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Les Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB) de Boïko Borissov arrivent en tête des élections législatives mais devront trouver une majorité

Élections en Europe

Corinne Deloy

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28 octobre 2024
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Les Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB) de Boïko Boris...

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Pour la 7e fois depuis avril 2021 et pour la 2e fois cette année, les Bulgares ont été appelés aux urnes pour désigner les 240 membres de l’Assemblée nationale (Narodno sabranie), chambre unique du Parlement. Comme attendu, les rapports de force ont été peu modifiés par ce nouveau scrutin.

Les Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB), dirigés par l'ancien Premier ministre (2009-2013, 2014-2017, 2017-2021) Boïko Borissov, ont recueilli 26,4% des suffrages. « Poursuivons le changement-Bulgarie démocratique » (PP-DB), coalition libérale unissant le parti présidé par Kiril Petkov à Bulgarie démocratique, qui rassemble Oui Bulgarie, les Démocrates pour une Bulgarie forte et qui est dirigée par Hristo Ivano, a pris la 2e place des avec 14,23% suivie de Renaissance (Vazrazhdane, V), parti nationaliste conduit par Kostadin Kostanidov, avec 13,38%. « L’influence de Renaissance s’accroît au point que le parti devient un partenaire potentiel pour le GERB » a souligné, Dobromir Jivkov., directeur de l’institut d’opinion Market Links. Boïko Borissov a cependant exclu de gouverner avec le parti de Kostadin Kostanidov.
Les partisans de Delyan Peevski, ancien codirigeant du Mouvement pour les droits et les libertés (DPS), représentant la minorité turcophone du pays[1], rassemblés au sein du Mouvement pour les droits et les libertés-Nouveau départ qui s’est uni avec le Parti de la voix et avec le Parti des nouveaux dirigeants, ont obtenu un résultat plus élevé que celui que leur prédisant les enquêtes d’opinion : 11,45% des voix. Le Parti socialiste (BSP), conduit par Atanas Zafirov, a recueilli 7,57%. 3 autres partis seront représentés à l’Assemblée : l’Alliance pour les droits et les libertés, qui regroupe les proches de Ahmed Dogan, ancien dirigeant du Mouvement pour les droits et les libertés (1990-2013), alliés aux Patriotes bulgares unis (SBOR) et à l’Union agraire nationale, a obtenu 7,49% ;  « Un tel peuple existe » (Ima takuv narod, ITN), parti populiste créé par le chanteur et présentateur de télévision Slavi Trifonov, 6,79% et Metch (qui signifie « sabre » en bulgare et qui est également l’acronyme dans cette langue de morale, unité, honneur), qui obtient 4,59% et dépasse ainsi le seuil de 4% des suffrages obligatoire pour être représenté au parlement. Le parti a été fondé en octobre 2023 par un ancien membre d’Un tel peuple existe, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports Radostin Vassilev. Il se veut le premier parti véritablement pro-bulgare de l'histoire contemporaine du pays ; il est favorable à un arrêt immédiat de l'aide militaire apportée à l’Ukraine et à une politique de neutralité dans le conflit qui oppose Kiev à Moscou.

Le taux de participation s’est élevé à environ 38%, soit au-dessus du taux - très faible - enregistré lors des précédentes élections législatives du 9 juin 2024 (33,4%).

Résultats des élections législatives du 27 octobre 2024 en Bulgarie
Participation : 38%

Source : https://results.cik.bg/pe202410/rezultati/index.html

« La victoire du GERB est indéniable » a déclaré Boïko Borissov à l’annonce des résultats. « Nous nous sommes engagés à constituer un gouvernement » a-t-il ajouté, se disant prêt aux compromis et tendant la main aux autres forces politiques. « Les gens veulent un gouvernement, de la stabilité, de la sécurité ». 

Néanmoins, la formation d’une majorité de gouvernement risque d’être difficile. Le GERB devra trouver 3 partenaires sur lesquels s’appuyer au parlement alors que celui-ci reste très fragmenté puisque 8 partis y sont représentés. « 2 partis ne seront pas suffisants pour former une coalition gouvernementale. Ils vont devoir en trouver un autre. La question est lequel cela pourrait être ? » s’est interrogé Boryana Dimitrova, analyste à l’institut d’opinion Alpha Research. 

« La responsabilité de former un gouvernement revient au GERB. Nous attendons de voir ce qu’ils proposent » a indiqué l’ancien Premier ministre (2023-2024) Nikolaï Denkov (PP-DB).

Durant la campagne électorale, le dirigeant de Poursuivons le changement et ancien Premier ministre (2021-2022) Kiril Petkov avait affirmé que son parti n’apporterait en aucun cas son soutien à un gouvernement auquel appartiendrait Boïko Borissov. Il a précisé qu’il souhaitait que les premières semaines du parlement soient consacrées à l’adoption de règles relatives à l’élection d’une nouvelle commission anti-corruption et que des mesures soient prises afin d’empêcher la procédure d’élection d’un nouveau Procureur général par les membres du Conseil supérieur de la magistrature dont le mandat a expiré.

« Nous sommes à nouveau à quai, à attendre de voir si le GERB et PP-DB vont tomber d'accord pour isoler l'extrême droite » a déclaré Andrey Raichev, directeur du Centre national de l’opinion publique. « Un parlement fragmenté et de très anciennes rivalités politiques vont compliquer la formation d’un gouvernement stable et fonctionnel (…) Un chaos politique prolongé pourrait se traduire par une déception croissante des électeurs à l'égard des partis politiques traditionnels au profit des formations populistes, nationalistes et pro-russes » peut-on lire dans une publication de Teneo, consultant en risque politique. 

Après 7 scrutins législatifs et cinq Premiers ministres en moins de 4 années, il serait souhaitable que la série électorale s’achève au plus vite en Bulgarie. Selon une enquête d’opinion réalisée par l’institut Alpha Research, les deux tiers des Bulgares (61,60%) jugent la situation politique du pays « extrêmement préoccupante ». 

[1] Après les élections législatives du 9 juin 2024, le Mouvement pour les droits et les libertés a connu de nombreuses tensions. Un processus d’exclusion des proches du précédent dirigeant, Ahmed Dogan, a été lancé par des proches de l’un des deux leaders du parti, Delyan Peevski. Le 27 août, ce dernier a été démis de ses fonctions de président et 7 députés parmi ses proches ont été exclus du parti, ce qui a conduit à une scission du parti.

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