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Election présidentielle en Serbie, 20 janvier - 3 février

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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20 janvier 2008
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Fondation Robert Schuman

Election présidentielle en Serbie, 20 janvier - 3 février

PDF | 177 koEn français

Le 12 décembre dernier, Oliver Dulic, président de l'Assemblée nationale, Chambre unique du Parlement, annonçait que les Serbes seraient appelés aux urnes pour élire le Président de la République le 20 janvier prochain. Le scrutin, initialement prévu en 2009, est rendu obligatoire par la nouvelle Constitution votée à l'unanimité par le Parlement en septembre 2006 et adoptée par 53,04% des électeurs les 28 et 29 octobre de la même année.

La nouvelle Loi fondamentale impose, en effet, l'organisation d'une élection présidentielle après l'entrée en vigueur de la dernière des six lois nécessaires à son organisation (loi sur le Président de la République, loi sur l'élection présidentielle, loi sur la défense, loi sur l'armée, loi sur les affaires extérieures et loi sur les services de sécurité). Toutes sont désormais votées, deux sont entrées en vigueur le 4 décembre, les quatre autres le 19 décembre.

Si aucun des candidats n'obtient la majorité absolue lors du 1er tour le 20 janvier, un 2e tour sera organisé le 3 février. Cette élection présidentielle sera la première du genre depuis l'indépendance du Monténégro le 21 mai 2006.

Les candidats à l'élection présidentielle

En Serbie, le Président de la République est élu pour 5 ans. Chaque candidat doit recueillir au moins 10 000 signatures d'électeurs pour pouvoir se présenter, chaque électeur ne pouvant accorder sa signature qu'à un seul candidat. Les candidats ont jusqu'au 30 décembre pour se présenter.

6 personnes sont, à ce jour, candidates à la Présidence de la République :

- Boris Tadic (Parti démocrate, DS), Chef de l'Etat sortant. Il est soutenu par le DS, par le Parti démocratique du Sandzak dirigé par le ministre du Travail, Rasim Ljajic et par l'Alliance démocratique des Croates de Voïvodine de Petar Kuntic ;

- Tomislav Nikolic, leader par intérim du Parti radical (SRS) dont le leader Vojislav Seselj est inculpé de crimes de guerre contre les populations non-serbes de Croatie, de Bosnie-Herzégovine et de Voïvodine par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye (TPIY) et ancien vice-Premier ministre de Slobodan Milosevic ;

- Cedomir Jovanovic, leader du Parti libéral-démocrate (LDP) ;

- Itsvan Pastor, candidat de la minorité hongroise soutenu par l'Alliance des Hongrois de Voïvodine, l'Amitié démocratique des Hongrois de Voïvodine, le Parti démocratique des Hongrois de Voïvodine et l'Alliance civique hongroise ;

- Milutin Mrkonjic, président du Parti socialiste (SPS) ;

- Bogoljub Karic, leader de la Force du mouvement (PSS).

Le ministre des Infrastructures, Velimir Ilic, leader de Nouvelle Serbie (NS) s'est porté candidat avant d'affirmer que son parti ne décidera qu'après le 19 décembre, date à laquelle le Conseil de sécurité des Nations Unies discutera du statut du Kosovo et de la Metohija, si elle présente, ou non, un candidat. Dragan Markovic, président de Serbie unie (US), se prononcera aussi après cette date.

L'avenir de la coalition gouvernementale

Le Parti démocratique de Serbie (DSS) du Premier ministre, Vojislav Kostunica, s'est opposé au scrutin présidentiel à la date choisie par le Parlement. Il souhaite que la date de l'élection présidentielle, qu'il voulait voir se tenir au printemps, soit choisie après le 19 décembre et accuse le Parti démocrate (DS) d'avoir violé l'accord gouvernemental qui veut que chaque décision soit prise par consensus. "Toutes les conditions sont requises, tout d'abord les lois nécessaires sont été votées et ensuite, aucun décision n'a été prise qui puisse mettre l'intégrité territoriale du pays en danger. Nous devons nous habituer à ce que l'organisation des élections ne résulte pas d'un accord politique mais ressorte du respect de la loi" a répondu le vice-Premier ministre en charge de l'intégration dans l'Union européenne, Bozidar Djelic aux critiques formulées. "Chaque nouvelle élection est l'occasion de renforcer les valeurs démocratiques et la stabilité de l'Etat. Cela est très important au moment où la Serbie fait face à un défi pour le maintien de son intégrité territoriale" a déclaré le président du Parlement, Oliver Dulic.

