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Élections en Europe
Corinne Deloy
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Le 12 mai prochain, les Lituaniens sont convoqués aux urnes pour le 1er tour de l’élection présidentielle. Le chef de l’Etat sortant Gitanas Nauseda est candidat à sa succession. Parmi ses principaux rivaux figure la Première ministre Ingrida Simonyte (Union de la patrie-Chrétiens-démocrates, TS-LKD). Les deux candidats se sont déjà affrontés lors du 2e tour de la précédente élection présidentielle des 12 et 26 mai 2019. 6 autres candidats sont en lice pour ce scrutin. Si aucun ne recueille plus de 50% des suffrages +1 voix le 12 mai, un 2e tour sera organisé le 26 mai.
Gitanas Nauseda est la personnalité politique la plus populaire de Lituanie et ce parmi toutes les catégories socioprofessionnelles. « Personne ne se voit comme un challenger sérieux de Gitanas Nauseda. Certains partis ne veulent pas dépenser inutilement de l’argent et certains acteurs politiques pensent au scrutin européen et aux élections législatives à venir » a indiqué Aine Ramonaite, professeur de science politique à l’institut des relations internationales et de science politique de l’université de Vilnius pour expliquer la campagne électorale atone de l’élection présidentielle.
Selon l’enquête d’opinion réalisée par l’institut Vilmorus pour le quotidien Lietuvos Rytas, le président sortant devrait remporter le 1er tour avec 40,20% des suffrages, très loin devant l’avocat Ignas Vegele, crédité de 10,6% des voix, et de la Première ministre Ingrida Simonyte, qui en recueillerait 8,9%.
Les candidats
Les 8 candidats en lice pour l’élection présidentielle sont :
- Gitanas Nauseda (indépendant), président de la République sortant ;
- Ingrida Simonyte (Union de la patrie-Chrétiens-démocrates, TS-LKD), Première ministre depuis 2020 et ancienne ministre des Finances (2009-2012). Elle se dit la représentante de la droite modérée et elle est soutenue par les électeurs des grandes villes qui, en Lituanie, sont plus à droite que la moyenne de la population contrairement à ce qu’on observe dans de nombreux pays d’Europe. La moitié des Lituaniens estiment qu’Ingrida Simonyte aurait dû quitter son poste de Première ministre pour se porter candidate à l’élection présidentielle selon une enquête d’opinion réalisé par l’institut Baltijos Tyrimai pour la radio-télévision lituanienne LRT ;
- Ignas Vegele, avocat, connu pour son opposition à la politique mise en place par le gouvernement lors la pandémie de Covid-19. Très conservateur en matière de mœurs, il est soutenu par les moins diplômés et les moins fortunés ainsi que par les personnes vivant dans les zones rurales ;
- Eduardas Vaitkus (indépendant), professeur à l’université des sciences de la santé ;
- Dainius Zalimas (Parti de la liberté, LP), doyen de la faculté de droit de l’université Vytautas Magnus et ancien président de la Cour constitutionnelle ;
- Giedrimas Jeglinskas (Pour la Lituanie, DSVL), chargé de mission au Conseil atlantique ;
- Andrius Mazuronis, dirigeant du Parti du travail (DP) et vice-président du Seimas, chambre unique du Parlement ;
- Remigijus Zemaitaitis (Aube de Nenumas, NA), député.
