Elections législatives en Lituanie Le point à une semaine du scrutin

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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6 octobre 2008
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Elections législatives en Lituanie Le point à une semaine du scrutin

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Environ 1 500 candidats issus de 21 partis sont en lice pour les élections législatives qui se dérouleront le 12 octobre en Lituanie. Les partis présents sont :

- le Parti social-démocrate (LSP), dirigé par l'actuel Premier ministre Gediminas Kirkilas ;

- l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK), parti d'opposition situé à droite et dirigé par Andrius Kubikius ;

- Nouvelle Union-Parti social libéral (NS-SL), dirigé par l'actuel ministre de l'Environnement, Arturas Paulauskas ;

- le Mouvement libéral, dirigé par Eligijus Masilius ;

- l'Action électorale polonaise (LLRA), parti représentant la minorité polonaise de Lituanie et dirigé par Waldemar Tomaszewski ;

- l'Union paysanne populaire (LVLS), conduite par l'ancienne Premier ministre (1990-1991) Kazimiera Danute Prunskiene ;

- Pour l'ordre et la justice (TT), créé et dirigé par l'ancien Président de la République (2003-2004) Rolandas Paksas ;

- le Parti du travail (DP), parti populiste conduit par le milliardaire d'origine russe Viktor Ouspaskitch ;

- l'Union libérale-Union du centre (LLC-LSC), membre de la coalition gouvernementale et dirigée par Arturas Zuokas.

70 députés seront élus au scrutin proportionnel le 12 octobre. Les 71 autres membres du Seimas, Chambre unique du Parlement, seront désignés au système majoritaire et donc élus lors du 2e tour de scrutin, le 26 octobre, à l'exception de ceux qui auront remporté la majorité absolue dès le 1er tour le 12 octobre (sous condition que la participation atteigne au moins 40% ou, si elle est inférieure, qu'ils recueillent les suffrages d'au moins 1/5e des inscrits).

Deux mois après l'intervention de l'armée russe en Géorgie, l'Union de la patrie-Conservateurs (TS/LK) a fait de la sécurité l'un des axes de son programme. Le parti est opposé à la proposition du Parti social-démocrate (LSP) de supprimer le service militaire et de remplacer l'armée d'appelés par une armée de professionnels. Il estime que la Russie voisine fait peser une menace sur la sécurité nationale et craint la percée des partis populistes pro-russes lors du scrutin du 12 octobre prochain. En cas de victoire du TS/LK aux élections législatives, Vytautas Landsbergis, père de l'indépendance lituanienne, pourrait devenir ministre des Affaires étrangères.

De son côté, Pour l'ordre et la justice (TT) s'élève contre les déclarations d'Andrius Kubikius, leader du TS/LK. "Alors que la politique de l'Union européenne est de s'efforcer à entretenir le dialogue avec la Russie, un parti politique lituanien tente d'engager les habitants de Lituanie dans un conflit armé avec la Russie. C'est un facteur potentiel de guerre" affirme le parti de Rolandas Paksas, qui voit dans les propos d'Andrius Kubikius selon lesquels les investissements russes en Lituanie constituent une menace directe sur la sécurité du pays des provocations lancées pour faire monter la tension politique. Le parti TT rappelle que les investissements russes ne représentent que 12% des investissements directs reçus par l'ensemble les entreprises lituaniennes.

Le parti a déposé au Seimas un texte visant à inscrire l'établissement des bases militaires de l'OTAN dans la Constitution, une proposition contre laquelle s'est élevée le TS/LK. "Leur refus peut s'expliquer de cette façon : les Conservateurs affirment certaines choses et agissent à l'inverse : ce qui veut dire qu'il ne veulent pas des bases de l'OTAN et des forces du traité pour l'Atlantique Nord pour défendre la Lituanie en cas de danger" a indiqué Valentinas Mazuronis, présidente du groupe parlementaire TT, qui n'a pas hésité à qualifier le parti d'Andrius Kubilius de "5e colonne". Les suffrages d'au moins 36 parlementaires sont nécessaires pour que le Seimas commence à examiner un texte porteur d'une initiative pour modifier la Loi fondamentale.

"Il sera difficile de former une coalition arc-en-ciel avec les partis traditionnels et pourtant, considérant la situation actuelle, celle-ci serait bénéfique au pays" a affirmé le Président de la République, Valdas Adamkus. La coalition arc-en-ciel est celle rassemblant l le Parti social-démocrate (LSP) et l'Union de la patrie-Conservateurs (TS/LK). Le Chef de l'Etat a par ailleurs critiqué les partis qui font des promesses populistes qu'ils ne pourront tenir en cas de victoire. Le Parti du travail, Pour l'ordre et la justice et l'Union paysanne populaire sont visés même si ces partis ne sont pas nommément cités.

Valdas Adamkus s'est également opposé au référendum organisé également le 12 octobre sur la poursuite du fonctionnement de la centrale nucléaire d'Ignalina. Dans cette consultation populaire, les Lituaniens sont appelés à se prononcer sur l'avenir de la centrale qui, selon les directives européennes que la Lituanie s'est engagée à respecter lors de son entrée dans l'Union européenne en 2004, doit cesser toute activité en 2009. Vilnius a plusieurs fois tenté de convaincre l'Union qu'Ignalina pouvait fonctionner en toute sécurité jusqu'en 2015, date à laquelle les Etats baltes et la Pologne doivent conjointement construire une nouvelle centrale.

Selon le Président de la République, qui a indiqué qu'il voterait blanc le 12 octobre prochain, cette consultation populaire se joue des électeurs et le problème d'Ignalina doit être réglé d'une autre façon. "Il est injuste de jouer avec l'électorat. Le référendum n'impressionnera pas l'Union européenne et ses résultats pourront nous être néfastes. La Lituanie doit respecter ses engagements internationaux" a-t-il rappelé dans le quotidien Kauno Dienas.

Les députés du Seimas ont voté en faveur de l'organisation de ce référendum le 14 juillet dernier par 88 voix, contre 5 et 11 abstentions. Les partisans de cette consultation populaire mettent en avant le fait que l'Union européenne ne peut ignorer l'opinion publique ainsi que les perspectives d'augmentation des prix de l'énergie. La Lituanie voit dans la poursuite du fonctionnement de la centrale nucléaire d'Ignalina le moyen de diminuer sa dépendance à l'égard du gaz et de l'électricité russes.

Ce référendum est consultatif. La participation de la moitié des inscrits est par ailleurs indispensable pour qu'il puisse être considéré comme valide.

Les Lituaniens devraient se prononcer en faveur de la poursuite du fonctionnement de la centrale nucléaire d'Ignalina à une large majorité.

Concernant les élections législatives, beaucoup dépendra de la participation. Si celle-ci est faible, le scrutin devrait être favorable aux partis populistes. Selon les dernières enquêtes d'opinion, 5 partis sont quasiment assurés de dépasser le seuil de 5% des suffrages exprimés indispensables pour être représentés au Seimas : le Parti social-démocrate (LSP), l'Union de la patrie-Conservateurs-Parti chrétien-démocrate (TS/LK), Pour l'ordre et la justice (TT), le Parti du travail (DP) et l'Union paysanne (LVLS). Les choses pourraient être plus difficiles pour l'Union libérale-Union du centre (LLC-LSC) et la Nouvelle Union-Parti social libéral (NS-SL).

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