"La date de l'élection présidentielle n'était pas la chose la plus importante, le Parti démocratique de Serbie est plus intéressé par le combat pour protéger le Kosovo" a affirmé Dragan Sormaz, député (DSS). Vojislav Kostunica n'a pas encore décidé quelle serait l'attitude de son parti lors du scrutin. Tenté par le boycott de l'élection, il pourrait choisir de s'opposer à Boris Tadic en soutenant Tomislav Nikolic. Mais il est lié au leader de Nouvelle Serbie, Velimir Ilic, par une alliance qu'il peut difficilement négliger dans la perspective des élections municipales qui auront lieu dans quelques mois. S'il veut préserver son accord avec Velimir Ilic, il devrait donc le soutenir lors du 1er tour de l'élection présidentielle, alors même que le candidat de Nouvelle Serbie soutiendra très probablement le Président sortant, Boris Tadic, lors d'un éventuel 2e tour. La situation de Vojislav Kostunica est loin d'être simple. Beaucoup d'analystes politiques estiment qu'il devrait appeler au boycott de l'élection présidentielle.

Le Parti radical (SRS) s'est opposé à l'organisation du scrutin dès le 20 janvier estimant que cette décision violait les normes constitutionnelles, mais a toutefois choisi d'y participer car "il s'agit d'une bataille décisive pour la Serbie, pour sa survie et son avenir". Il appelle à voter pour son leader "le seul candidat qui peut vaincre le candidat du régime en place et assurer une meilleur avenir à la Serbie et à ses citoyens".

"Le Parti démocratique serbe joue un jeu en disant au Parti démocrate : nous pouvons nous associer avec les radicaux si vous abandonnez le Kosovo" souligne Milan Nikolic, directeur du Centre pour les études alternatives, ajoutant, dans le cas où Vojislav Kostunica soutiendrait Tomislav Nikolic, qu'"il serait responsable pour encore trois ou quatre années perdues pour la Serbie, des années où aucun progrès ne pourrait être fait et où la Serbie s'éloignerait de l'Union européenne". "La coalition gouvernementale est devant un défi qui pourrait aisément conduire à une grave crise gouvernementale" affirme le politologue, Slobodan Antonic. En revanche, le sociologue Iovo Bakic du Collège de philosophie de Belgrade doute du fait que le Parti démocratique de Serbie décide in fine de soutenir le Parti radical lors du scrutin présidentiel. "Je ne crois pas à une véritable crise au sein de la coalition gouvernementale car personne n'a intérêt à la chute du gouvernement" a t-il affirmé.

Le Gouvernement, dirigé par Vojislav Kostunica, rassemble le Parti démocrate (DS), le Parti démocratique de Serbie (DSS) et G17+, dirigée par le ministre des Finances et du Développement régional, Mladjan Dinkic.

L'avenir du Kosovo

Le Kosovo, administré par les Nations Unies depuis la fin des bombardements de l'OTAN sur la Serbie en 1999, est dans l'attente d'un statut définitif. Depuis plus de 18 mois, les Nations Unies ont entamé de larges discussions afin de trouver une solution pour l'avenir de la province qui puisse être acceptée par les deux parties, serbe et kosovare. Ces négociations ont pris fin sur un constat d'échec le 10 décembre. La Serbie propose au Kosovo une large autonomie et refuse à tout prix d'envisager une quelconque indépendance de la province qu'elle considère comme "partie intégrante de son territoire" (ainsi que cela est mentionné dans la Constitution) et berceau spirituel et historique de la nation serbe. En revanche, les Kosovars n'envisagent pas d'avenir autre qu'indépendant. Le plan de l'envoyé spécial des Nations Unies pour le Kosovo, Martti Ahtisaari, prévoyait une "indépendance contrôlée" du Kosovo et la relève par l'Union européenne de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (Minuk).

