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Élections en Europe
Corinne Deloy
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Dalia Grybauskaite est arrivée largement en tête du 1er tour de l'élection présidentielle le 11 mai en Lituanie sans parvenir à rééditer son exploit d'il y a cinq ans de remporter le scrutin dès le 1er tour. Elle a recueilli 45,89% des suffrages et devra donc attendre le 2e tour, qui sera organisé le même jour que les élections européennes, soit le 25 mai, pour assurer son deuxième mandat la tête de la Lituanie. Elle se présentait en candidate indépendante ; mais était soutenue par l'opposition de centre-droit de l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK), le Parti chrétien (KP) et le Mouvement libéral (LRLS).
Dalia Grybauskaite sera opposée au 2e tour au député européen et ancien ministre des Finances et des Transports Zigmantas Balcytis (Parti social-démocrate, LSP), qui a obtenu 13,63% des voix.
Arturas Paulauskas (Parti du travail, DP), député et ancien président du parlement (2000-2006), est arrivé en 3e position avec 12,02% des suffrages. Il a devancé le député Naglis Puteikis, qui a recueilli 9,33%; le député européen Valdemar Tomasevski (Action électorale polonaise, LLRA) 8,23% ; le maire de Vilnius Arturas Zuokas (Mouvement civique du renouveau de la patrie et de l'avenir, TAIP) 5,22% et enfin Bronis Rope (Union paysanne populaire, LVLS), maire d'Ignalina, 4,15%.
La participation s'est élevée à 52,14%, soit un niveau quasiment équivalent à celui enregistré lors du 1er tour de la précédente élection présidentielle du 17 mai 2009 (+ 0,34 point). "Malgré une campagne terne, la participation a été élevée, très probablement parce que les électeurs ont été rendus inquiets par l'agression russe en Ukraine" a déclaré Kestutis Girnius, professeur à l'Institut des relations internationales et des sciences politiques de l'Université de Vilnius.
"Les électeurs ont décidé qu'il y aurait un 2e tour. Je tiens à remercier tous les Lituaniens de m'avoir accordé près de 47% des suffrages, c'est un beau témoignage de confiance" a déclaré Dalia Grybauskaite.
"La présidente sortante a pris soin de se présenter comme la femme politique dans la meilleure position pour défendre la Lituanie. Nombre d'indécis ont finalement décidé de voter pour elle" a indiqué Kestutis Girnius. Face aux événements qui se déroulent en Ukraine - et que les Lituaniens qualifient "d'agression russe" –, et à l'heure où les questions de sécurité nationale sont à l'ordre du jour, la chef de l'Etat sait faire preuve de force et de détermination. Sa fermeté est particulièrement appréciée par ses compatriotes. "L'Europe est face à une agression. La guerre et l'occupation ne sont pas des mots d'un passé lointain que l'on trouve seulement dans les livres d'histoire ; il existe un réel danger de guerre en Europe. En fait, nous sommes pratiquement au bord d'une nouvelle guerre froide (...) L'Europe doit comprendre que la Russie est en train de redessiner la carte et les frontières de l'après guerre. Pour l'instant, il s'agit de l'Ukraine, ensuite viendra le tour de la Moldavie et cela pourrait atteindre les Etats baltes et la Pologne. La menace est très sérieuse dans notre région" avait déclaré Dalia Grybauskaite durant la campagne électorale. Une enquête d'opinion a d'ailleurs révélé que près de 9 Lituaniens sur 10 (87%) estimaient que la Russie pourrait essayer d'occuper leur pays ou une partie de celui-ci.
L'ancien Premier ministre (2008-2012) Andrius Kubilius (TS-LK), soutien de la chef de l'Etat sortante, avait appelé à la reconduire à son poste dès le 1er tour "de peur que les choses tournent mal d'ici au 25 mai prochain, jour de l'élection présidentielle en Ukraine" et "pour répondre au Kremlin qui souhaite utiliser l'élection présidentielle pour créer des troubles en Lituanie". "La réponse de la Lituanie aux menaces qui montent doit être simple : élire le président de la République le 11 mai" avait affirmé l'ex-chef du gouvernement.
La présidente de la République sortante s'est déclarée "prête à prendre elle-même les armes pour défendre le pays si la sécurité nationale le nécessitait".
"Nous devons nouer un dialogue avec la Russie. N'importe quel genre de paix est préférable à une guerre" a affirmé Zigmantas Balcytis.
"Dalia Grybauskaite était sceptique sur les Etats-Unis et a cherché à améliorer les relations avec Moscou au début de son mandat. Depuis quelques années, elle a compris que la Russie ne sera amicale qu'à ses propres conditions et elle est maintenant très méfiante vis-à-vis de Moscou" a déclaré Kestutis Girnius,. La Russie a d'ailleurs suspendu un accord datant de 2001 qui permettait à la Lituanie d'envoyer chaque année des inspecteurs militaires dans l'enclave russe de Kaliningrad.
Le rôle principal du président de la République lituanien est de diriger la politique étrangère du pays. A la fin du mois d'avril dernier, Vilnius a accueilli sur son sol des troupes américaines et l'OTAN a renforcé sa présence dans les trois Etats baltes qui sont membres de l'organisation nord-atlantique depuis dix ans. "Une Union européenne forte et unie, capable de faire un contrepoids aux ambitions impériales de la Russie, est extrêmement importante pour la sécurité lituanienne" a déclaré Dalia Grybauskaite à l'occasion du dixième anniversaire de l'entrée du son pays dans l'Union européenne le 1er mai 2004.
Le résultat de Dalia Grybauskaite au 1er tour du scrutin présidentiel - et sa très probable réélection le 25 mai prochain - est un événement d'autant plus notable que la dernière enquête d'opinion réalisée mi avril par l'institut Baltijos Tyrimai a montré que si des élections législatives étaient organisées, le Parti social-démocrate de l'actuel Premier ministre Algirdas Butkevicius et les forces de gauche arriveraient largement en tête du scrutin.
"Les Lituaniens aiment le style, la rudesse assumée, la détermination, l'aisance avec laquelle Dalia Grybauskaite peut remettre n'importe quel ministre à sa place" souligne Kestutis Girnius.
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