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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
La loi électorale interdisant la publication de toute enquête d'opinion deux semaines avant la fin officielle de la campagne, le dernier sondage a donc été publié le 5 septembre dernier. Réalisé par le département de la recherche de la Radio slovaque entre le 28 août et le 1er septembre, il révèle que huit formations politiques devraient être en mesure d'atteindre les 5% requis pour être représenté au Conseil National de la République slovaque, chambre unique du Parlement. Arrive en tête des préférences des électeurs avec 20,5% le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS) de Vladimir Meciar, suivi par le SMER (Direction) dirigé par Robert Fico avec 15,8%. Le Parti de la coalition hongroise (SMK) recueillerait 10,8% des intentions de vote, l'Union slovaque chrétienne démocrate (SDKU) - parti du Premier ministre Mikulas Dzurinda- 9,5%, l'Alliance du nouveau citoyen (ANO) créée par Pavol Rusko 8,3% et le Mouvement chrétien démocrate (KDH) 7,8%. Juste au-dessus du seuil des 5% se trouvent deux formations : le Mouvement pour une démocratie (HZD) avec 5,2% et le Parti communiste avec 5,1%.
La précédente enquête réalisée entre le 16 et le 28 août plaçait pour la première fois le SMER en tête avec 17,6% des intentions de vote suivi par le HZDS (17,3%). Arrivaient ensuite le Parti de la coalition hongroise (SMK) avec 12,7%, le SDKU avec 12,3%, l'ANO avec 9,4%, le Mouvement chrétien-démocrate avec 6,9% et le HZD avec 6,1%. 70% des électeurs annonçaient leur intention de se rendre aux urnes les 20 et 21 septembre prochain (le taux de participation aux dernières élections législatives des 25 et 26 septembre 1998 avait atteint 83,5%).
L'étude des sondages pré-électoraux publiés tout au long de l'année 2002 en Slovaquie permet deux observations.
Tout d'abord, le net déclin du Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS) de Vladimir Meciar, crédité de 31% des intentions de vote en janvier, 27% en mai, retombé à 18,7% en juillet et même 17,3% dans le sondage réalisé mi-août. Son principal adversaire, le SMER de Robert Fico, crédité d'environ 15% des voix tout au long de l'année, enregistre une petite remontée à quelques semaines du scrutin. L'Union slovaque chrétienne-démocrate (SDKU) du chef du gouvernement Mikulas Dzurinda fluctue entre 9 et 12%, juste en dessous du Parti de la coalition hongroise (10-13%).
Ensuite, les différences notables entre les résultats donnés par les différents instituts de sondage. Cette difficulté d'estimation tient à l'émergence de nouveaux partis rendant compliquée et aléatoire, pour les électeurs comme pour les instituts d'opinion, l'évaluation réelle des forces politiques en présence. Outre le SMER et l'ANO, la scène politique slovaque s'est enrichie récemment d'un nouveau parti, le Mouvement pour une démocratie (HZD), formation créée par des dissidents du Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS) de Vladimir Meciar. Ce parti, emmené par Ivan Gasparovic, ancien proche collaborateur du leader du HZDS, a enregistré 5,3% d'intentions de vote en juillet dernier pour atteindre jusqu'à 9% au cours du mois d'août et retomber autour de 5-6% début septembre.
En perte de vitesse mais toujours en tête dans les sondages, le Mouvement pour une Slovaquie démocratique pâtit néanmoins de l'antipathie qu'il génère chez les deux tiers de la population slovaque. Son leader Vladimir Meciar, longtemps anti-européen et anti-OTAN, a aujourd'hui effectué un virage à 360 degrés et ne manque pas une occasion d'affirmer avec force son engagement pro-atlantiste et communautaire. En dépit de cette peu convaincante volte-face, le HZDS pourrait se retrouver, au soir du 21 septembre, dans la même position que lors du précédent scrutin législatif, à savoir en tête des élections mais sans aucune possibilité d'alliance politique qui lui permette de constituer un gouvernement.
