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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
Gouvernée de 1993 à 1998 par Vladimir Meciar, leader populiste peu apprécié par les pays occidentaux, la Slovaquie a longtemps fait figure de mauvaise élève du groupe des ex-pays communistes d'Europe de l'Est en voie de démocratisation. Le pays, dirigé depuis quatre ans par le gouvernement de coalition du Premier ministre Mikulas Dzurinda, a beaucoup souffert de son isolement international et souhaite réussir aujourd'hui son intégration européenne et son entrée dans l'OTAN.
En visite à Bratislava au mois de mai dernier, Günther Verheugen, commissaire européen à l'élargissement, déclarait : « La Slovaquie, non seulement a rattrapé les autres candidats qui avaient commencé plus tôt les négociations, mais se trouve maintenant parmi les premiers pays sur le chemin menant à l'intégration ». Néanmoins, estimant que les progrès slovaques n'ont été possibles que grâce à « la profonde confiance internationale » accordée au gouvernement de Mikulas Dzurinda et au Président Rudolf Schuster, Günter Verheugen a, sans citer le nom de l'ex-Premier ministre Vladimir Meciar, laissé entendre qu'un mauvais vote lors des élections législatives de septembre pourrait « menacer les ambitions de la Slovaquie de rejoindre l'Union européenne ». En effet, deux mois après les élections slovaques se tiendra le sommet de Prague qui décidera de l'intégration de la Slovaquie (et d'autres pays) à l'OTAN avant qu'en décembre les Quinze n'arrêtent la liste de la première vague des pays qui les rejoindront en 2004 au sein de l'Union.
Le scrutin législatif des 20 et 21 septembre en Slovaquie se déroulera donc sous haute surveillance internationale.
Le système politique slovaque
Tous les quatre ans, les Slovaques élisent les cent cinquante représentants du Conseil National de la République, chambre unique de leur Parlement national. Le scrutin a lieu à la proportionnelle à un tour, l'ensemble du pays ne constituant qu'une seule et même circonscription. Afin de pouvoir se présenter aux élections, tout parti ou mouvement doit déposer une déclaration certifiant qu'il réunit au moins dix mille adhérents. Toutefois, si ses effectifs sont inférieurs à dix mille, un parti peut déposer une pétition de soutien contenant un nombre de signatures lui permettant d'atteindre ce chiffre. Pour être représenté au Conseil National, un parti doit recueillir au minimum 5% des suffrages exprimés et une coalition de deux ou trois partis au moins 7% (10% si elle réunit quatre formations ou plus).
Le Conseil National dispose d'importants pouvoirs : il approuve la composition du Gouvernement et peut révoquer certains de ses membres ou le gouvernement dans son ensemble. Il élit également tous les juges du pays.
Six formations sont représentées dans l'actuel Conseil National de la République slovaque :
- le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS), principal parti dirigé par Vladimir Meciar.
- la Coalition démocratique slovaque (SDK), à l'origine coalition de diverses forces politiques démocratiques opposées à Vladimir Meciar que la nouvelle loi électorale a conduit à se constituer en parti. Les cinq partis constituant cette coalition sont le Mouvement chrétien-démocrate (KDH), situé à droite de l'échiquier politique ; l'Union démocratique (DU), formation de centre droit ; le Parti social-démocrate de Slovaquie (SDSS), situé à gauche ; le Parti démocratique (DS), conservateur et libéral et le Parti vert de Slovaquie (SZS), formation de centre gauche.
- le Parti de la gauche démocratique (SDL), social-démocrate,
- le Parti de la coalition hongroise (SMK), constituée des trois partis démocratiques hongrois,
- le Parti national slovaque (SNS), formation nationaliste d'extrême droite,
- le Parti de l'entente civique (SOP), créé par Rudolf Schuster, Président de la République slovaque depuis mai 1999, et situé au centre de l'échiquier politique.
Les enjeux du scrutin
Outre l'intégration au sein de l'Union européenne et dans l'OTAN, l'approfondissement et la stabilisation de la Démocratie constitue l'autre enjeu des élections législatives slovaques de septembre. Il reste difficile de placer les différentes formations politiques nationales sur un axe droite-gauche. Les clivages religieux, ethnique ou économique, voire l'ancien clivage institutionnel (séparatisme-fédéralisme) datant du temps de la Tchécoslovaquie, sont aujourd'hui encore les plus pertinents. L'ancrage des partis politiques au sein de l'électorat est faible et le système partisan particulièrement instable.
Avant chaque nouvelle élection se créent de nouvelles formations (le ZRS -Association des travailleurs de Slovaquie- avant les législatives de 1994, la SDK -Coalition démocratique slovaque- avant celles de 1998 ou encore le SOP -Parti de l'Entente Civique- avant la présidentielle de 1999) rendant plus difficile encore l'identification des électeurs avec les partis. Deux nouvelles formations se sont ainsi créées cette dernières années, le SMER (qui signifie « Direction ») situé plutôt à gauche (mais qui lors des élections régionales de décembre 2001 s'est associé avec le parti de Vladimir Meciar dans deux régions) et fondé par un ancien membre du Parti de la gauche démocratique (SDL) Robert Fico, aujourd'hui deuxième parti du pays selon les enquêtes d'opinion, et l'ANO (Alliance du nouveau citoyen) créée par Pavol Rusko, propriétaire de la première télévision privée slovaque.
Néanmoins, le HZDS (Mouvement pour une Slovaquie démocratique) de Vladimir Meciar reste la formation politique la plus stable, bénéficiant du soutien constant d'environ un tiers des électeurs et recueillant actuellement selon tous les sondages le plus grand nombre d'intentions de votes. Le HZDS est arrivé largement en tête des premières élections régionales depuis l'indépendance qui se sont déroulées en décembre dernier, s'imposant dans cinq des huit régions lors du premier tour (élection des 401 membres des conseils régionaux) et remportant six des sept postes de gouverneurs (président du conseil régional) au second tour, la coalition gouvernementale (ex-SDK devenue la SDKU, Union démocratique et chrétienne slovaque) n'en obtenant qu'un seul. La participation, extrêmement faible (26% au premier tour et 22,61% au deuxième), rend cependant toute projection difficile.
A trois semaines du scrutin, trois groupes politiques différents peuvent être distingués sur la scène politique slovaque. Le premier, en tête dans tous les sondages, est constitué par le HZDS de Vladimir Meciar, le deuxième étant formé par le SDKU du Premier ministre Mikulas Dzurinda. Enfin, le dernier regroupe les nouveaux partis (SMEC et ANO).
2 761 candidats représentant vingt-six partis et formations politiques, dont seule une dizaine ont des chances de passer le seuil d'éligibilité, brigueront les suffrages des quelques quatre millions d'électeurs slovaques les 20 et 21 septembre prochains. L'ensemble de ces formations (y compris le parti de Vladimir Meciar récemment revenu sur ses positions anti-européennes et aujourd'hui favorable à Bruxelles) déclarent avoir pour principal objectif l'entrée de la Slovaquie dans l'Union européenne, une intégration souhaitée également par une grande majorité de la population (81% selon les derniers sondages). Il reste donc difficile de savoir ce qui fera la différence auprès des électeurs slovaques.
Rappel des résultats des élections législatives des 25 et 26 septembre 1998:
Taux de participation : 83,5%
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