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Elections législatives en Arménie, le point à une semaine du scrutin

Actualité

Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

-

7 mai 2007
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Elections législatives en Arménie, le point à une semaine du scrutin

PDF | 171 koEn français

Le 12 mai prochain, 1 447 candidats, dont 281 femmes, issus de 23 formations politiques, se présenteront aux suffrages des 2, 32 millions d'électeurs dans 41 circonscriptions à l'occasion des élections législatives. 1 313 candidats tenteront de remporter l'un des 90 sièges de l'Azgayin Zhoghov, Chambre unique du Parlement, au scrutin proportionnel et 134 candidats l'un des 41 sièges au scrutin majoritaire à un tour. La loi électorale autorise toute personne se présentant à l'élection au scrutin majoritaire à figurer sur une liste lui permettant d'être élue au scrutin proportionnel. Chaque formation politique doit recueillir au minimum 5% des suffrages pour être représentée au Parlement (7% pour les coalitions).

Ces élections sont singulières dans le sens où elles sont, avant tout, une bataille interne entre les autorités au pouvoir (le Parti républicain et Arménie prospère), opposant moins le gouvernement en place aux partis de l'opposition que les forces gouvernementales entre elles. Fondée au début 2006 par l'homme d'affaires Gagik Tsarukian, Arménie prospère (BHK) est une formation proche du Parti républicain (HHK) qui ne constitue pas une véritable alternative. Beaucoup d'analystes politiques considèrent d'ailleurs que ce parti joue le rôle de l'opposant pour mieux servir la formation au pouvoir. Quoi qu'il en soit, le jeu des deux formations est grandement facilité par la désunion des formations de l'opposition.

Les trois principaux partis d'opposition – le Parti de l'unité nationale (AM), dirigé par Artaches Guegamian ; le Parti populaire de Stepan Demirchian (fils de Karen Demirchian, leader durant la période soviétique) et le Règne de la loi (OE) d'Artur Baghdasarian - se disputent la place de leader de l'opposition au Parti républicain. Seul Stepan Demirtchian a tenté de s'unir avec d'autres représentants de l'opposition, notamment avec le Parti de la République d'Aram Sarkisian qui a appelé, le 21 mars dernier, les Arméniens à participer au scrutin et à « protéger leurs votes ». Selon certains analystes politiques, les forces de l'opposition utiliseront les élections législatives pour mesurer les soutiens dont elles disposent en vue du prochain scrutin présidentiel de mars 2008, élection considérée par tous comme majeure.

Le Parti de la République, l'Impeachment alliance, formée par Patrie démocratique de Petros Makeyan et le Parti conservateur de Mikayel Hayrapetian, ainsi que le Parti des temps nouveaux, dirigé par Aram Karapetian, ont annoncé, le 28 avril, qu'ils unissaient leurs efforts pour ces élections.

Le développement économique et le respect de l'Etat de droit sont au cœur de toutes les plateformes électorales. Le parti républicain, dont le slogan est « Pour toi, Arménie ! », promet ainsi d'encourager les investissements dans le secteur économique et de créer des emplois. Arménie prospère s'engage à réduire la pauvreté, augmenter les retraites et créer de nouveaux emplois. La formation promet également de construire des routes et de réparer les bâtiments vétustes. Du côté de l'opposition, Le Règne de la loi se bat pour une vie plus décente et l'établissement d'un Etat de droit et de justice. L'adhésion de l'Arménie à l'Union européenne est la priorité de la formation en politique étrangère.

Le Parti de l'héritage dirigé par l'ancien ministre des Affaires étrangères, Raffi Hovannissian et que certains observateurs politiques voient entrer au Parlement à l'occasion de ces élections législatives, veut également établir un Etat de droit. Il promet la création de 150 000 nouveaux emplois en trois ans. L'Impeachment alliance veut renverser le régime « antidémocratique et illégitime » qui dirige le pays et envisage une action en justice contre le Président de la République, Robert Kotcharian, si elle remporte les élections. Le Parti de l'unité nationale (AM) s'engage à faire voter 43 lois pour sortir l'Arménie de la crise qu'elle traverse. Enfin, la Fédération révolutionnaire (Dashnaktsutyun), membre de la coalition gouvernementale, met l'accent sur la natalité et espère amener la population au nombre de 4 millions en 2012.

