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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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ENCorinne Deloy
Fondation Robert Schuman
La disparition accidentelle du Président macédonien, Boris Trajkovski, le 26 février dernier dans un accident d'avion a conduit le président du Parlement, Ljubco Jordanovski, en charge de la présidence par intérim, à convoquer une élection présidentielle en Macédoine le 14 avril prochain.
Agé de quarante-sept ans, le Président macédonien, élu le 5 décembre 1999, a tragiquement disparu alors qu'il s'apprêtait à présenter officiellement la candidature de la Macédoine à l'Union européenne. Boris Trajkovski, membre du Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE), était un fervent défenseur de l'intégration européenne de son pays dans laquelle il voyait le seul moyen d'asseoir la paix et la stabilité en Macédoine et dans les Balkans. Il s'était illustré lors des affrontements de 2001 entre Macédoniens et Albanais qui menaçaient de provoquer une guerre civile dans le pays, en s'engageant pour assurer l'application des accords d'Ohrid, signés par les quatre principaux partis macédoniens et albanophones le 13 août 2001 et qui ont mis fin aux violences entre les deux communautés. Très populaire sur la scène politique internationale et reconnu pour ses capacités de dialogue et sa tolérance, Boris Trajkovski était contesté dans son propre pays.
Les candidats à l'élection présidentielle
Le Président de la République de Macédoine est élu pour cinq ans, un mandat qui n'est renouvelable qu'une fois. Ses pouvoirs sont relativement limités. Le Président est le commandant des forces armées et préside le Conseil de sécurité de la République composé du Premier ministre, du président de la Sobranie, le Parlement macédonien, des ministres en charge de domaines ayant à voir avec la sécurité, les relations extérieures et la défense et de trois personnalités nommées par le Président de la République.
La loi électorale, amendée par le Parlement le 8 mars dernier, oblige le président du Parlement, Ljubco Jordanovski, à organiser une élection présidentielle dans un délai de quarante jours, contre quatre vingt dix auparavant, à partir du moment où le Président par intérim est entré en fonction. Par ailleurs, chaque candidat à l'élection doit obtenir un minimum de dix mille signatures de citoyens et trente signatures de députés afin de pouvoir présenter sa candidature.
Quatre personnalités sont officiellement candidates au poste de Président de la République de Macédoine. Il s'agit de :
- Branko Crvenkoski, 41 ans, actuel Premier ministre et candidat de l'Union social- démocrate de Macédoine (SDSM) ;
- Gëzim Ostreni, 62 ans, général de l'ex Ushtria Clirimtare Kombëtare (UCK), l'Armée de libération nationale de la guérilla albanaise, candidat du Parti de la prospérité démocratique (PDP), dirigé par Abdulmenaf Bexheti, et de l'Union démocratique pour l'intégration (PDI) d'Ali Ahmeti, formation appartenant à la coalition gouvernementale actuelle. Les deux partis ont, pour l'occasion, constitué un état major de campagne commun ;
- Sasko Kedev, 42 ans, candidat du Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE), principale formation d'opposition au Parlement, cardiologue de profession et entré en politique l'an passé ;
- Zudi Dzhelili, 43 ans, candidat du Parti démocratique albanais (PDA).
Arben Dzhaferi, leader du PDSh, a présenté sa candidature avant de la retirer. « Je n'ai pas d'ambitions personnelles, je vais développer les concepts de mon parti politique, je vais renouveler notre vision et la présenter aux Albanais, aux Macédoniens ainsi qu'au milieu international. Notre but principal est de délégitimer les « Messieurs » de l'Union démocratique pour l'intégration afin de pouvoir continuer à agir dans la vie politique de ce pays » avait-il déclaré lors du dépôt de sa candidature. Mais la figure emblématique des Albanais de Macédoine a finalement choisi de se mettre au service de Zudi Dzhelili. Ce dernier a récemment insisté sur le fait que « le PDSh voulait ainsi démontrer, aussi bien au niveau de la politique intérieure qu'au niveau international, que la question albanaise restait ouverte et non résolue en Macédoine ».
Au sein de l'Union social-démocrate de Macédoine, formation majoritaire au Parlement, trois personnalités se sont affrontées en vue de la candidature à l'élection présidentielle : Branko Crvenkoski, actuel Premier ministre, Vlado Buckovski, ministre de la Défense et Tito Petkovski, candidat malheureux du scrutin présidentiel du 5 décembre 1999 et tenant de l'aile radicale du parti. Le 14 mars dernier, les cent quatre bureaux régionaux du SDSM se sont réunis afin de débattre du choix du candidat pour le scrutin du 14 avril prochain et Branko Crvenkoski a été désigné comme candidat du parti le 17 mars lors de la convention nationale de la formation. L'Union social-démocrate de Macédoine a engagé des consultations avec ses partenaires au sein de la coalition gouvernementale qu'il dirige, l'Union démocratique pour l'intégration (PDI) et le Parti libéral démocratique (LDP), dirigé par Stojan Andov, candidat malheureux à l'élection présidentielle du 5 décembre 1999. L'Union démocratique pour l'intégration serait en fait chargée de rassembler au deuxième tour les suffrages de la population albanophone en faveur du candidat du SDSM. Quant au Parti libéral, il a finalement choisi de soutenir la candidature de Sasko Kedev.
Branko Crvenkoski est également soutenu par l'Union des Roms (SRM).
Côté opposition, c'est le 14 mars, lors de la convention nationale du parti, que les mille six cents délégués du Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) ont désigné, par un vote secret, Sasko Kedev, auquel l'ancien leader de la formation Luco Georgievski, a apporté son soutien comme candidat officiel du parti à l'élection présidentielle. Sasko Kedev est également soutenu par le Mouvement des Turcs et par le Parti démocratique bosniaque.
Le candidat du VMRO-DPMNE a choisi de débuter sa campagne présidentielle à Ohrid, « le cœur de la Macédoine », et promis de travailler s'il est élu au progrès de l'intégration du pays au sein de l'Union européenne et de l'OTAN.
« J'attends de la Macédoine que l'élection présidentielle se déroule de manière très démocratique. J'attends que quelqu'un continue le travail de Boris Trajkovski. J'attends des initiatives en faveur de relations plus fortes avec l'Union européenne ainsi qu'un processus de développement de l'unité du pays » déclarait le Président de la Commission européenne, Romano Prodi lors des funérailles du Président macédonien. Le 22 mars dernier, le Premier ministre Branko Crvenkoski a officiellement déposé à Dublin la demande d'adhésion de la Macédoine à l'Union européenne. « C'est un grand jour pour notre pays, car il déterminera notre avenir. Devant nous s'ouvre une route, longue et difficile, mais pour laquelle nous n'avons pas d'autres alternatives » a déclaré le Premier ministre. Cette demande d'adhésion ayant lieu moins d'un mois après le décès tragique de Boris Trajkovski, aucune cérémonie festive n'avait été organisée pour célébrer l'événement. La campagne électorale pour le scrutin présidentiel a démarré le 30 mars et sera close le 13 avril.
Rappel des résultats de l'élection présidentielle des 31 octobre, 14 novembre et 5 décembre 1999
Participation : 65%
* : un troisième tour a été organisé dan vingt-quatre circonscriptions où les votes avaient été invalidés lors du deuxième tour
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