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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Comme prévu, le Président de la République sortant Ilham Aliev est arrivé en tête du 1er tour de l'élection présidentielle le 15 octobre en Azerbaïdjan. Il recueille 88,67% des suffrages, un résultat quasi soviétique, loin devant ses 6 adversaires qui obtiennent tous moins de 3% des voix.
Les 4 principaux partis d'opposition (le Parti libéral, le Parti du front populaire dirigé par Ali Kerimli, le Parti de la solidarité civile, Musavat d'Isa Gambar, Forum public Pour l'Azerbaïdjan d'Eldar Namazov) imités par de nombreux autres avaient choisi de boycotter le scrutin, dénonçant une mascarade d'élection. "Le scrutin était une farce, une tragicomédie destinée à prolonger l'emprise de la dynastie de la famille Aliev sur le pays. C'est une imitation d'élection. Dans ce contexte, le véritable vainqueur sont les forces démocratiques qui ont boycotté l'élection mais nous aimerions tellement plus que ce soit le peuple azerbaïdjanais" a déclaré le leader de Musavat qui a indiqué que "plus le pays devient riche, plus sa démocratie devient miteuse". "Ils ne nous laissent pas avoir accès aux médias, nous ne pouvons pas organiser de manifestations. Dans de telles conditions, participer au scrutin aurait été stupide" affirme Isa Gambar.
L'opposition reste toutefois très divisée et affaiblie par les ambitions personnelles de ses différents leaders. "L'opposition n'est pas parvenue à produire un candidat capable d'attirer les électeurs" déclare l'analyste politique Rasim Musabayov.
En dépit du boycott du scrutin par une grande partie des partis d'opposition, la participation a été supérieure à celle enregistrée lors de la précédente élection présidentielle du 5 octobre 2003 (75%, + 4,5 points).
Les 400 observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) présents pour surveiller l'élection ont dénoncé son caractère non démocratique. "Le scrutin n'a pas reflété les principes d'une élection véritablement pluraliste et démocratique" peut-on lire dans le communique publié le 16 octobre. L'OSCE a noté cependant que des "progrès considérables avaient été faits par rapport aux élections précédentes" et regrette que l'opposition ait refusé de participer au vote. Aucune élection présidentielle n'a été reconnue comme démocratique en Azerbaïdjan par l'OSCE.
Agé de 46 ans, Ilham Aliev est l'héritier de la dynastie des Aliev. Fils de Heydar qui fût Président de la République de 1993 à 2003 (mais qui avait auparavant dirigé le Parti communiste de la République d'Azerbaïdjan de 1969 à 1982), il a été élu à la magistrature suprême le 5 octobre 2003. Il a étudié à l'université des relations internationales de Moscou (MGIMO) où il a ensuite enseigné durant 5 ans. A partir de 1991, il "fait des affaires" à Moscou et Istanbul. En 1994, il prend la présidence de la SOCAR, société pétrolière nationale de l'Azerbaïdjan, avant d'être élu à la Milli Majlis (Chambre unique du parlement) puis de diriger le Comité olympique du pays. La santé déclinante de son père l'incite à s'engager en politique. Il est alors élu vice-président du Parti du nouvel Azerbaïdjan (YAP) majoritaire au Parlement dont il conduit la liste aux élections législatives des 5 novembre 2000 et 7 janvier 2001, un scrutin qu'il remporte mais que les observateurs internationaux dénoncent comme entaché de fraudes.
Situé à mi-chemin de l'Iran et de la Russie, l'Azerbaïdjan, qui possède la plus forte croissance économique au monde (24,7% de croissance du PIB en 2007), a une situation géographique et stratégique enviable et dispose de vastes réserves énergétiques dont Ilham Aliev a fait l'atout principal de son pays. L'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), qu'il considère comme son plus grand succès, permet au pays de vendre ses hydrocarbures sur les marchés européens sans avoir à passer par la Russie. La position de Bakou est cependant complexe à gérer tant Moscou et Washington rivalisent pour obtenir ses faveurs. Depuis son arrivée au pouvoir fin 2003, Ilham Aliev entretient des relations cordiales avec la Russie comme avec les Etats occidentaux et a toujours évité de choisir entre les deux camps.
Le résultat élevé qu'il a recueilli à ce scrutin lui donne la légitimité nécessaire pour poursuivre son action. Il devra désormais parvenir à trouver les moyens de maintenir la stabilité de la croissance économique dans un contexte international marqué par la récente hausse des matières premières et la crise financière.
Il devra également parvenir à résoudre le conflit du Nagorny Karabakh (territoire azerbaïdjanais occupé par l'Arménie depuis 1993 à la suite d'une guerre qui a opposé Bakou à Erevan ; les deux pays ne sont pas parvenus depuis lors à signer un accord de paix). Ilham Aliev a promis de renforcer l'isolement de l'Arménie tant que celle-ci ne renoncera pas à "l'occupation du Nagorny Karabakh".
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