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Surprise en Pologne où le candidat de l'opposition Andrzej Duda arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle

Élections en Europe

Corinne Deloy

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11 mai 2015
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

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Le candidat de l'opposition, Andrzej Duda (Droit et justice, PiS), a créé la surprise lors du 1er tour de l'élection présidentielle qui s'est déroulé le 10 mai en Pologne, soit deux jours après les commémorations du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Andrzej Duda, député européen (ECR, PL) est en effet arrivé en tête du scrutin avec 34,76% des suffrages et a devancé le président de la République sortant Bronislaw Komorowski (Plateforme civique, PO), donné victorieux par toutes les enquêtes d'opinion préélectorales, qui a recueilli 33,77% des voix. Décidemment, les soirées électorales se suivent et se ressemblent. Trois jours après les Britanniques, les Polonais ont fait mentir les instituts de sondages qui sont passés à côté de l'élection.

Autre surprise du scrutin : le candidat indépendant Pawel Kukiz, chanteur de rock, acteur et député régional de Basse-Silésie, qui aime à renvoyer dos-à-dos la PO au pouvoir et le PiS et souhaite " rendre l'Etat aux citoyens ", a pris la 3e place du scrutin avec 20,8% des suffrages. Pawel Kukiz, qui a émis le désir de fonder un parti politique avant les élections législatives de l'automne prochain, a attiré de nombreux jeunes, notamment parmi les plus défavorisés.

Pour son deuxième essai, Janusz Korwin-Mikke (Coalition pour la restauration de la liberté et de l'espoir de la République, Koalicja Odnowy Rzeczypospolitej Wolność i Nadzieja, KORWiN) a amélioré son résultat du 20 juin 2010 de 2 points. Le député européen (NI, PL) a obtenu 3,26% des voix.

La soirée signe également la disparition de la gauche polonaise puisque Magdalena Ogorek, candidate soutenue par l'Alliance de la gauche démocratique (SLD) mais qui se voulait la représentante de toute la gauche, a recueilli 2,38% des suffrages. " La défaite de Magdalena Ogorek marquera la fin définitive de la gauche postcommuniste " avait déclaré l'analyste politique Eryk Mistewicz avant l'élection présidentielle.

Les six autres candidats - Janusz Palikot (Ton mouvement, TR), Adam Jarubas (Parti populaire, PSL), Grzegorz Braun, Marian Kowalski (Mouvement national, RN), Pawel Tanajno (Démocratie directe, DB) et Jacek Wilk (Congrès de la nouvelle droite, KNP) - recueillent moins de 2% des suffrages.

La participation a chuté de 6,14 points par rapport au premier tour de la précédente élection présidentielle du 20 juin 2010 et s'est établie à 48,96%.

Bronislaw Komorowski et Andrzej Duda s'affronteront lors d'un 2e tour de scrutin qui aura lieu dans deux semaines, soit le 24 mai prochain.

Le président de la République sortant Bronislaw Komorowski a, dès l'annonce des premiers résultats, immédiatement qualifié sa performance de " sérieux avertissement adressé au camp du pouvoir et à tous ceux qui veulent une Pologne rationnelle " et annoncé qu'il présenterait dès le lendemain des propositions pour " les déçus qui attendent des changements et une modernisation plus rapide du pays ". " Nous devons écouter les électeurs parce qu'il est nécessaire de mobiliser toutes les forces rationnelles de la Pologne " a t-il ajouté.

Le chef de l'Etat sortant a longtemps bénéficié d'une confortable avance sur son rival dans les enquêtes d'opinion (certains analystes politiques le voyaient même remporter l'élection dès le 1er tour) mais celle-ci avait toutefois fortement diminué au cours des semaines et à l'approche du 1er tour de scrutin. Son refus de débattre avec ses adversaires avait également été mal compris par ses compatriotes.

La campagne électorale de Bronislaw Komorowski a été très faible. Son équipe a totalement négligé la puissance de ses opposants " a affirmé le politologue Stanislaw Mocek. Eryk Mistewicz met également en avant le fait que le chef de l'Etat sortant n'était soutenu que par les personnes ayant bénéficié de l'évolution récente de la Pologne. " Bronislaw Komorowski est l'unique candidat de ceux qui pensent que la Pologne a grandement bénéficié de sa liberté retrouvée alors que tous les autres candidats représentent les mécontents " avait-il souligné avant le scrutin. Une configuration dangereuse.

L'élection présidentielle prend une importance particulière dans la perspective du scrutin parlementaire qui aura lieu en Pologne à l'automne prochain, probablement en octobre. La campagne pour ces élections débutera d'ailleurs dès le lendemain de la désignation du président de la République. Dans ce contexte, la victoire d'Andrzej Duda le 24 mai prochain renforcerait le PiS. Quoiqu'il arrive le mauvais résultat de Bronislaw Komorowski au 1er tour constitue d'ores et déjà un sérieux avertissement pour le gouvernement de la Première ministre Ewa Kopacz (PO).

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