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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Tomislav Nikolic (Parti radical, SRS) est arrivé en tête du 1er tour de l'élection présidentielle serbe qui s'est déroulé le 20 janvier. Il a recueilli 39,6% des suffrages et devance le Président de la République sortant, Boris Tadic (Parti démocrate, DS), qui obtient 35,5% des voix. Velimir Ilic, ministre des Infrastructures et leader de Nouvelle Serbie (NS), est arrivé en 3e position en recueillant 7,6% des suffrages. Il pourrait être l'arbitre du 2e tour qui départagera Boris Tadic et Tomislav Nikolic le 3 février prochain.
Les deux hommes se sont déjà affrontés en juin 2004 lors du précédent scrutin présidentiel. Au 1er tour alors, Tomislav Nikolic avec 30,6% des suffrages, devançait son adversaire Boris Tadic de 3,3 points avant que ce dernier ne l'emporte au 2e tour avec 53,7% des suffrages.
Velimir Ilic devance le président du Parti socialiste (SPS) et vice-président du Parlement, Milutin Mrkonjic, qui obtient 6% des voix et Cedomir Jovanovic (Parti libéral-démocrate, LDP), seul candidat favorable à l'indépendance du Kosovo, qui recueille 5,6% des suffrages.
La participation, traditionnellement faible en Serbie, a été plus élevée que ne le prévoyaient les enquêtes d'opinion, atteignant 61%, soit le plus haut résultat depuis les élections législatives d'octobre 2000 qui mirent fin au règne de Slobodan Milosevic.
"Le 2e tour sera décisif et apportera les changements attendus" a affirmé Tomislav Nikolic à l'annonce des premiers résultats. "Cette élection présidentielle décidera du chemin que va prendre la Serbie et de l'avenir du pays et de nos enfants. Je suis sûr que la Serbie restera sur le chemin européen, parce que c'est l'avenir du pays et en particulier celui de la jeune génération " a déclaré le Président sortant, Boris Tadic, après avoir voté, en envisageant un 2e tour de scrutin. "Je suis très optimiste sur le résultat final de ce vote. La victoire le 3 février sera historique, nous ne renoncerons pas à notre lutte pour le Kosovo et nous ne renoncerons pas à notre voie européenne " a t-il indiqué. Sauf que, comme le dit Jacques Rupnik, "si, lorsque l'on doit choisir entre faire partie de l'Union européenne et garder le Kosovo, on choisit de garder le Kosovo, on perd les deux".
L'élection présidentielle se déroule alors que la Serbie est confrontée à l'indépendance imminente de la province du Kosovo et de fait, le scrutin s'est quelque peu transformé en un référendum sur le rapprochement du pays avec l'Union européenne.
"Pour nous, la Russie est plus proche. Mais si l'Europe veut ouvrir ses portes et ne pas mettre d'obstacle, nous serons heureux de l'accepter. Nous ne voulons pas nous disputer avec l'Union européenne" a affirmé Tomislav Nikolic après avoir déposé son bulletin dans l'urne. "Nous avons besoin de l'Union européenne, mais pas à tout prix" a-t-il souligné. "Je n'ai pas dit au revoir à l'Ouest. J'ai dit que nous pouvions être avec vous et que nous pouvions signer ce que vous voudrez, mais ne touchez pas à la Serbie, la Serbie a des frontières" déclarait-il quelques jours avant le 1er tour de scrutin. Belgrade a reçu le soutien de Moscou dans son opposition à l'indépendance du Kosovo, province que les Serbes considèrent comme le berceau de leur histoire et de leur culture.
Boris Tadic, s'il reste opposé à l'indépendance du Kosovo, ce qu'il a réaffirmé devant le Conseil de Sécurité de l'ONU le 17 janvier dernier, a promis durant sa campagne électorale que la Serbie obtiendrait, dès 2008, le statut de candidat officiel à l'adhésion à l'Union européenne et se bat pour la signature rapide d'un Accord de stabilisation et d'association, accord considéré comme le premier pas sur la voie de l'intégration européenne.
Ces dernières semaines, Tomislav Nikolic a tempéré son discours ultranationaliste pour s'adresser aux plus modérés, ainsi qu'à tous ceux qui souffrent de la transition post-soviétique. Boris Tadic a présenté de nombreuses mesures pour répondre aux principales préoccupations des Serbes, à savoir les salaires, l'emploi et les conditions de vie.
"Les gens ont réalisé qu'il s'agit d'une élection très importante et que, en fonction de qui l'emportera, la Serbie décidera de sa future orientation, vers l'Union européenne ou la Russie" analyse Djordje Vukovic, chercheur du Centre pour des élections libres et la démocratie (CESID). Les leaders occidentaux n'ont pas caché qu'ils souhaitaient la réélection du Président sortant, Boris Tadic, qui leur semble le plus à même de résister à aux réactions nationalistes qui devraient inévitablement se faire jour lorsque les Kosovars proclameront leur indépendance.
Les électeurs du leader du Parti libéral-démocrate, Cedomir Jovanovic, devraient reporter leurs voix sur le Président sortant, Boris Tadic, tandis que Tomislav Nikolic pourrait récupérer les voix des partisans du président du Parti socialiste, Milutin Mrkonjic. Il est plus difficile de savoir en revanche de savoir lequel des deux candidats soutiendront les Serbes qui ont donné leur voix au leader de Nouvelle Serbie, Velimir Ilic. Ce dernier était soutenu par son partenaire de coalition, le Parti démocratique de Serbie (DSS) de Vojislav Kostunica, mais le Premier ministre pourrait tenter de négocier son soutien à Boris Tadic pour le 2e tour. "Une fois de plus, Vojislav Kostunica est en position de décider du sort de ce pays" souligne l'analyste politique Milan Nikolic.
"Je ne suis pas prêt à miser de l'argent sur quiconque pour le moment " affirmait le chercheur Marko Blagojevic du Centre pour des élections libres et la démocratie à l'annonce des premiers résultats. "J'y réfléchirais à deux fois avant de dire qui est le favori. Ce résultat annonce un duel très imprévisible au second tour " soulignait le politologue Djordje Vukadinovic.
Résultats du premier tour de l'élection présidentielle serbe du 20 janvier 2007
Participation : 61%
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