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Les socialistes et les libéraux au pouvoir remportent les élections législatives belges

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Corinne Deloy,  

Fondation Robert Schuman

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18 mai 2003
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Deloy Corinne

Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

Robert Schuman Fondation

Fondation Robert Schuman

La victoire des deux principales formations du gouvernement sortant : libéraux et socialistes.

Les libéraux et les socialistes sont les vainqueurs des élections législatives belges de dimanche dernier, remportant 97 des 150 sièges du Parlement fédéral belge. « C'est un résultat fantastique. C'est la première fois en une décennie que le parti du Premier ministre gagne les élections et depuis 1985 qu'un Premier ministre assure une bonne performance à sa majorité et à son parti. Je pense que les électeurs nous ont donné le mandat de continuer notre travail de modernisation du pays dans les prochaines années » a déclaré le Premier ministre sortant Guy Verhofstadt à l'annonce des résultats. Le leader des Libéraux et démocrates (VLD), Karel de Gucht, a souligné que « la logique des résultats appelle à un « Verhofstadt II , les deux groupes parlementaires (libéral et socialiste) doivent devenir la colonne vertébrale du prochain gouvernement». Le VLD restant la première formation politique de Flandre, partie la plus peuplée du pays (environ 55% de la population), Guy Verhofstadt, qui a présenté le 19 mai la démission de sa coalition gouvernementale au Roi des Belges Albert II, devrait donc être appelé à conduire les négociations en vue de former le prochain gouvernement.

Si les libéraux du Mouvement réformateur (MR, francophone) et du VLD (néerlandophone) ont remporté huit sièges de plus que lors des dernières élections législatives du 13 juin 1999 (le VLD progressant en voix pour la cinquième élection consécutive), les socialistes du SP.A (Parti socialiste, néerlandophone) et du PS (francophone) obtiennent quatorze sièges supplémentaires. En Flandre, le très populaire leader du SP.A, vice-Premier ministre et ancien ministre de la Mobilité du gouvernement flamand, Steve Stevaert, a réussi son pari en modernisant sa formation et en s'alliant avec les régionalistes modérés du mouvement Spirit, améliorant de plus d'un tiers son nombre de sièges au Parlement fédéral et allant jusqu'à doubler les résultats de son parti aux dernières élections législatives dans certaines circonscriptions. Côté francophone, le PS enregistre une progression de deux sièges, parvenant à devancer le Mouvement réformateur du ministre des Affaires étrangères, Louis Michel. Le président du PS, Elio di Rupo, a salué « la plus grande victoire en quinze ans » de sa formation. « Nous renforçons notre position de premier parti de la communauté Wallonie-Bruxelles » a souligné le leader socialiste. Si Guy Verhofstadt retrouve son fauteuil de Premier ministre, il devra donc compter avec des socialistes qui se sont déclarés prêts à un deuxième mandat avec les mêmes partenaires mais sortent renforcés de ce scrutin législatif. Les sociaux-démocrates sont plus réticents que les libéraux à procéder à de nouvelles réductions d'impôts ( la baisse des impôts figure dans le programme électoral des Libéraux) et ardents défenseurs du système actuel de sécurité sociale.

Les perdants du scrutin : écologistes et démocrates chrétiens.

Evincés du gouvernement en 1999 après près de quarante ans de règne, les chrétiens démocrates du Parti démocrate-chrétien (CD&V) (néerlandophone) et du Centre démocrate humaniste (CDH) (francophone) ne parviennent pas à retrouver les allées du pouvoir et perdent respectivement un et deux sièges au Parlement fédéral. Joëlle Milquet, présidente du Centre démocrate humaniste, a déclaré vouloir « se concentrer dès à présent sur les élections régionales et européennes de mai et juin 2004 ». Stefaan De Clerck, l'ancien ministre de la Justice et maire de Courtrai, candidat des démocrates-chrétiens au poste de Premier ministre, a reconnu que sa formation « n'avait pas obtenu la grande victoire qu'il espérait ».

