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Le gouvernement socialiste de José Socrates est reconduit au Portugal

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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28 septembre 2009
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

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Le Parti socialiste (PS) du Premier ministre sortant José Socrates a remporté le 27 septembre les élections législatives au Portugal. Il recueille 36,50% des suffrages et 96 sièges (- 25 par rapport au précédent scrutin du 20 février 2005) pour 29% (78 sièges, + 3) au principal parti d'opposition, le Parti social-démocrate (PSD), emmené par Manuela Ferreira Leite, qui remporte l'un des résultats les plus faibles de son histoire. Cette baisse profite au Parti populaire (PP) de Paulo Portas qui enregistre une forte progression et arrive en 3e position avec 10,41% des suffrages (21 sièges, + 11). Les partis de gauche confirment leur poussée enregistrée lors des dernières élections européennes. Le Bloc de gauche (BE), dirigé par Francisco Louca, recueille 9,13% des voix (16 sièges, + 8) et la Coalition Parti communiste-Verts, emmenée par Jeronimo de Sousa, obtient 8,60%. (15, - 1 siège).

La participation est la plus faible jamais enregistrée au Portugal. Elle s'est élevée à 60,60%, soit -3,66 points par rapport au scrutin législatif du 20 février 2005.

"Nous avons été choisis une fois de plus pour gouverner le Portugal. C'est une victoire extraordinaire et sans ambiguïté" a souligné le Premier ministre José Socrates. "Le Parti socialiste a obtenu une victoire claire et sans équivoque dans des conditions difficiles" s'est réjoui le ministre du Travail, José Vieira da Silva.

Le PS avait centré sa campagne électorale sur la nécessité de recourir aux dépenses publiques pour relancer l'économie fortement touchée par la crise économique internationale et lutter contre le chômage en mettant en place plusieurs réformes structurelles. José Socrates avait également défendu sa politique de rigueur budgétaire, affirmant qu'elle lui avait permis de "moderniser le pays et de mieux résister à la crise". Faute de majorité absolue, le PS devra cependant constituer un gouvernement de coalition et trouver, selon les dossiers, des accords avec le PSD, par exemple sur les finances publiques,ou avec les partis de gauche pour des mesures plus sociales.

Interrogé sur la formation d'une coalition, exclue avant les élections législatives par le PSD comme par les partis d'extrême gauche, José Socrates a répondu qu'il était "tôt pour en parler" et souligné qu'il fallait attendre la désignation du nouveau Premier ministre par le Président de la République, Anibal Cavaco Silva (PSD). "Ensuite, je consulterai toutes les formations parlementaires. C'est ce qui correspond à la volonté du peuple portugais" a t-il conclu.

"Les électeurs semblent privilégier la stabilité gouvernementale face à une opposition qui n'a pas présenté d'alternative convaincante" indiquait l'analyste politique Pedro Magalhaes juste avant le scrutin législatif. "Le Portugal ne fait finalement qu'opérer un retour à sa "normalité" politique, avec un électorat qui se disperse parmi les 5 grands partis du pays. Les circonstances qui ont mené le PS à une majorité absolue en 2005 ne pouvaient quasiment pas se répéter" a souligné Rui Oliveira Costa, analyste à l'institut d'opinion Eurosondagem.

Agé de 52 ans et natif de Porto, le Premier ministre José Socrates est ingénieur de formation. Membre du PS depuis 1981, il a été élu au Parlement en 1987 et s'y est notamment illustré dans la défense des droits des consommateurs. En 1988, l'hebdomadaire L'Expresso le qualifiait de "meilleur nouveau député du pays". Devenu secrétaire national du PS en 1991, José Socrates est nommé 4 ans plus tard secrétaire d'Etat à l'Environnement, puis ministre adjoint au Premier ministre de l'époque Antonio Gutteres (PS), responsable de la Jeunesse, des Sports et de la Lutte contre la drogue. Nommé ministre de l'Aménagement du territoire en 1999, il obtient que le Portugal soit désigné comme pays organisateur du championnat d'Europe de football en juin 2004. L'année suivante, il accède au poste de Premier ministre à la faveur de la victoire du PS aux élections législatives du 20 février 2005.

A la tête du pays durant ces 4 dernières années, José Socrates a contribué à faire évoluer la société portugaise, notamment en faisant voter la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse et en prenant la défense du mariage homosexuel. Il a durant son mandat mis en oeuvre une politique d'austérité, effectuant des coupes dans certains budgets sociaux, poursuivant les privatisations et faisant voter des mesures impopulaires comme la hausse de la TVA, le gel des carrières des fonctionnaires ou encore le relèvement de l'âge de la retraite. S'il a en partie atteint son objectif, à savoir le redressement des finances publiques, en réduisant considérablement le déficit public, la crise économique internationale a malheureusement quasiment réduit à néant pratiquement les efforts effectués par les Portugais depuis 3 ans.

Le Portugal a connu de nombreux gouvernements minoritaires. Un seul (celui dirigé par le socialiste Antonio Guterres entre 1995 et 1999) est parvenu à aller à son terme depuis la révolution des œillets du 25 avril 1974 (qui a vu la chute du régime dictatorial institué en 1932 par Antonio Oliveira Salazar) et le retour du Portugal à la démocratie. "Le pays fait face à de sérieux défis. Cette législature mérite la stabilité" a déclaré José Socrates juste après l'annonce des résultats. Le Premier ministre a promis de faire de l'emploi la priorité de son futur gouvernement. Le taux de chômage s'élève au Portugal à 9,1% de population active, soit le chiffre le plus élevé depuis 23 ans.

Source : Commission électorale du Portugal

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