En cette période de campagne électorale, les formations politiques rivalisent de promesses électorales, notamment dans les régions les plus touchées par le chômage au nord du pays. Le Règne de la loi a ainsi promis aux habitants de la deuxième ville du pays, Gyumri, l'installation du câble pour leur permettre l'accès aux chaînes de télévision russes. Un candidat du Parti républicain est allé encore plus loin, promettant de construire une nouvelle tour de télévision dans la ville. Le 3 avril, le ministre de l'Energie, Armen Movsisian, a affirmé que l'entreprise chimique de la région de Gyumri, détruite par le tremblement de terre de 1988, rouvrirait très prochainement et offrirait du travail à 370 personnes. Le Chef de l'Etat, Robert Kotcharian, avait déjà promis la réouverture de l'entreprise durant sa campagne présidentielle de 2003. Selon la loi électorale, les dépenses de campagne sont militées à 160 000 dollars par formation, mais les partis utilisent les zones grises existant dans les textes pour engager des dépenses excédant largement ce montant. La multiplication des promesses électorales ne fait qu'augmenter le cynisme au sein de la population et conduit une grande partie des Arméniens à l'apathie électorale. « 40% des électeurs ne se sentent pas concernés par les élections législatives à venir » affirme Artaches Guegamian qui fera défiler ses partisans dans les rues d'Erevan le 13 mai prochain en cas de fraude électorale. En février dernier, Artur Baghdasarian évoquait dans le quotidien américain The Wall Street Journal la menace de « vol » des prochaines élections législatives par des « forces du gouvernement» et affirmait « Il est important de savoir qui va gagner mais il est encore plus important de savoir comment ils vont gagner ».

Les élections législatives, qui seront suivies d'une élection présidentielle en mars 2008, constituent un test important pour l'Arménie. L'Union européenne, les Etats-Unis et le Conseil de l'Europe ont plusieurs fois appelé au bon déroulement du scrutin et à la tenue d'élections démocratiques, libres et transparentes. Les pratiques de certaines formations politiques ont, d'ores et déjà, été mises en cause par les observateurs internationaux présents dans le pays pour ces élections législatives. Leo Platvoet, chef de la mission d'observation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, a exprimé ses inquiétudes sur certaines irrégularités constatées par son équipe. « Si l'Arménie veut faire partie de la communauté européenne, elle doit faire un pas dans la direction d'élections libres » a-t-il déclaré.

Quelques incidents ont été constatés durant cette campagne électorale. Le 2 avril dernier, Vardan Gukasian (HHK), maire de Gyumri, a fait l'objet d'une tentative d'assassinat. Le 12 avril, deux bombes explosaient dans des bureaux d'Arménie prospère. Enfin, le 30 avril, une bagarre a opposé des sympathisants d'une formation non candidate aux élections législatives. « Ces incidents montrent que certaines personnes ne souhaitent pas la tenue d'élections libres. Peu importe quels sont ceux qui ont organisé ces incidents, ils sont nos ennemis » a déclaré le Premier ministre et tête de liste du Parti républicain, Serzh Sarkisian.

La victoire du Parti républicain est très importante et nécessaire pour le Président de la République Robert Kotcharian qui a exprimé son désir de voir l'actuel Premier ministre, Serzh Sarkisian, lui succéder à la tête de l'Etat. Le 27 avril, lors d'une réunion avec des professeurs et des étudiants de l'université d'Etat d'Erevan, le Président de la République a indiqué les formations qu'il souhaitait voir entrer au Parlement : le Parti républicain, Arménie prospère, la Fédération révolutionnaire Dashnaktsutyun et le Parti des travailleurs unis.

Selon le directeur de Sociometer, Aharon Adibekian, 6 formations pourraient entrer au Parlement le 12 mai prochain. Il s'agit du Parti républicain, d'Arménie prospère, du Règne de la loi, de la Fédération révolutionnaire Dashnaktsutyun, du Parti des travailleurs unis et du Parti de l'héritage. Ses prévisions sont fondées sur les résultats d'une enquête d'opinion réalisée par son institut dans lequel le Parti républicain et Arménie prospère arrivent en tête des intentions de vote avec respectivement 13,1% et 11,1% des suffrages. Le Parti républicain est cependant en recul constant depuis plusieurs semaines.

Elections législatives en Arménie, le point à une semaine du scrutin

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