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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Onze candidats sont en lice pour l'élection présidentielle de Serbie le 29 septembre prochain. Il s'agit de :
Vojislav Seselj, président du Parti radical (SRS), candidat ultra-nationaliste soutenu par Slobodan Milosevic,
Borislav Pelevic, président du Parti de l'unité serbe (SSJ),
Miroljub Labus, vice-Premier ministre de la République Fédérale de Yougoslavie, candidat indépendant, soutenu par Zoran Djindjic, (Premier ministre de Serbie)
Vuk Draskovic, président du Mouvement serbe du renouveau (SPO),
Vuk Obradovic, président du Parti social démocrate (SD),
Nebojsa Pavkovic, ancien chef d'état-major de l'armée yougoslave (limogé le 24 juin dernier par le Président Kostunica), commandant de la troisième armée yougoslave dont les troupes sont accusées par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie d'exactions contre la population civile du Kosovo durant les années 1998-1999,
Vojislav Kostunica, Président de la République Fédérale de Yougoslavie, président du Parti démocratique de Serbie (DSS),
Velimir Bata Zivojinovic, membre du Parti socialiste (SPS), député du Parlement de Serbie et acteur renommé,
Branislav Ivkovic, ex-membre du Parti socialiste et candidat indépendant,
Tomislav Lalosevic et Dragan Radenovic, candidats indépendants.
Le Parti socialiste de Slobodan Milosevic, formation politique la plus importante de Serbie durant la dernière décennie, est dorénavant en grande difficulté. Au sein du parti, la crise a réellement commencé le 28 juin 2001, date du transfert de l'ex-Président yougoslave au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye où il est jugé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Deux de ses membres (ou ex-membres) figurent parmi les candidats à la Présidence : Branislav Ivkovic, qui se présente en candidat indépendant et Velimir Bata Zivojinovic, candidat officiel du parti mais rejeté par Slobodan Milosevic, qui en dépit de son incarcération, reste le leader du SPS. A la fin du mois d'août dernier, Slobodan Milosevic a nommé comme nouveau dirigeant du Parti socialiste par intérim Bogoljub Bjelica, en remplacement de Mirko Marjanovic, ex-Premier ministre serbe. Le nouveau dirigeant a immédiatement appelé à soutenir Vojislav Seselj, leader ultra nationaliste, candidat désigné par l'ex-Président de Yougoslavie. Dans le cadre de sa campagne électorale, Vojislav Seselj a publié quatre volumes (3 400 pages tirées à un millier d'exemplaires) des sténogrammes du procès de Milosevic devant le TPI. Ces livres sont censés prouver aux Serbes et au monde que le procès de l'ex-dictateur « est monté de toutes pièces » selon les mots du candidat qui a ajouté « Milosevic a toutes les chances de gagner et le peuple serbe avec lui ». Alors qu'il lutte pour sa survie, le Parti socialiste, qui avait un moment espéré pouvoir s'imposer comme une alternative à la lutte fratricide que se livrent Vojislav Kostunica et Miroljub Labus, semble loin d'être en mesure de mobiliser une majorité de Serbes sur son nom.
Il y a trois semaines, les autorités de la république Fédérale de Yougoslavie se sont formellement engagées dans le processus d'adhésion au Conseil de l'Europe. Si certains critères (adoption et ratification des conventions du Conseil, poursuite des réformes législatives et coopération avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, etc.) sont en passe d'être remplis, des points de différents subsistent entre les leaders politiques des deux entités du pays. En effet, la Serbie et le Monténégro ne sont toujours pas parvenus à s'accorder sur le mode de gestion de l'économie et surtout sur la Charte constitutionnelle devant régir leurs relations au sein du nouvel Etat. Si dix-neuf des vingt points ont été réglés, Serbes et Monténégrins restent opposés sur le mode d'élection des représentants des deux Républiques au sein du Parlement commun au futur Etat. Le Monténégro souhaite déléguer ses représentants au Parlement alors que la Serbie préférerait que ceux-ci soient élus au suffrage universel direct. La mise en œuvre de la Charte constitutionnelle est l'une des conditions posée par le Conseil de l'Europe pour l'adhésion du futur Etat. Le 6 septembre, Javier Solana, Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, en visite à Belgrade, a exprimé ses regrets devant le retard pris par les autorités yougoslaves. « Je trouve dramatique le fait que nous n'ayons pas fini le travail aujourd'hui. Je ne pense pas que la Yougoslavie sera admise au Conseil de l "Europe et qu'il sera possible d'entamer les négociations sur un accord sur la stabilisation et l'association à l'Union européenne sans que la Charte constitutionnelle ne soit finie » a-t-il déclaré. La session de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe se déroule du 23 au 27 septembre à Strasbourg. Les deux parties doivent impérativement parvenir à un accord sur la réforme constitutionnelle, ou encore avoir réalisé « des progrès décisifs » selon les mots de Peter Schieder, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, si elles ne veulent pas voir les discussions sur l'adhésion de leur futur Etat suspendues et reportées à une date ultérieure.
A une semaine du scrutin présidentiel, le Président de la République Fédérale de Yougoslavie Vojislav Kostunica devancerait, selon les enquêtes d'opinion, d'une très courte tête le vice Premier ministre Miroljub Labus. Vojislav Seselj, crédité jusqu'à ces dernières semaines, d'environ 5% des suffrages, a vu son score remonter durant le mois de septembre pour atteindre aujourd'hui 10 à 15% des intentions de vote. Selon les sondages, l'abstention devrait être comprise entre 30 et 40%. En outre, plus d'un tiers des électeurs se déclarent encore indécis à quelques jours du scrutin. Il faudra donc attendre le vote des Serbes pour savoir qui des deux principaux candidats, Vojislav Kostunica et Miroljub Labus, sera le prochain dirigeant du pays.
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