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Corinne Deloy,
Fondation Robert Schuman
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Fondation Robert Schuman
Le 9 février dernier, Filip Vujanovic - candidat de la coalition au pouvoir au Monténégro qui réunit le Parti démocratique des socialistes (DPS), le Parti social-démocrate (SDP), l'Entente populaire et le Parti civique, et lieutenant politique du Premier ministre (et ex-Président de la République) Milo Djukanovic - recueillait 81,7% des suffrages exprimés et remportait l'élection présidentielle. Cependant, faute d'une participation inférieure aux 50% des inscrits, minimum requis par la Constitution, le scrutin a finalement été invalidé. Depuis lors, le Parlement monténégrin a aboli le seuil minimal de participation de 50% et fixé au 11 mai prochain la date de la prochaine élection présidentielle.
Trois personnalités politiques (contre onze lors des deux précédents scrutins) sont officiellement candidates à la fonction présidentielle. Il s'agit de :
Filip Vujanovic, candidat de la coalition au pouvoir appelée « Liste démocratique pour un Monténégro européen » qui réunit le Parti démocratique des socialistes (DPS), le Parti social-démocrate (SDP) et l'Entente populaire et le Parti civique ;
Miodrag Zivkovic, candidat de l'Alliance libérale (LSCG) ;
Dragan Hajdukovic, candidat indépendant connu dans le pays pour son combat écologiste.
Les trois candidats sont tous de fervents partisans de l'indépendance du Monténégro.
L'opposition regroupée dans la coalition « Ensemble pour les changements », qui rassemble le Parti socialiste populaire (SNP), le Parti populaire (NS) et le Parti populaire serbe (SNS), formations favorables au maintien de liens étroits entre le Monténégro et la Serbie, n'est pas parvenue à s'entendre sur le nom d'un candidat à l'élection présidentielle. Les différents partis ont tenté, en vain, de convaincre Zorica Tajic Rabrenovic, député, puis Miodrag Lekic, ambassadeur du Monténégro en Italie, de concourir pour la magistrature suprême. Mais Predrag Bulatovic, président du Parti socialiste populaire (SNP), n'a pas voulu prendre le risque de voir sa position de leader de la coalition menacée par la nomination d'un candidat « officiel » de l'opposition. Tirant les conclusions de l'échec des négociations autour de la désignation d'un candidat à l'élection présidentielle, le Parti populaire (NS) a remis en cause l'existence de la coalition d'opposition déclarant que chaque parti pouvait désormais se considérer comme indépendant. Aucune de ces formations n'a, pour l'heure, indiqué si elle soutiendrait l'un des trois candidats à l'élection présidentielle du 11 mai prochain.
Rappelons que les trois formations de l'opposition ont également échoué à s'imposer aux élections organisées pour désigner les membres monténégrins du Parlement monocaméral -qui comprend cent vingt-six députés, dont quatre vingt onze pour la Serbie et trente-cinq pour le Monténégro - du nouvel Etat de Serbie et Monténégro qui s'est officiellement substitué à la République fédérale de Yougoslavie le 4 février dernier et dont le Monténégrin Svetozar Marovic est le premier Président.
Aleksandar Vasilijevic (Parti radical serbe, SRS, formation du leader serbe ultranationaliste Vojislav Seselj), candidat aux deux précédents scrutins présidentiels des 22 décembre et 9 février derniers, avait été désigné par son parti comme candidat à l'élection présidentielle du 11 mai prochain. Mais sa candidature n'a pas été retenue par la Commission électorale nationale. De même, l'ancien ministre de l'Intérieur Andrija Jovicevic, évincé du gouvernement par le Premier ministre Milo Djukanovic après que le ministre de l'Intérieur eut personnellement ordonné l'arrestation du procureur adjoint de la République, Zoran Piperovic, et de plusieurs autres personnes impliquées d'avoir participé à une affaire criminelle de trafic d'êtres humains, a émis l'éventualité d'une candidature à l'élection présidentielle. Il incarne la nouvelle classe politique du pays, soucieuse de faire évoluer le Monténégro vers un Etat de droit. Lors de la précédente législature, il a révoqué plus d'un millier de policiers et fait inculper environ trois cents d'entre eux pour corruption. L'ex-ministre de l'Intérieur a également multiplié par dix le nombre des saisies de drogue. Après avoir rencontré les différents représentants des formations de l'opposition, Andrija Jovicevic a finalement renoncé à se porter candidat.
Les trois principales formations de l'opposition ont tenté en vain de faire de la corruption et du crime organisé les thèmes principaux de la campagne électorale, reprochant au gouvernement de Milo Djukanovic d'avoir échoué à faire cesser le trafic des êtres humains tout comme le commerce illégal des cigarettes.
Filip Vujanovic peut s'appuyer pour sa campagne électorale sur le bilan des cent jours du gouvernement de Milo Djukanovic. Le Premier ministre a mis l'accent sur l'accélération des réformes économiques et sur la construction d'un système juridique performant. En revanche, alors que le chef du gouvernement a annoncé le licenciement de quinze à dix-huit mille employés, l'agenda social du gouvernement est quasiment inexistant. Milo Djukanovic, très critiqué pour son absence de dialogue social avec les syndicats et les employeurs, fait cependant fi des opinions de l'opposition et ne recherche pas le soutien des partenaires sociaux, préférant mettre en avant le soutien dont il bénéficie de la part des organismes internationaux tels que la Banque mondiale ou l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). « La Banque mondiale est un partenaire sûr, et son rôle dans la planification des futurs projets du gouvernement monténégrin est incontournable » explique-t-il. Par ailleurs, le président de l'OSCE, Jaap de Hoop Scheffer, a souligné, le 22 avril, les récents efforts du gouvernement pour lutter contre le crime organisé et transformer cet Etat des Balkans en un véritable Etat de droit.
En l'absence de véritable rival et après la modification de la Constitution votée par le Parlement qui fait disparaître l'existence d'un taux minimum de participation nécessaire à la validation du vote, Filip Vujanovic, candidat de la coalition au pouvoir à Podgorica, devrait selon toute vraisemblance devenir le 11 mai prochain le nouveau Président du Monténégro.
Rappel des résultats de l'élection présidentielle du 9 février 2003 :
Participation : 47,4%, soit une participation inférieure au minimum requis par la loi ; le scrutin a donc été invalidé.
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