Le Chef de l'Etat sortant Filip Vujanovic (Union démocratique des socialistes, DPS) a été réélu à la tête du Monténégro lors du 1er tour de l'élection présidentielle qui se déroulait le 6 avril. Il a recueilli 51,4% des suffrages, devançant Andrija Mandic (Parti populaire serbe, SNS) 20,4%, Nebojsa Medojevic, président du Mouvement pour le changement (PZP) 15,7% et le leader du Parti socialiste populaire (SNP), Srdjan Milic 12,5%.

La participation s'est élevée à 69%, soit très largement au-dessus de celle enregistrée lors de l'élection présidentielle du 11 mai 2003 (+ 20,6 points).

"J'ai gagné pour le Monténégro et pour son avenir" a déclaré le Chef de l'Etat dès l'annonce des résultats affirmant qu'il serait "le Président de la République de tout le peuple du Monténégro". "Le consensus autour d'une politique pro-européenne incarnée dans l'Union démocratique des socialistes et le Président du Monténégro est de plus en plus large" a souligné le Premier ministre Milo Djukanovic (DPS) en saluant la victoire de son fidèle allié. "Ces candidats qui étaient opposés à l'indépendance du Monténégro il y a deux ans (Andrija Mandic et Nebojsa Medojevic) n'ont pas le droit moral de mener le pays" avait déclaré Filip Vujanovic. "Je m'attends absolument à une victoire dès le 1er tour" avait-il indiqué après avoir voté à Podgorica.

La victoire du Président sortant conforte encore la place et le rôle de l'Union démocratique des socialistes, qui gouverne le pays depuis 17 ans. "Nous avons gagné l'indépendance, nous devons maintenant nous consacrer à une vie meilleure, à de nouvelles valeurs et entamer le combat pour un Monténégro au sein de l'Union européenne. Les élections montrent que la majorité des Monténégrins soutient notre politique et veulent continuer la politique d'intégration du pays à l'Union européenne" a affirmé Filip Vujanovic.

"Je ne suis pas content des résultats qui ont montré que les citoyens du Monténégro ne sont toujours pas prêts à soutenir un candidat démocratique" a déclaré Nebojsa Medojevic à l'annonce des résultats. Le leader du Mouvement pour le changement se disait pourtant "très optimiste", affirmant même "ce soir, je proclamerai la victoire de l'opposition démocratique monténégrine, ce qui marquera la fin d'un régime totalitaire". Nebojsa Medojevic a mené une campagne acharnée contre l'Union démocratique des socialistes et ses leaders qu'il accuse de corruption et de dictature. "Le Monténégro est un pays indépendant mais il a encore besoin de devenir un Etat libre et démocratique et de se débarrasser de son régime corrompu et dictatorial" a-t-il affirmé.

Andrija Mandic a défendu tout au long de la campagne les droits des "Serbes" du Monténégro. "Quoi qu'on en dise, le Monténégro reste un Etat serbe" répète t-il. Le candidat du Parti populaire serbe est également le leader de la Liste serbe, une coalition qui regroupe, outre son parti, le Parti radical serbe (SSR) de Tomislav Nikolic, le Parti populaire socialiste (NSS) de Novo Vujosevic, le Parti démocratique de l'unité (DSJ) de Zoran Zizic, le Conseil national serbe (SNV) de Momcilo Vuksanovic et l'Alternative académique de Vojin Grubac.

Agé de 53 ans, Filip Vujanovic est diplômé de droit de l'université de Belgrade. Avocat, il commence sa carrière politique en 1993 comme ministre de la Justice (1993-95) puis de l'Intérieur (1995-98) dans le gouvernement dirigé par Milo Djukanovic. En 1997, lorsque l'Union démocratique des socialistes (DPS) se scinde en deux branches, l'une emmenée par un proche de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic, Momir Bulatovic, et l'autre dirigée par Milo Djukanovic, Filip Vujanovic reste fidèle à ce dernier. En 1998, il est nommé Premier ministre, poste qu'il occupera jusqu'aux élections législatives du 20 octobre 2002 avant de devenir Président du Parlement monténégrin. Le 11 mai 2003, après l'invalidation de deux élections présidentielles desquelles il était arrivé largement en tête (mais auxquelles moins de la moitié des électeurs inscrits avaient participé, ce qui avait invalidé les scrutins), Filip Vujanovic était devenu Président du Monténégro, poste auquel il a été réélu le 6 avril.

Une fois de plus, le candidat du DPS s'impose au Monténégro. Les forces de l'opposition paient certainement leur division et leur désorganisation. Cependant, la scène politique monténégrine reste traversée par de multiples clivages (libéraux/étatistes, "Serbes"/indépendantistes) qui rendent difficile une lecture cohérente des problèmes qui se posent à la société comme la formulation d'un programme en mesure de rassembler une majorité de citoyens. Il semble bien en effet que les électeurs n'aient jamais considéré aucun des trois candidats de l'opposition comme des alternatives possibles au pouvoir du DPS.

Résultats du 1er tour de l'élection présidentielle au Monténégro le 6 avril 2008

Participation : 69%

Source : Agence France-Presse