Occupant depuis des mois de façon régulière la deuxième place des sondages, le SMER a centré sa campagne sur la critique des partis au pouvoir et du HZDS, sans échapper d'ailleurs au populisme. Son leader, Robert Fico, s'est élevé contre les mesures prises par le Gouvernement en faveur des minorités. « Pour les Roms, la règle doit être claire : d'abord des obligations et après des droits. Nous connaissons très bien les Roms qui ne veulent rien faire pour cet Etat, ils demandent seulement les allocations sociales » a-t-il ainsi déclaré. L'Alliance du nouveau citoyen, autre parti récemment créé et se présentant comme libéral, souhaite, au contraire, amender la Constitution afin d'offrir une meilleure protection des droits des minorités. L'ANO souhaite créer une Agence de la Commission européenne pour les minorités et un centre chargé des problèmes spécifiques des Roms.
L'Union slovaque chrétienne-démocrate (SDKU) est largement distancée dans toutes les enquêtes d'opinion. Durant la campagne, son leader, le Premier ministre Mikulas Dzurinda, a mis en avant le bilan de sa législature déclarant que sur dix promesses électorales, trois ont été tenues entièrement (construction de quatorze mille logements annuels, création de cent cinquante mille emplois et baisse des impôts sur le revenu des particuliers) et quatre de façon partielle (dont l'accroissement des retraites et l'allongement du congé maternité et parental). Le Premier ministre reconnaît l'insuffisance de son action en matière sociale : la hausse des salaires n'a pas été à la hauteur des promesses faites, le chômage a augmenté et les problèmes de financement de la santé sont loin d'être réglés. Mikulas Dzurinda met également en avant l'amélioration de la position de la Slovaquie sur la scène internationale et particulièrement vis-à-vis de l'Union européenne qu'elle espère rejoindre en 2004. « Nous proposons de poursuivre et achever la voie que nous avons prise en 1998. Il y a d'autres voies qui s'ouvrent aux citoyens : ils peuvent voter en faveur du retour à la politique de la haine, de la violence, de l'intolérance, du retour à l'isolement. Ils peuvent également prendre une troisième voie. Elle est incertaine et inexpérimentée. Ses promoteurs essaient de gagner la faveur de l'opinion publique grâce à un programme électoral démagogique » déclarait Mikulas Dzurinda début septembre.
Autre formation importante, aujourd'hui quasiment à égalité avec l'Union slovaque chrétienne-démocrate dans les sondages, le Parti de la coalition hongroise (SMK) s'appuie sur un programme électoral pour l'ensemble des citoyens de la Slovaquie (augmentation du salaire minimum, construction d'autoroutes, etc.). Défenseur des droits de la minorité hongroise, le SMK met en avant son action durant la précédente législature, action ayant abouti aux nécessaires réformes de l'administration publique et à la création du poste de Médiateur. Le parti se déclare favorable à la création d'une université hongroise et à la nomination d'un évêque hongrois.
370 000 nouveaux électeurs sont appelés aux urnes les 20 et 21 septembre prochain. Selon les différentes enquêtes d'opinion, le chômage, le logement, la corruption et l'intégration aux structures européenne et transatlantique constituent les principaux thèmes mobilisant les jeunes slovaques, des préoccupations pas très éloignées de celles du reste de la population. Les nouveaux électeurs, qui représentent 10% du corps électoral, semblent plus portés vers les nouveaux partis (SMER et ANO) et séduits par les formations nationalistes que le reste de la population, leur confiance dans les partis parlementaires se révélant extrêmement faible. En 1998, la majorité des primo votants avaient donné leur voix au Mouvement pour une Slovaquie démocratique de Vladimir Meciar, un tiers choisissant la Coalition démocratique slovaque (SDK) dirigée par Mikulas Dzurinda.
A une semaine des élections, qui comme en République tchèque se déroulent sur les deux derniers jours de la semaine, il est difficile de savoir quelles alliances présideront à la constitution du futur gouvernement slovaque. Quel que soit le score réalisé par Vladimir Meciar, celui-ci ne devrait pas être en mesure de trouver les appuis nécessaires à la formation d'une majorité. Du résultat de son parti dépendra cependant son poids politique sur la scène politique nationale et sa capacité d'opposition. Hormis le HZDS, aucune formation politique n'est encore parvenue à réellement s'imposer en République slovaque. Il faudra donc attendre la fin des négociations qui débuteront juste après l'annonce des résultats officiels pour savoir qui demain dirigera la Slovaquie.
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