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Corinne Deloy,
Jacques Mer,
Egill Helgason
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Jacques Mer
Egill Helgason
Le 26 juin prochain, les Islandais éliront au suffrage universel leur Président de la République.
La tradition veut qu'en Islande aucun concurrent ne se présente contre un Président en exercice sollicitant un nouveau mandat. L'actuel chef de l'Etat Olafur Ragnar Grimsson a ainsi été élu une première fois, le 29 juin 1996, avec 40,9% des voix puis reconduit dans ses fonctions, en juin 2000, sans qu'une élection ne soit organisée. Le Président a récemment annoncé sa volonté d'effectuer un nouveau mandat mais deux autres personnalités se sont également déclarées candidates au scrutin du 26 juin prochain, l'homme d'affaires et militant pacifiste Asthor Magnusson, qui avait obtenu 2,6 % des suffrages à l'élection présidentielle du 29 juin 1996, et Baldur Agustsson, inconnu du grand public. Il y a quatre ans, Asthor Magnusson avait tenté de se présenter mais n'était pas parvenu à recueillir le nombre de parrainages imposé par la loi électorale. La future victoire d'Olafur Ragnar Grimsson ne fait cependant aucun doute mais il sera intéressant de connaître la participation électorale à cette élection présidentielle et le nombre de voix que recueillera le chef de l'Etat sortant.
Tout candidat à la fonction présidentielle doit disposer de mille cinq cents parrainages. Le scrutin se déroule sur un seul tour, le candidat arrivant en tête étant élu Président. L'élection n'est pas politique, les candidats faisant plutôt leur choix selon la personnalité des candidats qui, eux-mêmes, ne mènent pas de campagne politique mais tentent de rassembler les citoyens et d'apparaître comme un symbole vivant de l'unité nationale. Ainsi, si Olafur Ragnar Grimsson est originellement issu d'une formation de gauche, sa popularité actuelle, très élevée parmi la population rurale, dépasse les clivages partisans.
La durée du mandat présidentiel est de quatre ans, le nombre de mandats n'étant pas limité.
Lors de l'annonce de sa candidature, Olafur Ragnar Grimsson a souhaité que le renouvellement du mandat présidentiel soit l'occasion d'ouvrir un débat autour du rôle du chef de l'Etat. Actuellement, le Président de la République d'Islande possède peu de pouvoirs, s'abstenant en fait d'utiliser l'ensemble de ceux que lui accorde la Constitution. Il exerce principalement une autorité morale auprès des citoyens et est souvent qualifié de « roi sans couronne » et comparé au souverain danois durant l'entre deux guerres. Si le chef de l'Etat dispose du droit de veto à l'encontre d'une loi qu'il jugerait contraire à l'intérêt national, aucun Président n'a, à ce jour, utilisé cette mesure. Olafur Ragnar Grimsson semble regretter que la fonction présidentielle se réduise à son seul aspect honorifique mais les formations de l'actuel gouvernement (le Parti de l'indépendance, SSF, du Premier ministre David Oddsson et le Parti du progrès, FSF) n'ont pas semblé enthousiastes à l'idée que ce sujet fasse l'objet d'un débat.
La semaine dernière, Olafur Ragnar Grimsson est rentré précipitamment du Mexique où il effectuait un voyage diplomatique, visiblement pressé par certains membres de son entourage d'apposer son veto à une loi sur les médias actuellement en discussion à l'Althing, le Parlement islandais. Revenu dans son pays, le Président n'a pas quitté Reykjavik et ne s'est donc pas rendu le week-end dernier au mariage du Prince Frédérick du Danemark avec Mary Donaldson où il était convié et où il devait représenter l'Islande.
Avec cette loi sur les médias, le Premier ministre David Oddson entend lutter contre les concentrations dans le secteur médiatique. Celles-ci, selon le chef du gouvernement, sont en effet susceptibles de restreindre la liberté du consommateur, non seulement au niveau économique mais également sur le plan politique. En Islande, à côté du service public (Rikisutvarpid) qui possède deux chaînes de radio et une de télévision existent diverses sociétés privées. La plus importante d'entre elles est Nordurljos, qui regroupe cinq chaînes de radio, cinq chaînes de télévision et plusieurs journaux. Depuis quelques mois, un autre groupe, Skjar 1, possède également deux chaînes de télévision. Mais la loi actuellement en discussion au Parlement, critiquée par certains juristes qui l'estiment contraire à la Constitution mais également, selon les enquêtes d'opinion, rejetée par 80% de la population, semble principalement destinée à empêcher Jon Asger Johanesson, propriétaire de la chaîne de magasins d'alimentation Baugur, d'investir dans les médias. Le groupe Baugur s'est récemment engagé dans le capital de deux journaux, Frettabladid et DV, et de la chaîne de télévision Stod 2. Concernant un éventuel veto présidentiel contre la loi, le Premier ministre David Oddson a récemment déclaré que celui-ci était irrecevable puisque la fille d'Olafur Ragnar Grimsson travaille pour le groupe Baugur et puisque l'un des anciens assistants du Chef de l'Etat est désormais employé par la société Nordurljos, propriétaire de nombreux médias.
La principale formation d'opposition, le Parti de l'alliance (SF), pousse le Président au veto ainsi que l'Alliance rouge-Les Verts (VG) qui sont fermement opposés au Premier ministre David Oddson. Côté majorité, le leader du Parti du progrès, Halldor Asgrimsson, lié par l'accord passé avec le Parti de l'indépendance, en juin 2003 après les élections législatives, veut plus que tout préserver ses chances de devenir Premier ministre et soutient David Oddson qu'il remplacerait si celui-ci venait à se retirer.
Le Président de la République et le Premier ministre se sont rencontrés mardi 17 mai mais nul ne connaît encore la décision finale que prendra Olafur Ragnar Grimsson. L'apposition du veto présidentiel à la loi sur les médias constituerait un événement exceptionnel en Islande en créant un conflit entre le pouvoir législatif, le gouvernement et le Président, soit l'autre « tête » de l'exécutif. Le risque de division du pays avait notamment été mis en avant par Vigdis Finnbogadottir, ancienne Présidente de la République (1980-1996), pour s'abstenir d'apposer son veto sur les lois avec lesquelles elle n'aurait pas été d'accord.
Rappel des résultats de l'élection présidentielle du 29 juin 1996
Participation : 85,9%
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