les deux candidats est le plus ténu jamais observé lors du 1er tour d'une élection présidentielle en République tchèque. L'ancienne rectrice de l'université Tomas Masaryk de Brno, Danuse Nerudova (indépendante), est arrivée en troisième position avec 13,93%. Le désistement de Josef Stredula (indépendant), président de la Confédération des syndicats de Bohême-Moravie depuis 2014 qui était soutenu par le Parti social-démocrate (CSSD), au profit de Danuse Nerudova ne semble pas avoir porté ses fruits. Il faut dire qu'il était crédité d'un faible pourcentage de voix dans les enquêtes d'opinion. Pavel Fischer (indépendant), sénateur, ancien ambassadeur de la République tchèque en France (2003-2010) et directeur de l'institut STEM, a pris la quatrième place avec 6,75%. Il est suivi de Jaroslav Basta (Liberté et démocratie directe, SPD), qui a recueilli 4,45%. Les trois autres candidats (Marek Hilser, Karel Divis et Tomas Zima) ont chacun obtenu moins de 3%. On notera que les Tchèques résidant à l'étranger ont plébiscité Petr Pavel à qui ils ont accordé 55,94% de leurs suffrages. Danuse Nerudova a pris la 2e place avec 28,48% des voix de cet électorat ; Pavel Fischer a recueilli 7,03% et Andrej Babis est arrivé en 4e position avec 4,07%. Le 2e tour du scrutin présidentiel se tiendra les 27 et 28 janvier prochains Il opposera Petr Pavel et Andrej Babis, le vainqueur remplacera Milos Zeman qui ne peut pas se représenter La participation s'est élevée à 68,24%, soit + 6,36 points ra rapport au premier tour de l'élection présidentielle des 12-13 janvier 2018.
Résultats du premier tour de l'élection présidentielle des 13-14 janvier 2023 en République tchèque
Participation : 68,24%
Source : Commission électorale tchèque Après avoir déposé son bulletin dans l'urne, Petr Pavel, ancien président du comité militaire de l'OTAN et chef d'état-major de l'armée tchèque (2012-2015), qui a choisi comme slogan "Ramener l'ordre et le calme en République tchèque", a déclaré qu'il souhaitait restaurer la dignité de la fonction présidentielle, très abimée selon lui après les dix ans de mandat de Milos Zeman. "Le danger, c'est que non seulement nous glissions vers le populisme mais que nous nous écartions de la voie que nous avons suivie pendant 30 ans. Une voie clairement en faveur de la démocratie, de l'Occident et de l'Europe" Le général à la retraite a fait de la question de la défense de la démocratie et de l'Occident le thème principal du 2e tour. Petr Pavel a présenté ses excuses à plusieurs reprises pour "la faute que j'ai commise en adhérant au Parti communiste en 1982". "Je suis né dans une famille où l'appartenance au Parti communiste était considérée comme normale. Je n'avais pas assez d'informations et d'expérience pour évaluer la nature criminelle du régime. Maintenant, je sais que c'était une erreur" a-t-il précisé, ajoutant "A tous ceux qui ont souffert de ce régime, dont j'ai fait partie, je présente mes excuses" Il a néanmoins indiqué qu'il avait plus tard, à la tête de l'état-major de l'armée tchèque, puis à la présidence du Comité militaire de l'OTAN, prouvé qu'il était désormais et depuis longtemps au service de la démocratie. "Je crois que mes actes montrent clairement les valeurs que je défends et le fait que je suis prêt à me battre pour les préserver". Petr Pavel est soutenu par la coalition au pouvoir Spolu (Ensemble), qui rassemble le Parti démocrate-civique (ODS) du Premier ministre Petr Fiala, l'Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple (KDU-CSL) et Tradition, responsabilité, prospérité 09 (TOP 09). Andrej Babis est soutenu par le président sortant Milos Zeman, qui a déclaré qu'il souhaitait voir l'ancien chef du gouvernement lui succéder au Château de Prague, résidence officielle du président tchèque. "La République tchèque doit avoir un chef de l'Etat doté d'une expérience politique et parmi tous les candidats en lice, l'ancien Premier ministre est le seul à posséder une telle expérience" a affirmé Milos Zeman, ajoutant. "Personne ne souhaite être opéré par un chirurgien qui n'a pas fait d'études de médecine". Il a réaffirmé son soutien à Andrej Babis à l'issue du 1er tour et déclaré que Petr Pavel était le "candidat du gouvernement". Andrej Babis a l'avantage d'être connu de ses compatriotes mais cet avantage a son revers : il est également l'un des hommes politiques les plus détestés de République tchèque. Le 9 janvier dernier, il a été acquitté dans une affaire où il était accusé de délit de fraude et d'atteinte volontaire aux intérêts financiers de l'Union européenne pour avoir fait sortir de son groupe Agrofert, spécialisé dans l'alimentation, la chimie et le médias, Le Nid de cigognes, complexe agricole ultra-moderne comprenant une ferme, un hôtel et un zoo, situé près de Prague, de façon à le rendre éligible à une subvention européenne de 2 millions € destinée aux petites entreprises. Le juge Jan Sott a expliqué que son témoignage était très peu véridique et même contraire à certaines preuves mais que l'accusation n'avait pas présenté de preuves de culpabilité satisfaisantes et que le tribunal pénal n'avait donc pas d'autre possibilité que d'acquitter Andrej Babis. Les enquêtes d'opinion créditent Petr Pavel de la victoire au 2e tour. Il a reçu le soutien de Danuse Nerudova, de Pavel Fischer et de Marek Hilser. "L'élection présidentielle est en quelque sorte un référendum sur la démocratie libérale, car elle oppose Andrej Babis à deux opposants démocrates libéraux" a déclaré l'analyste politique Jiri Pehe. Le Premier ministre Petr Fiala a fait état de son soutien à Petr Pavel, en opposant une vision "populiste et une tendance pro-russe" (Babis) à une vision "démocratique, le respect de la Constitution et une orientation pro-occidentale" (Pavel). Jiri Pehe considère que l'ancien Premier ministre, personnalité controversée et polarisante, a peu de chances de remporter le scrutin. Andrej Babis a en effet commencé sa campagne électorale de 2e tour en attaquant son adversaire, mettant en avant son passé militaire dans les services de renseignements sous le régime communiste et le comparant au président russe Vladimir Poutine. "Cette rhétorique d'Andrej Babis peut attirer une partie des électeurs de l'électorat de Jaroslav Basta. La question est de savoir si le potentiel de tous ceux qui sont prêts à voter a déjà été épuisé" a déclaré le professeur de science politique de l'université Tomas Mazaryk de Brno, ajoutant. "Andrej Babis croit que sa rhétorique fortement conflictuelle peut pousser un plus grand nombre de personnes à voter au deuxième tour de l'élection présidentielle". Enfin, pour de nombreux Tchèques, il est assez affligeant d'avoir à choisir, pour occuper la plus haute fonction du pays, entre deux candidats qui ont appartenu à l'élite militaire et économique de l'époque communiste, trente-quatre ans après la chute du mur de Berlin.
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