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Les Belges ont fait mentir les sondages: la Nouvelle alliance flamande est victorieuse en Flandre et le Mouvement réformateur s’impose en Wallonie et à Bruxelles

Élections en Europe

Corinne Deloy

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9 juin 2024
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Contrairement à ce qu’avaient annoncé les enquêtes d’opinion, la Nouvelle alliance flamande (NVA) est sortie victorieuse des élections législatives du 9 juin en Flandre. Elle a recueilli 16,71% des suffrages (24 sièges, soit un de moins que lors des précédentes élections législatives du 26 mai 2019) et devancé le parti de droite radicale Vlaams Belang (VB), qui a obtenu 13,76% et 20 élus (+ 2), soit le résultat le plus élevé de son histoire. « Nous avons gagné ces élections. Avouez-le, vous ne vous attendiez pas à cela. Je tiens à vous remercier, les sondages n'étaient pas bons. Les faire-part de décès étaient déjà écrits mais vous n'avez jamais baissé les bras. Ce qui fait que la NVA est le premier parti de Flandre (…) La Flandre plus que jamais a voté pour l'autonomie. Chers amis, il faudra tenir compte du choix des Flamands. La Flandre a réglé ses comptes avec le gouvernement Vivaldi » a déclaré le dirigeant du parti, Bart De Wever.
Le leader du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, a immédiatement tendu la main à la NVA. « La Flandre a parlé clairement : la Flandre veut une politique plus à droite et plus flamande. Donc, cher Bart, ne gâche pas cette chance historique ».
La NVA et le VB partagent une volonté de division de la Belgique, une mesure inscrite dans leurs statuts. La NVA n’utilise toutefois plus le terme de séparatisme (seuls 10% des Flamands désirent la fin de la Belgique) mais celui de confédéralisme, un mot moins radical et donc moins effrayant. Toutefois, si le VB intégrait le gouvernement flamand auprès de la NVA, cela pourrait mettre à mal une alliance de cette dernière avec les autres partis francophones au niveau fédéral alors que Bart De Wever se verrait bien Premier ministre du pays.

Les socialistes de Vooruit (ancien Parti socialiste flamand (SP.A)), emmenés par Melissa Depraetere, ont pris la 3e place du scrutin en Flandre avec 8,11% et 13 députés (=), suivis des Chrétiens-démocrates (CD&V), qui ont recueilli 7,98% et 11 élus (- 1). Les Libéraux et démocrates (Open VLD) ont obtenu 5,44% et 7 élus (- 5) et les écologistes de Groen 4,63% et 6 sièges (- 2).
Le Premier ministre sortant Alexander De Croo (Open VLD) a félicité « les vainqueurs de ces élections, la NVA, le Vlaams Belang et Vooruit. Et nos amis du Mouvement réformateur (MR) dans la partie francophone. Pour nous, c'est une soirée particulièrement difficile, nous avons perdu ». Tom Ongena, dirigeant de l’Open VLD, a qualifié le résultat de son parti de « stérile ». « Nous avons toujours dit que si nous obtenions moins de 10% des suffrages, nous ne pourrions pas peser sur la politique. Il est clair que nous ne devrions pas entrer dans la majorité ». Il a annoncé sa démission de la tête du parti. 

L’autre surprise de ce scrutin réside dans la forte poussée du Mouvement réformateur (MR) en Belgique francophone. Il a recueilli 10,28% des suffrages et 20 sièges (+ 6) Et devancé le Parti socialiste, en recul, qui a obtenu 8,05% et 16 députés (- 4). Le dirigeant socialiste Paul Magnette a reconnu sa déception par rapport au résultat en Wallonie : « Il y a une tendance à l'érosion de nos résultats, qui ne sont pas à la hauteur de ce qu'on espérait, et à une croissance manifeste des partis de droite et de centre droit, un glissement global dans le paysage européen » a-t-il souligné.
Les Engagés (ancien Centre démocrate humaniste (cDH)), conduits par Maxime Prévot, ont recueilli 6,78% et 14 élus, (=). Le Parti du travail (PTB/PvdA) de Raoul Hedebow a obtenu 9,86% et 15 élus (=). Enfin, Ecolo a subi un véritable revers : 2,93% et 3 sièges (- 10). Les codirigeants Jean-Marc Nollet et Rajae Maouane ont démissionné de leur fonction. « Nous n'avons pas été à la hauteur des attentes. Ce soir, il faut constater que les écologistes font partie des vaincus du scrutin » a déclaré Jean-Marc Nollet.

Le MR est devenu le premier parti à Bruxelles. Dans la capitale, il a devancé le PS, talonné par le Parti du travail. Georges-Louis Bouchez, dirigeant du MR, a qualifié la victoire de son parti de « moment historique ». « C'est la première fois que les libéraux seuls sont premiers à Bruxelles (…) Le MR est à la première place en Wallonie, crédité de 30% des suffrages. Cette victoire doit nous responsabiliser. Une victoire électorale, ce n'est pas un cadeau, c'est une responsabilité (…) Ce soir, les résultats électoraux sont clairs, ils montrent une volonté de changement, de réforme ». 
En Wallonie comme à Bruxelles, le MR pourrait former un gouvernement avec les Engagés. Les socialistes pourraient choisir l’opposition. 

La participation a été la plus faible jamais enregistré en Belgique : elle s’est élevée à 87,42%. Rappelons que le vote est obligatoire dans le royaume même si les contrevenants à la législation en vigueur ne sont plus sanctionnés. 

source : https://elections2024.belgium.be/fr/resultats-chiffres?el=CK&id=CKR00000

La coalition gouvernementale sortante appelée Vivaldi (en référence aux couleurs des 4 saisons), dirigée par Alexander De Croo (Open VLD) et qui rassemble le MR, le CD&V, le PS, Vooruit, Groen et Ecolo ! ne pourra pas se maintenir à la tête de la Belgique. 
Les socialistes et les écologistes ont enregistré un recul alors que le MR et les Engagés sont en hausse. La NVA pourrait rejoindre le prochain gouvernement fédéral. « Nous sommes extrêmement opposés sur l'avenir de la Belgique. Sur la question socio-économique, sur la sécurité, sur la migration, nous sommes très proches » a indiqué Georges-Louis Bouchez, interrogé sur une alliance avec la NVA.
Dans les prochains jours, le roi Philippe devrait s’entretenir avec les dirigeants des principaux partis politiques, avant de nommer un ou plusieurs informateurs. Ceux-ci sont généralement des personnalités politiques expérimentées qui sont chargées d’identifier les solutions envisageables pour former un gouvernement. Après avoir recueilli leurs informations, le roi choisit le dirigeant d’une des formations représentées au parlement qu’il charge de former un gouvernement. S’il y parvient, ce dernier sera nommé Premier ministre du royaume. Cela pourrait prendre quelques temps. 

 

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