Mais les véritables grands perdants de ces élections législatives sont assurément les écologistes, qui avaient fait il y a quatre ans une entrée spectaculaire au gouvernement sur fond de scandale du poulet à la dioxine, et qui s'effondrent en Flandre comme en Wallonie. Ne parvenant pas à atteindre 5% des suffrages exprimés, la formation néerlandophone Agalev perd ses neuf sièges du Parlement, un recul historique dans l'histoire politique de la Belgique. Les francophones d'Ecolo conservent seulement quatre de leurs onze députés. « C'est une lourde gifle pour Agalev. Nous ne pouvons pas le nier. Les électeurs ne nous ont pas donné crédit pour notre participation au gouvernement » a déclaré Magda Aelvoet, ancienne ministre de la Santé et responsable de la formation écologiste néerlandophone. « Il faut maintenant prendre le temps d'analyser calmement cet échec électoral. Cela me semble quasi impossible d'être dans la majorité maintenant » a souligné Olivier Deleuze, démissionnaire il y a quelques jours du secrétariat d'Etat à l'Energie. Côté francophone, Isabelle Durant, membre d'Ecolo et ancienne ministre des Transports qui a quitté le gouvernement juste avant les élections législatives, a déclaré : « Nous avions pris nos responsabilités en 1999 lorsque nous avions gagné. Maintenant que nous avons perdu, nous les prendrons également ».

Une extrême droite qui continue à progresser

Outre la victoire des libéraux et des socialistes et la terrible défaite des formations écologistes, ces élections législatives sont également l'occasion d'une nouvelle progression pour les formations d'extrême droite. En Flandre, le Vlaams Blok (VB) avec dix-huit sièges gagne trois députés au Parlement fédéral par rapport au dernier scrutin du 13 juin 1999. La formation, qui recueille plus de 30% des suffrages à Anvers, semble avoir essentiellement pris des voix au Parti démocrate-chrétien. Côté francophone, le Front National (FN) reste stable (un seul siège) mais enregistre une hausse sensible de ses voix dans le Sud de la Wallonie (dans le Hainaut, le parti obtient entre 7% et 8%), et particulièrement à Charleroi où il a rassemblé 12% des électeurs.

Guy Verhofstadt devrait donc être le prochain chef du gouvernement belge. Agé de cinquante ans, le Premier ministre sortant est entré très jeune en politique. Président des Libéraux et démocrates (VLD) à 28 ans, député à 32, il devient en 1985 vice-Premier ministre du gouvernement de coalition dirigé par Wilfried Martens. Renvoyé dans l'opposition en 1988, il y restera onze ans échouant lors des élections législatives de 1991 et 1995, année où il abandonne la présidence de son parti. Après une véritable traversée du désert, Guy Verhofstadt s'empare en 1999 du fauteuil de Premier ministre, occupé depuis près de quarante ans par les démocrates-chrétiens.

Ces quatre dernières années, il a réalisé de nombreuses réformes de société (autorisation du mariage homosexuel, légalisation partielle de l'euthanasie, tolérance pour la consommation de cannabis, etc.). Il est également parvenu à rehausser l'image internationale de la Belgique : le Premier ministre a présenté les excuses de son pays au peuple rwandais pour le comportement de la Belgique durant le génocide de 1994 et le pays a assuré avec clairvoyance et énergie la présidence de l'Union européenne de juillet à décembre 2001 au moment des attentats de New York. Enfin, la loi de compétence universelle, qui permet aux tribunaux belges de juger les auteurs de génocides et de crimes de guerre commis n'importe où dans le monde, a contribué à donner à la Belgique une place particulière sur la scène internationale. Au niveau économique, la coalition arc-en-ciel dirigée par Guy Verhofstadt a réussi à présenter, pour la première fois depuis cinquante ans et en dépit d'une dette publique très élevée, des comptes nationaux en équilibre. Par ailleurs, l'action du gouvernement a été marquée par des baisses d'impôt sur le revenu et sur les sociétés ainsi que par l'adoption du plan Rosetta qui a permis le relèvement d'allocations sociales et l'embauche de 120 000 jeunes peu qualifiés. Guy Verhofstadt, qui revendique également la création de 160 000 emplois, a en revanche échoué dans sa promesse de réduire le chômage, le cap des 400 000 demandeurs (correspondant au nombre de chômeurs de juin 1999) d'emploi venant d'être franchi le mois dernier. Enfin, le Premier ministre n'a pu empêcher la faillite de la compagnie d'aviation nationale, Sabena.

Guy Verhofstadt, qui a plusieurs fois affirmé pendant la campagne électorale ne pas souhaiter gouverner de nouveau avec les formations écologistes, devrait appeler les socialistes à le rejoindre au sein du futur gouvernement. Ces derniers, en la personne du ministre des Affaires étrangères Louis Michel, n'ont pas exclu d'ouvrir la coalition gouvernementale à d'autres partenaires, par exemple les chrétiens-démocrates du CD&V et du CDH. Mais la composition du gouvernement ne sera connu que dans plusieurs semaines au terme d'intenses négociations entre les différentes formations néerlandophones et francophones du pays.

Résultats des élections législatives belges du 18 mai 2003:

Participation : 88% (La participation est obligatoire en Belgique)

Source Agence France Presse

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