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Corinne Deloy
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Le Parti social-démocrate (PSD), du Premier ministre sortant Ion-Marcel Ciolacu, est arrivé en tête des élections parlementaires le 1er décembre en Roumanie, jour de la fête nationale du pays. Il a recueilli 21.97% des suffrages à la Chambre des députés (Camera deputatilor) et 22.31% au Sénat (Senatul). L’Alliance pour l’union des Roumains (AUR), parti d’extrême droite présidé par George Simion, a pris la 2e place avec 18% à la chambre basse et 18.29% à la chambre haute. Le Parti national-libéral (PNL), dirigé par Nicolae-Ionel Ciuca et partenaire du Parti social-démocrate au sein de la coalition gouvernementale sortante, a obtenu 13,20% à la Chambre des députés et 14,29% au Sénat. Sauvez la Roumanie (USR), parti libéral dirigé par Elena-Valeria Lasconi, candidate qualifiée pour le 2e tour du scrutin présidentiel prévu le 8 décembre, a recueilli 12.4% à la chambre basse et 11,25% au Sénat
SOS Romania, conduit par Diana Sosoaca, et le nouveau Parti de la jeunesse (Partidul Oamenilor Tineri, POT), qui soutient Calin Georgescu, candidat d’extrême droite qui sera opposé à la dirigeante libérale au 2e tour de l’élection présidentielle, emmené par Anamaria Gavrila, ont recueilli respectivement 7.36% à la chambre basse et 7,75% au Sénat et 6,45% à la chambre basse et 6.39% au Sénat. Enfin, l'Union démocratique des Hongrois de Roumanie (UDMR), conduite par Hunor Kelemen, a obtenu 6,34% des voix à la Chambre des députés et 6,38% à la chambre haute.
Les élections parlementaires se sont déroulées dans des circonstances particulières puisque la Cour constitutionnelle a décidé de faire procéder au recomptage des 9,4 millions de bulletins de vote du 1er tour du scrutin présidentiel en raison de suspicions sur l'intégrité de l’élection. Calin Georgescu (indépendant), qui est arrivé en tête le 24 novembre avec 22,94% des suffrages, est accusé d’avoir bénéficié d'une « exposition massive » sur TikTok en « violation de la législation électorale », c’est-à-dire sans avoir été étiqueté comme candidat politique, des accusations que rejette la compagnie. « L'un des candidats a bénéficié d'une exposition massive en raison d'un traitement préférentiel accordé par la plateforme TikTok. Dans ce contexte, les membres du Conseil ont demandé aux autorités ayant des attributions dans le domaine de la sécurité nationale ainsi qu'aux organes de police judiciaire de prendre urgemment les mesures nécessaires » a fait savoir le Conseil suprême de la défense du pays (CSAT).
Le président de la commission électorale, Toni Grebla, a indiqué qu’un nouveau vote serait organisé en cas d'invalidation du scrutin par la Cour constitutionnelle. Le 1er tour pourrait alors être organisé le 15 décembre et le 2e le 29 décembre.
Plusieurs membres de l'opposition se sont élevés contre cette décision. « La Roumanie subit un véritable coup d'État fomenté indirectement par le Parti social-démocrate dans l'espoir de rejouer le 1er tour pour ramener ainsi leur candidat en finale » ont déclaré Ludovic Orban (Force de la droite, FD), Elena Lasconi et George Simion. « Ils n'écoutent pas la voix des Roumains et ils veulent rejouer le match pour obtenir les résultats qu'ils souhaitent ».
Le taux de participation s’est élevé à 52 %, soit le plus important depuis une vingtaine d’années.
Résultats des élections parlementaires du 1er décembre 2024 en Roumanie
Chambre des députés
Participation : 52 %
Source : https://prezenta.roaep.ro/parlamentare01122024/pv/romania/results/
Sénat
Participation : 52 %
Source : https://prezenta.roaep.ro/parlamentare01122024/pv/romania/results/
Le dirigeant social-démocrate Marcel Ciolacu s'est félicité des résultats de son parti. « Les Roumains ont lancé un important signal à la classe politique » a cependant mis en garde le Premier ministre sortant, qui a assuré vouloir poursuivre sur la voie européenne « mais aussi protéger notre identité et nos valeurs nationales ».
Ensemble, les partis d’extrême droite ont recueilli 30,42% des voix. Ils s'opposent au soutien de la Roumanie à l’Ukraine, prônant la « paix », et veulent défendre les « valeurs chrétiennes » du pays. « Ces partis, qui risquent de représenter au moins 25 % du parlement, tiennent un discours hostile aux valeurs européennes et ils diffusent de nombreux narratifs d’inspiration russe, qui contribuent aux campagnes de désinformation » a indiqué George Scutaru du think tank New Strategy Center avant les élections.
« Le peuple roumain a voté pour les forces souverainistes » a déclaré George Simion. « C’est le début d’une nouvelle ère où les Roumains se réapproprient le droit de décider de leur propre destin ».
Claudiu Tufis, professeur de science politique à l'université de Bucarest, a souligné que la décision des deux principaux partis– le Parti social-démocrate et le Parti national-libéral - de gouverner ensemble durant les 3 dernières années n'a fait qu'« accentuer la méfiance des électeurs et renforcer l'impression qu'ils sont unis contre le peuple. Pour de nombreux Roumains, voter en faveur de Calin Georgescu n'était pas seulement une question d'idéologie mais aussi de frustration ». Les deux partis sont également impliqués dans plusieurs scandales de corruption et sont pour de nombreux Roumains, les symboles d’un système politique sclérosé.
Les résultats des élections parlementaires attestent d’un parlement fragmenté. Les négociations pour former le futur gouvernement pourraient être longues et difficiles. Le Parti national-libéral a répété durant toute la campagne électorale qu’il ne participerait pas à une coalition gouvernementale à laquelle appartiendrait le Parti social-démocrate. De son côté, Marcel Ciolacu a exclu toute forme d'alliance avec l’Alliance pour l’union des Roumains.
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