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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Avec 77,33% de « oui », les Tchèques, considérés comme la population la plus eurosceptique d'Europe centrale, ont plébiscité l'adhésion de leur pays à l'Union européenne, 22,67% des électeurs ont voté contre. La participation - 55,21% des inscrits (elle n'était que de 17% après le premier jour de vote) - a été supérieure à ce qu'espéraient les analystes politiques.
La République tchèque, où aucun taux minimum n'était requis pour valider le référendum, a donc fait mieux que la Hongrie (45,6%) et la Slovaquie (52,1%) mais moins bien que la Pologne (58,8%). Cependant, alors que les Polonais ont pu voter durant deux jours pleins, les quinze mille bureaux de vote n'ont été ouverts en République tchèque que du vendredi 14 heures au samedi 14 heures. Le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Jan Kohout, explique ainsi le taux de participation : « S'il y a si peu d'enthousiasme, c'est parce que l'on se prépare depuis déjà quatorze ans. Et puis, il y a eu trop de promesses d'avenir radieux dans notre histoire ; du coup les Tchèques sont devenus plus sceptiques ». De son côté, Bronislaw Geremek, ancien ministre polonais des Affaires étrangères, justifie le haut niveau de l'abstention de la façon suivante
« Ce « oui » est clair, personne ne peut le mettre en doute ni contester la façon dont il a été obtenu. Une occasion s'ouvre devant nous dont nous ne sommes pas encore capables d'évaluer les retombées. Pour moi, personnellement, ce n'est qu'aujourd'hui que prend fin la deuxième guerre mondiale. Nous avons retrouvé le temps où nous étions forts et où nos possibilités étaient grandes et ne dépendaient que de nous » a souligné le Premier ministre Vladimir Spilda à l'issue des résultats. Les autres leaders politiques l'ont rejoint dans son enthousiasme. Le leader du Parti démocrate civique (ODS), Miroslav Topolank, a déclaré : « J'aimerais remercier tous les citoyens de la République tchèque, et spécialement les électeurs du Parti démocrate civique, qui, malgré la campagne, malgré la tentation de régler leurs comptes avec le gouvernement en place, ont fait preuve, lors du vote, d'une attitude responsable ». Quant à Petr Mares, leader de l'Union de la liberté-Union démocratique (US-DEU), il a également tenu à faire partager sa joie : « J'aimerais remercier tous ceux qui sont venus et encore plus ceux qui sont venus pour dire « oui », parce que c'est un choix de liberté, un choix qu'ils ont fait non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour tous ceux qui en profiteront dans dix, dans cinquante ans ». Enfin, l'ancien Président de la République Vaclav Havel a simplement déclaré « C'est un jour très important dans l'histoire de notre pays ».
Selon un sondage sorti des urnes réalisé par l'institut SC&C portant sur dix-neuf mille électeurs de trois cent soixante-dix bureaux de vote, les électeurs du Parti démocrate civique, au sein duquel pourtant l'intégration européenne de la République tchèque ne faisait pas forcément l'unanimité, ont été les plus euro-enthousiastes : 90% d'entre eux se sont prononcés en faveur de l'adhésion, contre 87% des électeurs sociaux-démocrates.
En revanche, le référendum constitue un échec pour le Parti communiste de Bohème et de Moravie (KSCM) qui avait appelé ses sympathisants à s'opposer à l'adhésion ; il n'a été que partiellement entendu puisque, selon les premières estimations, 46% d'entre eux ont voté « oui ». C'est dans la capitale Prague et dans l'Est du pays que les partisans de l'intégration européenne ont été les plus nombreux (plus de 80%). En revanche, en Bohème et en Moravie du Nord, régions fortement touchées par la crise économique qui a entraîné la fermeture des mines et des aciéries, la participation a tout juste atteint les 50%. Parmi la population, le plus fort soutien à l'intégration européenne est venu des étudiants (88% de « oui ») et des électeurs ayant fait des études supérieures (86%). En revanche, seuls 65% des chômeurs ont voté en faveur de l'adhésion.
Après Malte, la Slovénie, la Hongrie, la Lituanie, la Slovaquie et la Pologne, la République tchèque est le septième pays à approuver par un référendum populaire son entrée dans l'Union européenne. Les Estoniens et les Lettons seront les derniers à se prononcer sur l'adhésion de leur pays, les deux Etats voteront respectivement les 14 et 20 septembre prochains.
Le processus d'élargissement n'est cependant pas tout à fait achevé puisque le traité d'adhésion, signé le 16 avril dernier à Athènes, doit encore être ratifié par les quinze Etats de l'Union européenne. A ce jour, seul le Danemark s'est acquitté de sa tâche ; l'ensemble des partis politiques représentés au Folketing (Parlement danois), à l'exception de la formation populiste d'extrême droite, le Parti du peuple danois (DF), ont accepté le 4 juin dernier l'élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux membres.
Résultats du référendum sur l'Union européenne en République tchèque des 13 et 14 juin 2003:
Participation : 55,21%
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