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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Les formations de la coalition gouvernementale sortante et son allié parlementaire (Parti libéral, V, parti majoritaire du Premier ministre sortant Anders Fogh Rasmussen, Parti conservateur, KF, et Parti du peuple danois, DF) sont arrivées en tête des élections législatives qui ont eu lieu au Danemark le 13 novembre. Ensemble, elles recueillent 50,5% des suffrages et 89 sièges, contre 45,8% et 81 sièges pour les quatre forces d'opposition de gauche (Parti social-démocrate, SD, Parti radical-libéral, RV, Liste de l'unité, EL, et Parti socialiste populaire, SF). La Nouvelle alliance (Y), formation fondée et dirigée par Naser Khader, obtient 2,8% des voix (5 sièges).
Le Premier ministre sortant, Anders Fogh Rasmussen, a donc réussi son pari et obtient une victoire historique puisque cette victoire, la troisième consécutive pour le Parti libéral, est une première dans l'histoire danoise. Si la formation perd 6 sièges par rapport aux élections du 8 février 2005 et échoue à obtenir avec ses partenaires la majorité absolue, elle reste la première du royaume et peut compter sur le soutien très probable de la Nouvelle alliance. Par ailleurs, ses alliés conservateurs et nationalistes se maintiennent en conservant un nombre identique de députés (- 1 siège pour la formation d'extrême droite). A gauche en revanche, trois formations enregistrent un recul, faible pour le Parti social-démocrate, qui réalise toutefois son plus faible résultat depuis 1906, et pour l'Unité (- 2 sièges chacune) ; mais plus important pour le Parti radical-libéral (- 8 sièges). Cette perte bénéficie au Parti socialiste populaire qui remporte 12 sièges supplémentaires et devient la 4e formation politique. "Les Danois veulent un parti qui sait dire "non" aux inégalités et "oui" à une nouvelle politique étrangère et qui peut les guider vers une véritable politique environnementale" a déclaré son leader, Villy Sovndal.
La participation a été un peu plus importante que lors des dernières élections législatives du 8 février 2005, s'élevant à 86,53% (+2,1 points).
"Le gouvernement continue à diriger les affaires du pays" a déclaré Anders Fogh Rasmussen à l'annonce des résultats. Alors que les dernières enquêtes d'opinion donnaient gauche et droite à égalité, le Premier ministre sortant a su finalement convaincre les Danois de "renouveler leur confiance à une coalition qui a assuré six années de croissance et de stabilité". "Nous avons présenté cinq réformes de fond quand les élections ont été provoquées. Mon intention est de les faire valider par le Parlement" a-t-il souligné. S'il devra continuer son alliance parlementaire avec le Parti du peuple danois, il a cependant lancé un appel à la Nouvelle alliance. "Nous souhaitons impliquer les partis qui m'ont désigné comme Premier ministre pour créer les bases d'un gouvernement et pour élaborer un programme politique pour la poursuite du gouvernement libéral-conservateur" a indiqué Anders Fogh Rasmussen.
Le vice-président du Parti du peuple danois, Kristian Thulesen Dahl, s'est cependant élevé contre une telle éventualité. "La Nouvelle alliance apportera de l'instabilité à la coalition" a-t-il déclaré, ajoutant "nous prenons acte du verdict des électeurs. Mais ce ne sera pas facile et nous ne renoncerons pas à nos priorités". De son côté, Leif Mikkelsen a demandé dans la soirée des négociations préalables pour former le prochain gouvernement.
"J'avais promis que je battrais Anders Fogh Rasmussen. Cela ne s'est pas produit" a déclaré Helle Thorning-Schmidt. "Je suis confiante dans le fait que notre campagne a posé des jalons et que de nombreux Danois nous ont démontré leur confiance. Mais ça n'a pas suffi. Nous aurions aimé une plus grande adhésion de l'électorat. Les Danois ont besoin de plus de temps pour nous confier les responsabilités" a-t-elle ajouté.
Durant toute sa campagne électorale, la responsable sociale-démocrate a tenté de convaincre les Danois qu'il était impossible de défendre l'Etat providence et de maintenir le niveau actuel de protection sociale tout en abaissant les taxes. "Le choix est entre plus d'Etat-providence, auquel sont attachés les Danois, et un plus gros portefeuille en poche promis par la droite sous forme d'allègements des impôts" déclarait-elle à la veille du scrutin.
Enfin, la Nouvelle alliance n'a pas obtenu le résultat que lui prédisaient les enquêtes d'opinion. "Notre objectif est de briser la politique des blocs et de réduire l'influence trop grande du Parti du peuple danois" répétait Naser Khader quelques jours avant le scrutin. A l'origine de l'une des politiques d'immigration les plus restrictives d'Europe, la formation d'extrême droite n'a pas pâti de l'émergence du nouveau parti et se maintient dans les urnes. La campagne électorale avait été dominée par le thème de l'immigration et notamment des réfugiés et des demandeurs d'asile, dont le nombre a baissé de 80% depuis l'arrivée au pouvoir d'Anders Fogh Rasmussen en novembre 2001, et par la question de l'amélioration de l'Etat-providence. Les forces gouvernementales ont émis le souhait de baisser les impôts et promis la continuité d'une politique de fermeté vis-à-vis de l'immigration, les partis de gauche demandaient un renforcement de l'Etat-providence et une politique plus modérée envers les immigrés. De son côté, la Nouvelle alliance est favorable à un assouplissement des règles d'immigration et à une baisse de l'impôt sur le revenu.
Agé de 55 ans et originaire de Ginnerup (Jutland), Anders Fogh Rasmussen est entré pour la première fois au Folketing, Chambre unique du Parlement, en 1978. Il est ministre des Impôts de 1987 à 1990 dans le gouvernement dirigé par Poul Sclüter (KF), puis ministre de l'Economie et des Impôts (1990-1992). Elu leader du Parti libéral, il remporte les élections législatives du 20 novembre 2001 et accède au poste de Premier ministre. Victorieux de nouveau lors du scrutin législatif du 8 février 2005, il conserve son poste à la tête du gouvernement. Son succès du 13 novembre 2007 est donc historique, le Parti libéral s'imposant pour la 3e fois consécutive.
Les négociations pour former le futur gouvernement s'annoncent cependant délicates. Comment, en effet, faire coexister au sein d'une même majorité deux formations aussi radicalement opposées que la Nouvelle alliance et le Parti du peuple danois ? De nombreux observateurs de la vie politique doutent que la chose soit réellement possible. "Si le gouvernement est dépendant d'un quatrième parti, la Nouvelle alliance, pour boucler sa majorité, les possibilités de conflits vont augmenter et le gouvernement va beaucoup perdre en stabilité" estime ainsi Peter Kurrrild-Klitgaard, professeur à l'université de Copenhague.
Résultats des élections législatives du 13 novembre 2007 au Danemark
Participation : 86,53%
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