Le Président de la République, Boris Tadic, a déclaré, le 14 décembre, qu'il n'accepterait jamais l'indépendance du Kosovo, mais qu'il éviterait cependant un nouvel isolement de la Serbie. "Je n'accepterai jamais l'indépendance du Kosovo, pas seulement à cause de l'obligation constitutionnelle qui m'est faite –la Constitution stipule que le Président élu doit commencer son serment par : "Je jure que je consacrerai toutes mes forces à la préservation de la souveraineté du territoire de la République de Serbie, y compris le Kosovo qui en fait partie"-, mais parce que le Kosovo appartient de fait à la Serbie. C'est ma conviction profonde. L'indépendance va à l'encontre des intérêts de la Serbie et des Albanais du Kosovo et enfin est dangereuse pour la stabilité de la région" soulignait-il. Il a toutefois répété que la Serbie n'utiliserait pas la force pour conserver la province.

Le Kosovo devrait déclarer son indépendance de façon unilatérale en 2008 avec l'accord des puissances occidentales. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont demandé aux autorités de la province de patienter jusqu'au scrutin présidentiel avant de proclamer leur indépendance afin de ne pas compromettre les chances de Boris Tadic. Les Kosovars ont accepté, soucieux d'obtenir le plus grand nombre de soutiens diplomatiques, et financiers, après l'indépendance.

"Il est difficile d'expliquer aux Serbes pourquoi et comment nous voulons rejoindre l'Union européenne alors que certains Etats membres soutiennent l'indépendance du Kosovo et sont prêts à la reconnaître. Mais je vous rappelle que certains pays européens y sont opposés" a déclaré Boris Tadic le 14 décembre, précisant toutefois : "Dans aucun cas, nous ne prendrons des décisions contraires à l'intérêt des citoyens. Le chemin vers l'Europe est une meilleure solution que l'autre option qui s'offre à nous et qui conduirait à l'isolement du pays". Au sein de l'Union européenne, seule Chypre est contre l'indépendance du Kosovo. La Serbie devrait signer, le 28 février prochain, un Accord de stabilisation et d'association avec l'Union européenne. Cet accord dépend toutefois des efforts de coopération des autorités serbes avec le Tribunal pénal international de La Haye pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) qui attend toujours que soient livrés Ratko Mladic et Radovan Karadjic.

"Il est très important pour nous que le problème du Kosovo soit résolu par des moyens pacifiques et que toutes les solutions mises en œuvre au Kosovo puissent être valables pour toutes les minorités de Serbie" a d'ores et déjà déclaré le candidat de la minorité hongroise à l'élection présidentielle, Itsvan Pastor. Les Hongrois représentent 3% de la population serbe.

Le futur statut du Kosovo ne sera décidé qu'après l'élection présidentielle. Toutefois, la question de l'avenir de la province occupe complètement la scène électorale, ce qui pourrait profiter au candidat du Parti radical, Tomislav Nikolic, qui a fait de la défense des intérêts serbes le cœur de son programme et qui dispose d'une solide base électorale. Tous les analystes politiques s'attendent à ce que le 2e tour du scrutin oppose le Président sortant, Boris Tadic, à Tomislav Nikolic. Le SRS était arrivé en tête lors des dernières élections législatives, organisées le 22 janvier dernier, recueillant 28,59% des suffrages, contre 22,71% au DS et 16,55% au DSS. Les enquêtes d'opinion sont plutôt favorables au Président sortant en cas de 2e tour contre le leader du SRS. Le dernier sondage, réalisé par l'institut d'opinion Factor+ mi-décembre, accorde 36,5% des suffrages à Boris Tadic, contre 31,8% à Tomislav Nikolic. Même si l'écart entre les deux hommes tend à se resserrer.

La campagne électorale, qui a débuté le 13 décembre, s'achèvera le 17 janvier à minuit.

Résultats du 2e tour de l'élection présidentielle en Serbie le 27 juin 2004

Participation : 48,7%

Source : Agence France Presse

Election présidentielle en Serbie, 20 janvier - 3 février

PDF | 177 koEn français

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