Le Parti du mouvement national uni pour une Géorgie victorieuse du Président Saakachvili est arrivé largement en tête des élections législatives qui se sont déroulées en Géorgie le 21 mai. Selon les premiers résultats, il recueille 63,09% des suffrages. Le bloc formé par Nouveaux droits, dirigé par David Gamkrelidze, et le Conseil national de l'opposition unie, qui regroupe 7 partis, obtient 13,25% ; le Parti chrétien-démocrate, dirigé par l'ancien présentateur d'Imedi TV Giorgi Targamadze, arrive en 3e position et recueille 8,4% et le Parti travailliste de Shalva Natelashvili, 6,1%. Seuls 4 partis politiques dépassent le seuil de 5% des suffrages pour être représenté au Parlement géorgien. Le Parti du mouvement national uni pour une Géorgie victorieuse devrait remporter près de 2/3 des 150 sièges.

Le Parti républicain de David Usupashvili recueille 3,4% et l'ensemble des autres blocs et partis moins de 1%.

La participation s'est élevée à 55%, soit - 8,93 points à celle enregistrée lors du scrutin législatif du 28 mars 2004.

"Les élections législatives ont été libres et équitables et j'espère que les observateurs internationaux le reconnaîtront. Mais le plus frappant c'est la victoire écrasante du parti au pouvoir" a affirmé Mikhaïl Saakachvili après l'annonce des premiers résultats, ajoutant "j'ai été stupéfait par le haut niveau de soutien que nous avons obtenu lors de ces élections". "Notre démocratie en Géorgie est bien vivante. Le pays est un vrai modèle pour beaucoup d'autres dans la région et nous entendons qu'il le reste malgré les pressions extérieures que nous subissons" avait-il déclaré alors qu'il venait d'accomplir son devoir civique accompagné de son épouse d'origine néerlandaise qui votait, pour la 1ère fois, en tant que citoyenne géorgienne. "Il s'agit seulement d'informations préliminaires mais l'écart est si important qu'il est peu probable que la situation change fondamentalement" s'est félicité l'ancien ministre des Affaires étrangères, David Bakradze, qui conduisait la liste du Mouvement uni. "Que nous disposions ou non de la majorité absolue, nous n'envisageons pas et nous ne voterons pas d'amendements constitutionnels sans la participation de l'opposition. Chacun doit être rassuré à ce sujet, nous ne toucherons pas aux principes fondamentaux du pays, quelle que soit notre poids au Parlement. Nous ferons de notre mieux pour que l'opposition contrôle le gouvernement, qu'elle puisse s'exprimer et participer à l'élaboration de la loi" a indiqué le Président Saakachvili le 22 mai dans une intervention télévisée.

Côté opposition, les discours et les réactions étaient d'une toute autre teneur. "Je voudrais féliciter la société géorgienne, l'opposition a gagné partout en Géorgie. Les autorités ont entièrement perdu" a déclaré le leader de Nouveaux droits, David Gamkrelize dès l'annonce des premiers résultats. "Le sondage sortie des urnes est le premier signe que ces élections ont été truquées" a souligné Levan Gatchetchiladze, tête de liste du bloc "Nouveaux droits-Conseil national de l'opposition unie". Il a affirmé que l'opposition avait remporté plus de 40% des suffrages à Tbilissi, contre 32% au Mouvement uni.

L'opposition, qui n'est absolument pas prête à reconnaître la victoire du Mouvement uni, a dénoncé plusieurs incidents et l'existence de nombreuses fraudes, affirmant que plusieurs de ses militants avaient été frappés et que l'un de ses partisans avait même été tué dans l'ouest du pays, un meurtre sans aucun lien avec les élections selon les autorités. Celles-ci ont accusé, à leur tour, les rebelles d'Abkhazie d'avoir tiré sur des électeurs se rendant aux urnes dans la partie de la République sécessionniste contrôlée par la Géorgie.

Avant le scrutin, Levan Gatchetchiladze avait appelé les forces de l'opposition à se rassembler le soir du vote pour contester les résultats, avançant le chiffre de 100 000 manifestants. Le 21 mai, seules 2 000 personnes se sont réunies dans les rues de Tbilissi pour protester contre la victoire déclarée du Parti du mouvement national uni. Une partie d'entre elles suivaient d'ailleurs sur un écran géant la finale de la Ligue des champions de football entre les clubs britanniques de Manchester United et Chelsea. Les forces de l'opposition ont appelé à de nouvelles manifestations dans les jours prochains. "Le combat continue. Notre but est de libérer la Géorgie de ce régime" a déclaré David Gamkrelize. "Nous avons besoin de temps pour élaborer notre stratégie. De nombreuses de nuits de veille nous attendent, la lutte continue" a surenchéri Levan Gatchetchiladze.

Un porte-parole de la Commission électorale centrale, Zourab Kachkachishvili, a indiqué que les élections avaient été annulées dans 13 bureaux de vote pour cause de bourrage des urnes, dégradation de matériel électoral et expulsion d'observateurs en charge de veiller au bon déroulement du scrutin. Il a également affirmé que l'annulation du vote dans 9 autres bureaux était attendue. 3 organisations en charge de surveiller le caractère démocratique du scrutin (la Société internationale pour des élections justes et la démocratie, l'Association des jeunes avocats et Transparency International) ont affirmé avoir été témoins de pressions sur les électeurs, de plusieurs expulsions d'observateurs de bureaux de vote et de refus d'enregistrement de dépôts de plaintes.

Dans les jours précédant le vote comme durant la campagne électorale, le Président Saakachvili l'avait répété : "les élections législatives seront les plus démocratiques que le pays ait jamais connues, pas pour plaire à l'Occident mais pour l'avenir de la Géorgie". Le Chef de l'Etat avait, par ailleurs, donné de nombreuses consignes aux administrations locales afin qu'elles n'interfèrent pas dans le vote. Un comité chargé de centraliser les plaintes avait été créé. "Il est vital pour la Géorgie que les élections soient réellement libres et justes. Nous devons montrer au monde que nous sommes un pays démocratique" a déclaré David Bakradze.

Si la victoire du parti de Mikhaïl Saakachvili ne semble faire aucun doute, il n'est cependant pas certain que celle-ci suffise à ramener le calme en Géorgie. Le Président de la République devra absolument, dans les mois qui viennent, trouver les paroles et les actes capables de dépasser les divisions profondes de la société et d'unifier la population.

Participation : 55%

Source : Site internet de Civil.ge (http://www.civil.ge/eng/category.php?id=32&result=proportional)