Le Chef de l'Etat sortant, Traian Basescu (Parti démocrate-libéral, PD-L), a remporté le 6 décembre le 2e tour de l'élection présidentielle, un scrutin considéré comme l'un des plus importants de l'histoire du pays vingt ans après la chute du dictateur communiste, Nicolae Ceaucescu. Recueillant 50,33% des suffrages, il a battu le leader du Parti social-démocrate (PSD) et actuel président du Sénat roumain, Mircea Geoana qui a obtenu 49,66% des voix.

Lors du 1er tour le 22 novembre, les deux hommes étaient arrivés en tête, Traian Basescu avec 32,44% devançant Mircea Geoana 31,15%. Ce dernier était cependant donné favori du 2e tour par tous les instituts d'opinion après le ralliement de la 3e force politique, le Parti national-libéral (PNL), à sa candidature. Le président sortant a donc fait mentir les enquêtes d'opinion qui créditaient son rival d'environ 54% des suffrages.

La participation s'est élevée à 56,99%, soit + 2,62 points par rapport au 1er tour.

Les deux hommes ont chacun revendiqué la victoire à l'annonce des premiers résultats ; les sondages sortie des urnes ont donné majoritairement la victoire à Mircea Geoana avant que le dépouillement ne fasse apparaître la victoire du Président sortant. On a donc assisté à un remake de l'élection présidentielle des 28 novembre et 12 décembre 2004 où Traian Basescu avait d'abord été donné perdant avant de s'imposer d'une courte tête (51,23%) sur son adversaire, le social-démocrate Adrian Nastase (48,77%).

"J'ai vaincu. Je vous assure qu'à 19h, les sondages corrects montraient que j'avais dépassé Mircea Geoana" affirmait Traian Basescu dès la fermeture des bureaux de vote, contestant les enquêtes d'opinion et évoquant des "manipulations" de la part des chaînes de télévision. "Vous verrez les manipulations sur les chaînes de télévision, qui les pratiquent depuis 3 ans. Aujourd'hui, vous pouvez me faire pleinement confiance quand je vous dis que j'ai gagné" répétait-il.

Traian Basescu est favorable à une "accélération des réformes", notamment dans les domaines de l'éducation et sur le fonctionnement de l'Etat. Il s'est également prononcé pour une baisse des dépenses publiques.

Le Président de la République devra rapidement nommer un nouveau Premier ministre qui sera chargé de former un gouvernement stable afin de relancer les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un prêt de 20 milliards €. Depuis l'éclatement de la coalition entre le PD-L et le PSD le 1er octobre dernier et le vote par le Parlement 12 jours plus tard d'une motion de censure qui a entraîné la chute du gouvernement emmené par Emil Boc (PD-L), la Roumanie est dirigée par un gouvernement intérimaire.

Traian Basescu a affirmé que le PD-L, isolé après l'accord signé entre le PSD et le PNL entre les 2 tours de l'élection présidentielle, parviendra à trouver des partenaires de gouvernement. Le 4 décembre dernier, il a lancé un appel au PNL, indiquant que la Roumanie avait besoin d'une alliance des partis de droite afin de mener à bien les réformes.

Le nouveau gouvernement devra également faire adopter rapidement le projet de budget 2010, indispensable pour le versement par le FMI de la 1ère tranche d'aide d'1,5 milliard € de leur prêt total de 20 milliards €. Le FMI a indiqué qu'il ne reprendrait les discussions avec les autorités roumaines qu'après la nomination d'un nouveau gouvernement.

Agé de 58 ans et surnommé "Popeye" en raison de son passé d'officier de la marine marchande, Traian Basescu est diplômé de diplômé de l'Institut naval de Constanza. Ministre des Transports entre 1991 et 1992, puis entre 1996 et 2000, il a été élu maire de Bucarest en 2000 et reconduit à ce poste dès le 1er tour en 2004 s'imposant déjà d'une courte tête devant le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Mircea Geoana. En 2004, la défection, pour raisons de santé, de Theodor Dimitriu Stolojan fait de Traian Basescu le candidat de son parti à l'élection présidentielle qu'il remporte par une étroite marge. Suspendu de ses fonctions du 20 avril 2007 au 23 mai 2007 par un vote du Parlement – les parlementaires l'accusaient entre autres de violation de la Constitution –, Traian Basescu retrouve son poste après le succès du référendum du 19 mai 2007 lors duquel 74,48% des électeurs refusent sa destitution.

"Quel qu'il soit, le Président n'aura pas le temps de faire la fête. Il devra résoudre la situation critique où se trouve le pays et colmater les failles qui se sont créées au sein de la société" a indiqué l'analyste politique Emil Hurezeanu sur la chaîne de télévision Realitatea TV. En effet, après dix années d'une exceptionnelle croissance, le PIB roumain, qui s'élevait à 7,1% en 2008, devrait se contracter de 7,5% en 2009 (et de 1% en 2010). Le déficit public devrait atteindre 7,3% du PIB et le taux de chômage s'établir à 7,5% de la population active à la fin 2009. Le leu, monnaie nationale, s'est déprécié de 4,7% de sa valeur face à l'euro depuis le début de l'année. Le Président dispose désormais de 3 années sans élections pour parvenir à sortir la Roumanie de la crise économique et engager les réformes nécessaires à la modernisation du pays.

Source : Site internet du Bureau central électoral roumain :http://www.bec2009p.ro/rezultate.html