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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
494 289 Monténégrins sont appelés aux urnes le 29 mars prochain pour des élections législatives anticipées (le mandat arrivait à terme d'ici un an). Des élections locales anticipées seront organisées ce même jour dans les villes de Zabljak, Tivat, Cetinje, Niksic et Budva.
6 coalitions et 8 partis politiques se présentent aux suffrages des électeurs :
- la coalition "Le Monténégro européen" formée de l'Union démocratique des socialistes (DPS) du Premier ministre sortant Milo Djukanovic, du Parti social-démocrate (SPD) de Ranko Krivokapic, du Parti bosniaque (BS) de Rafet Husovic et d'Initiative citoyenne croate (HI) ;
- la coalition rassemblant le Parti libéral (LP) et le Centre démocratique (DC) dirigé par Goran Batricevic ;
- la coalition formée par le Parti populaire (NS) et le Parti démocratique serbe(DSS) ;
- la coalition rassemblant la Liste nationale serbe (SSR) et le Parti des populistes serbes ;
- la coalition des formations albanophones : Alliance démocratique, Alternative albanaise (AA) et le groupe des citoyens de Tuzi ;
- la coalition formée par le Parti bosniaque démocratique et la Communauté démocratique des Bosniaques Musulmans ;
- le Parti populaire socialiste (SNP) de Srdjan Milic ;
- le Mouvement pour le changement (GZP) dirigé par Nebojsa Medojevic ;
- l'Union démocratique des Albanais (DUA-UDSh) ;
- la Nouvelle démocratie serbe (NOVA) dirigée par Andrija Mandic;
- le Parti patriotique serbe ;
- le Parti de la prospérité démocratique ;
- le Parti des retraités et des invalides ;
- Forca.
Une polémique a éclaté à propos du nombre élevé de partis candidats au scrutin du 29 mars. Pour beaucoup, le fait que la loi électorale, qui accorde 13 000 € pour chaque parti se présentant aux suffrages des électeurs sans considération du nombre de suffrages recueillis par celui-ci, encourage les candidatures plus intéressées par le pécule que par le débat public.
L'ensemble des enquêtes d'opinion donnent l'Union démocratique des socialistes (DPS), au pouvoir depuis 15 ans, victorieuse le 29 mars. Selon Predrag Sekulic, directeur politique du DPS, le parti devrait remporter environ 52% des suffrages et obtenir entre 43 et 45 des 81 sièges du Parlement (la coalition gouvernementale actuelle DPS-SDP en compte 41). Alors que certains analystes prédisent que le parti, dominant la scène politique, pourrait remporter seul ces élections législatives, Milo Djukanovic n'a pas jugé bon de courir ce risque et a préféré tenter d'élargir sa base électorale, un pari assez logique en ces temps de crise économique internationale.
"Il n'est pas exclu que la coalition gouvernementale s'élargisse, pas forcément par l'octroi de portefeuilles ministériels, c'est-à-dire l'entrée formelle d'un autre parti dans la coalition, mais par d'autres moyens. Par exemple, des postes plus importants pourraient être offerts dans l'administration parlementaire, dans divers organismes proches de l'Etat, dans les bureaux de représentation diplomatiques, les organisations internationales, les structures de sécurité et de l'armée, les conseils d'administration des entreprises publiques, etc." analyse Srdjan Darmanovic, doyen de la faculté des Sciences politiques de l'université de Podgorica. "Je ne serai pas surpris de voir l'Union démocratique des socialistes inviter le Parti populaire socialiste à le rejoindre dans la coalition à l'issue des élections législatives car c'est une formation qui a promu l'œcuménisme et l'unité avec ardeur" affirme le professeur Svetozar Jovicevic, ancien membre du Mouvement pour le changement devenu président du conseil politique du Centre démocratique.
L'opposition se présente divisée devant les électeurs. Srdjan Darmanovic estime que les chances de l'opposition sont "quasi nulles". "Les partis vont surtout lutter pour se repositionner sur le nouveau spectre politique du Monténégro" indique t-il affirmant que les partis d'opposition devraient comprendre que le KO n'est pas la seule voie pour arriver au pouvoir et qu'il est temps pour eux d'envisager un rapprochement, voire une coalition, avec les partis au pouvoir.
Nebojsa Medojevic, leader du Mouvement pour le changement, accuse le Parti populaire socialiste (SNP) de Srdjan Milic d'être responsable de l'échec de l'union des forces de l'opposition. De leur côté, le Centre démocratique (mouvement dissident du Mouvement pour le changement créé en février et dirigé par Goran Batricevic) et le Parti libéral sont parvenus à constituer une alliance électorale pour le scrutin du 29 mars. Le 24 janvier dernier, le Parti populaire serbe d'Andrija Mandic s'est transformé en un nouveau parti, Nouvelle démocratie serbe. "Nouvelle démocratie serbe a certainement perdu avec le départ d'un certain nombre de dissidents mais il me semble qu'elle a des chances de conserver une bonne place au Parlement" déclare Srdjan Darmanovic, qui doute en revanche que la Liste nationale serbe (SNL) puisse véritablement s'implanter dans le pays, les formations radicales n'ayant jamais séduit les électeurs monténégrins.
Le gouvernement monténégrin de Milo Djukanovic a justifié la tenue de ces élections législatives anticipées entre autres par le fait qu'il doit préparer la candidature du Monténégro à l'adhésion à l'Union européenne, un sujet qui fait consensus dans la classe politique. Le pays a fait acte de candidature le 15 décembre 2008, mais sa candidature a été bloquée au Conseil de l'Union européenne avant même que la Commission ait pu donner son avis sur l'état de préparation du pays. Le Commissaire européen à l'Elargissement Olli Rehn a appelé le 10 mars dernier les Etats membres à ne pas retarder le lancement de la procédure technique. Il a rappelé qu'une pause dans l'élargissement représenterait une sérieuse menace pour la stabilisation des Balkans pour lesquelles la perspective d'adhésion à l'Union européenne constitue "un moteur essentiel pour les réformes et un ancrage de stabilité".
La dernière enquête d'opinion réalisée par le CEDEM crédite la coalition "Le Monténégro européen" de 51,2% des suffrages. Le Parti populaire socialiste (SNP) recueillerait 16,8% des voix, Nouvelle démocratie 12% et le Mouvement pour le changement 6,3%. Selon tous les sondages, la coalition "Le Monténégro européen" devrait largement s'imposer le 29 mars prochain. Deux ans après la déclaration d'indépendance, les forces de l'opposition, plus divisées qu'en 2006, ont encore un long chemin à parcourir avant de représenter une alternative crédible aux yeux des électeurs monténégrins.
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