La (non-)campagne électorale
Gitanas Nauseda a annoncé le 7 décembre dernier qu’il était candidat à sa succession. « Je suis déterminé à poursuivre le travail commencé » a-t-il affirmé. L’homme met en avant son bilan à la tête du pays et notamment l’important soutien militaire financier et humanitaire apporté par Vilnius à l’Ukraine. Il demande la création d’un tribunal international pour juger l’agression de Vladimir Poutine sur l’Ukraine. Gitanas Nauseda a joué un rôle important dans l’accueil des réfugiés biélorusses opposés à la dictature d’Alexandre Loukachenko. Il a offert refuge à la dirigeante de l’opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, fondatrice et présidente du Conseil de coordination, qui se bat pour mettre fin à la persécution politique des citoyens, la libération des prisonniers politiques et l’organisation de nouvelles élections démocratiques en Biélorussie. Il a également contribué à l’augmentation du budget de la défense du pays qui atteint désormais 2,5% du PIB. Il a finalisé l’accord qui permet à l’Allemagne de déployer de façon permanente une brigade en Lituanie. « La Lituanie est plus sûre que jamais face aux menaces extérieures » a déclaré Gitanas Nauseda.
Le 3 février, le Parti social-démocrate (LSDP) a fait part de sa décision de ne pas désigner de candidat pour l’élection présidentielle et a annoncé son soutien au chef de l’État sortant. Certains membres ont émis des réserves sur ce choix, arguant du fait que les autres partis de gauche pourraient aisément critiquer l’appui des sociaux-démocrates à un banquier et un économiste (Gintanas Nauseda a en effet été économiste en chef auprès du président de la banque SEB entre 2008 et 2018 et directeur de la politique monétaire de la Banque centrale de Lituanie entre 1996 et 2000). Par ailleurs, d’autres membres du Parti de gauche ont mis en avant le fait que sans candidat, les sociaux-démocrates sont par conséquent absents de la campagne électorale et ne peuvent donc défendre leurs idées. Selon les enquêtes d’opinion, les trois quarts (75%) des électeurs des sociaux-démocrates soutiennent Gitanas Nauseda.
« Sans candidature de la présidente du Parti social-démocrate Vilija Blinkeviciute (2e personnalité politique préférée des Lituaniens), les jeux sont faits » a souligné Virgis Valentinavicius, professeur de l’université Mykolas Romeris.
« La visibilité est importante pour un parti politique mais elle est mise en relation avec les ressources disponibles et nécessaires pour une campagne électorale. C’est pour cette raison que certains partis ne désigneront pas de candidat au scrutin présidentiel » a indiqué Vilpisqauskas Ramunas, professeur de l’institut des relations internationales et de politique science de l’université de Vilnius.
Pour la première fois également, l’Action électorale des Polonais en Lituanie-alliance des familles chrétiennes (LLRA-KSS) ne présente pas de candidat à une élection présidentielle. Son dirigeant Valdemar Tomasevski a été candidat lors des trois derniers scrutins. Le parti ne soutient aucun candidat pour le 1er tour.
Ce même jour, les Lituaniens sont également appelés à voter par référendum sur la légalisation de la double nationalité. En effet, l'article 12 du chapitre I de la Constitution précise qu'« exceptés les cas particuliers prévus par la loi, nul ne peut être à la fois citoyen de la République de Lituanie et citoyen d'un autre État ».
Les Lituaniens qui ont quitté le pays après le 11 mars 1990, date de la restauration de l’indépendance du pays, et qui ont obtenu par naturalisation la nationalité d’un autre État doivent donc abandonner leur nationalité lituanienne, qu’ils ne peuvent par conséquent pas transmettre à leurs enfants. La Cour constitutionnelle a indiqué que la loi pouvait être changée uniquement par référendum. Six Lituaniens sur dix soutiennent la possibilité de double nationalité. Le référendum du 12 mai sera contraignant.
En 2019, un référendum avait déjà été organisé sur ce sujet lors du 1er tour de l’élection présidentielle, le 12 mai. Sept électeurs sur dix (72,92%) avaient voté en faveur du projet de double nationalité, un quart (26,08%) s’étaient prononcés contre. La participation avait été faible (38,46%), soit un taux insuffisant pour valider la consultation populaire qui exigeait que la moitié des Lituaniens se rendent aux urnes.
Rappel des résultats de l’élection présidentielle des 12 et 26 mai 2019 en Lituanie
Participation : 57,37% (1er tour) et 53,88% (2e tour)
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