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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Corinne Deloy

Fondation Robert Schuman
Après avoir renouvelé les deux Chambres de leur Parlement, la Diète et le Sénat, le 25 septembre dernier, les Polonais s'apprêtent à voter le 9 octobre pour le premier tour de l'élection présidentielle pour lequel douze candidats sont en lice. La dernière enquête d'opinion, réalisée du 30 septembre au 1er octobre derniers par l'institut TNS OBOP auprès de mille cinq cent douze personnes, révèle que les deux principaux candidats ont perdu quelques points. Donald Tusk, président de la Plateforme civique (PO) et grand favori des sondages, est en recul de cinq points à 40% d'intentions de vote. Lech Kaczynski, candidat de Droit et justice (PiS) et actuel maire de Varsovie (depuis 2002), recueillerait 33,6% des suffrages. Andrzej Lepper (Autodéfense de la République, S) arriverait en troisième position avec 11,7% des voix, suivi de Marek Borowski, leader du Parti social-démocrate (SDPL), avec 8,8%.
Arrivé en tête aux élections législatives du 25 septembre dernier, Droit et justice (PiS) a désigné Kazimierz Marcinkiewicz comme candidat au poste de Premier ministre. Ce dernier a cependant beaucoup de difficultés à convaincre que sa candidature ne relève pas d'une manœuvre électorale, Jaroslaw Kaczynski, le leader du PiS ayant décidé de se mettre en retrait pour ne pas compromettre les chances de son frère jumeau à l'élection présidentielle. Le choix de Jaroslaw comme Premier ministre constituerait en effet un risque pour Lech, l'ensemble des enquêtes d'opinion montrant que les Polonais ne souhaitent pas que les deux principales fonctions de l'Etat soient occupées par les deux frères. « J'ai décidé que Kazimierz Marcinkiewicz est le candidat qui assurera de la façon la plus rapide et la plus efficace la formation du gouvernement. Il est très bien préparé pour résoudre les problèmes économiques, il a une bonne réputation dans les milieux d'affaires » a souligné Jaroslaw Kaczynski devant la presse. Il a également affirmé que Kazimierz Marcinkiewicz resterait Premier ministre « quel que soit le résultat de l'élection présidentielle ». « Dans les pays voisins, le chef du plus grand parti n'est pas nécessairement Premier ministre. Jaroslaw Kaczynski aura la plus grande influence sur ce qui va se passer en Pologne pendant les quatre prochaines années et je conduirai les affaires gouvernementales » a déclaré Kazimierz Marcinkiewicz.
Ancien professeur de sciences physiques à Gorzow, ville située à l'Ouest de la Pologne, et ancien membre du syndicat Solidarité, Kazimierz Marcinkiewicz, leader du PiS pour la voïvodie (province) de Lubusz, est devenu, en 1989, conseiller municipal et recteur d'académie. Agé de quarante-six ans, il a été vice-ministre de l'Education de 1992 à 1993 dans le gouvernement dirigé par Hanna Suchocka. Elu député d'Action électorale Solidarité (AWSP) en 1997, il prend, en 1999, la direction du cabinet politique du Premier ministre Jerzy Buzek avant de démissionner un an plus tard. Au printemps 2001, il fonde le Porozumienie Prawicy (Entente de la droite), formation qui adhère à Droit et justice quelques mois avant les élections du 23 septembre 2001. Il dirige le groupe parlementaire du PiS d'avril à septembre 2001. Chef de la commission parlementaire au Trésor au cours de la précédente législature, il a été en charge de la supervision des privatisations.
Le 29 septembre dernier, les premières discussions entre les deux formations arrivées en tête des élections législatives ont été retransmises en direct à la télévision. Le 3 octobre, les négociations ont été rompues à la demande de la Plateforme civique (PO) qui refuse de présenter son candidat au poste de vice-Premier ministre tant que le programme du prochain gouvernement n'est pas définitivement établi. « Le programme d'abord, les noms ensuite » a déclaré le leader de la PO, Jan Rokita qui a reproché à Jaroslaw Kaczynski de ne pas avoir tenu sa promesse de prendre la tête du gouvernement en cas de victoire électorale de sa formation. « Notre crédibilité conjointe est en jeu, car la parole donnée n'a pas été tenue de façon évidente » a-t-il déclaré. « La situation est absurde. Au lieu de discuter de leur programme, les deux partis ont pour objectif principal la victoire de leur candidat à la présidence » analyse Mikolaj Czesnik, politologue à l'Académie polonaise des sciences.
Le 26 septembre dernier, les deux principaux candidats à l'élection présidentielle, Donald Tusk et Lech Kaczynski, se sont retrouvés dans un programme diffusé par la chaîne de télévision privée Polsat. A la suite de cette émission, le quotidien Gazeta Wyborcza, dans son édition du 27 septembre, faisait état « d'un spectacle rare dans la vie politique polonaise, à savoir l'entretien de deux hommes politiques qui respectent leur adversaire même s'ils ne partagent pas son point de vue ». Au cours de ce programme, Lech Kaczynski a critiqué le projet de la Plateforme civique d'introduire des circonscriptions uninominales tandis que Donald Tusk a présenté sa vision de la politique étrangère et abordé « la nécessité d'avoir une discussion franche avec notre allié américain au sujet de la date de la fin définitive de la mission polonaise en Irak ».
Dans un entretien qu'il a accordé à la radio Trois, l'actuel Président de la République, Aleksander Kwasniewski, a invité les électeurs de gauche à voter le 9 octobre prochain en faveur de Marek Borowski. « Je trouve tout naturel de voter pour un candidat qui représente un programme qui nous est proche. Marek Borowski est certainement un candidat de gauche et les électeurs de gauche, qui se sont abstenus lors des élections parlementaires, devraient voter pour lui » a-t-il déclaré.
Aleksander Kwasniewski, a fixé la date de la session d'inauguration de la nouvelle Sjem (Diète) au 19 octobre prochain et celle du Sénat au 20 octobre. C'est donc quatre jours avant l'éventuel deuxième tour de l'élection présidentielle (prévu le 23 octobre) que le Président de la République devrait nommer au poste de Premier ministre Kazimierz Marcinkiewicz, celui-ci devant au préalable réunir sur son nom la majorité des voix des membres de la Diète.
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