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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Le 22 novembre dernier, le Président de la République sortant Traian Basescu (Parti démocrate-libéral, PD-L) est arrivé en tête du 1er tour de l'élection présidentielle roumaine en recueillant 32,44% des suffrages. Il a devancé Mircea Geoana, leader du Parti social-démocrate (PSD), qui obtient 31,15% des voix. Les deux hommes s'affronteront lors du 2e tour le 6 décembre prochain.
La question des alliances a donc été au cœur de tous les débats de l'entre deux tours. Crin Antonescu (Parti national-libéral, PNL), candidat malheureux au scrutin présidentiel (20,02% des suffrages), a exclu dès le lendemain du 1er tour un soutien de son parti au Président sortant Traian Basescu. La société roumaine, peu structurée par les clivages idéologiques, permet les accords les plus surprenants, y compris entre formations opposées.
Le 25 novembre dernier, le PNL, positionné à droite sur l'échiquier politique, a ainsi signé un accord avec le PSD de Mircea Geoana en vue de former une nouvelle majorité et un gouvernement commun sur un programme de sortie de crise économique. Mircea Geoana a qualifié ce programme de "forme de social-démocratie avec des accents libéraux".
L'accord est conditionné à la nomination du maire de Sibiu, Klaus Johannis (Forum démocratique des Allemands de Sibiu, DFDH) au poste de Premier ministre ainsi qu'au maintien du taux de l'impôt sur le revenu et sur les sociétés à 16% (taux en vigueur depuis janvier 2005), à une réduction de la fiscalité et à l'élimination du seuil minimal de l'impôt sur les entreprises. Le prochain gouvernement devrait compter 18 ministres, 9 seraient détenus par le PSD, 7 par le PNL et 2 par l'Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR), représentant les intérêts de la minorité hongroise du pays (1,4 million de personnes, soit 6% de la population) qui a décidé d'accorder son soutien à Mircea Geoana lors du 2e tour. L'électorat de l'UDMR dont le candidat Hunor Kelemen est arrivé 5e lors du 1er tour avec 3,83% des suffrages, est traditionnellement très discipliné et devrait donc suivre les consignes de vote des leaders du parti.
Le 30 novembre dernier, le Président Traian Basescu a répété dans un entretien donné au quotidien Romania Libera sa volonté de voir l'Etat roumain se réformer, se déclarant "déçu de ne pas avoir gagné la bataille contre la corruption". "On ne peut corriger l'Histoire avec un mandat de 5 ans" a-t-il souligné. Traian Basescu a plusieurs fois déclaré au cours des dernières semaines qu'il souhaitait effectuer un 2e mandat à la tête de l'Etat pour terminer son travail. "Si je remporte l'élection présidentielle, je gouvernerai avec le Parti national-libéral" a indiqué le Président sortant. Visant le PNL, il a condamné les partis politiques qui, alors qu'ils revendiquent une position sur la droite de l'échiquier politique, "s'opposent aux réformes de l'Etat et se déclarent prêts à conclure des alliances avec des partis favorables à l'impôt progressif".
Un référendum sur la réforme du Parlement était organisé le même jour que le 1er tour de l'élection présidentielle. Une large majorité de Roumains se sont prononcés en faveur d'un Parlement monocaméral (77,39%) et un nombre encore plus grand ont accepté la réduction du nombre des parlementaires (88,87%). La participation s'est élevée à 50,61%. "La haine des députés est très populaire en Roumanie. C'est la raison pour laquelle le Président de la République a décidé de rassembler son électorat autour de ce thème" souligne le politologue Sorin Ionita.
Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont estimé que le 1er tour s'était déroulé "généralement" en conformité avec les standards internationaux, indiquant toutefois que "certaines déficiences" devaient être promptement corrigées. L'OSCE a fait état de 1 059 réclamations enregistrées par le ministère de l'Intérieur, ce dernier ayant identifié 72 violations de la loi électorale (essentiellement des votes multiples et des achats de vote).
Au-delà de la bataille pour la victoire le 6 décembre, une autre tâche, très difficile, attend le vainqueur de l'élection présidentielle roumaine : celle de sortir la Roumanie des graves crises économique et politique dans lesquelles le pays se débat depuis plusieurs semaines.
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