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Analyse

La Présidente sortante Dalia Grybauskaite bien placée pour être réélue en Lituanie

Élections en Europe

Corinne Deloy

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14 avril 2014
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

La Présidente sortante Dalia Grybauskaite bien placée pour être réélue en Lituan...

PDF | 538 koEn français

2,6 millions de Lituaniens sont appelés aux urnes pour le 1er tour de l'élection présidentielle le 11 mai prochain. Le 3 mars dernier, la chef de l'Etat sortante Dalia Grybauskaite a annoncé qu'elle était candidate à sa succession. Elle est la grande favorite du scrutin. Elle avait remporté dès le 1er tour l'élection présidentielle du 17 mai 2009, elle est la première femme à occuper ce poste et elle a été la mieux élue des "présidents" de l'histoire du pays. Elle pourrait remporter un 2e mandat dès le 1er tour de scrutin.

Si aucun candidat n'est désigné dès le 1er tour de scrutin, un 2e tour aura lieu le même jour que les élections européennes dans le pays, soit le 25 mai.

Vers un 2e mandat de Dalia Grybauskaite ?

Agée de 58 ans, Dalia Grybauskaite est une économiste, ancienne ministre des Finances (2001-2004) du gouvernement dirigé par Algirdas Brazauskas (Parti social-démocrate, LSP), que la chef de l'Etat considère comme l'un de ses mentors. Après avoir dirigé les négociations pour l'adhésion de la Lituanie à l'Union européenne, elle est devenue commissaire européenne au Budget et à la Programmation financière.

"Son rôle est important pour l'opinion publique parce que beaucoup de gens pensent qu'elle est compétente étant donné son expérience en tant que ministre des Finances et de commissaire au Budget de l'Union européenne" affirme le directeur de l'Institut des relations internationales et de science politique de Vilnius, Ramunas Vilpisauskas.

Dalia Grybauskaite a soutenu durant son mandat les mesures prises par le gouvernement d'Andrius Kubilius (Union de la patrie-Conservateurs, TS-LK) (2008-2012) : baisse des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite pour soutenir les finances de l'Etat et préserver l'arrimage de la monnaie nationale, le litas, à l'euro. Le faible niveau actuel du déficit budgétaire et de l'inflation permet à Vilnius d'être en mesure d'adopter la monnaie unique en 2015. Les Lituaniens expriment cependant de nombreuses craintes devant ce changement de monnaie, notamment en raison des conséquences qu'il pourrait avoir sur les prix dont ils anticipent la hausse.

La présidente sortante, qui se présente en candidate indépendante, est soutenue par l'opposition de l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK), le Parti chrétien (KP) et le Mouvement libéral (LRLS). Romas Svedas est son directeur de campagne.

Les récents événements qui ont eu lieu en Ukraine, et notamment en Crimée (qualifiés en Lituanie "d'agression russe") ont mis les questions de sécurité nationale à l'ordre du jour. "L'Europe est face à une agression. La guerre et l'occupation ne sont pas des mots d'un passé lointain que l'on trouve seulement dans les livres d'histoire ; il existe actuellement un réel danger de guerre en Europe. En fait, nous sommes pratiquement au bord d'une nouvelle guerre froide" a déclaré Dalia Grybauskaite. Selon une enquête d'opinion, près de 9 Lituaniens sur 10 (87%) pensent que la Russie pourrait essayer d'occuper leur pays ou une partie de celui-ci.

La présidente sortante a interdit aux dirigeants du Parti du travail (DP) d'assister aux réunions sur les questions de défense, Dalia Grybauskaite estimant que les leaders travaillistes sont sous influence de la Russie. Elle s'est également déclarée favorable au projet du gouvernement dirigé par le Premier ministre Algirdas Butkevicius (Parti social-démocrate, LSP) et qui rassemble le Parti social-démocrate, le Parti du travail (DP), Pour l'ordre et la justice (TT) et l'Action électorale polonaise (LLRA), d'augmenter le budget de la défense pour que celui-ci atteigne 2% du PIB en 2026. Vilnius dépense annuellement 0,8% de son PIB pour sa défense (soit le plus faible pourcentage des pays de l'OTAN). Ce taux devrait atteindre 1% dès 2016.

Les autres candidats

Avec Dalia Grybauskaite, 6 autres personnes sont candidates à l'élection présidentielle:

– Zigmantas Balcytis (Parti social-démocrate, LSP), député européen et ancien ministre des Finances et des Transports ;

– Arturas Zuokas (Mouvement civique du renouveau de la patrie et de l'avenir, TAIP), maire de Vilnius depuis 2011 ;

– Bronis Rope (Union paysanne populaire, LVLS), maire d'Ignalina, ville du nord-ouest du pays connue par sa centrale nucléaire (située en réalité dans la ville voisine de Visaginas) ;

– Naglis Puteikis, député et ancien membre de l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK) ;

– Arturas Paulauskas (Parti du travail, DP), député et ancien président du parlement (2000-2006) ;

– Valdemar Tomasevski (Action électorale polonaise, LLRA), député européen.

L'ancien président de la République Rolandas Paksas (Pour l'ordre et la justice, TT), destitué de sa fonction de Chef de l'Etat par le Seimas (Parlement) le 6 avril 2004[1], a été empêché de concourir au scrutin par la Commission électorale centrale (VRK) laquelle, par 10 voix contre 4 (Vygantas Kastanauskas (DP), Irena Malinauskiene, (Voie du courage, NK) Danute Markeliuniene (TT) et Valdemar Urban (LLRA)), a estimé qu'une personne (chef de l'Etat, juge de la Cour constitutionnelle, Cour suprême ou cour d'appel) qui a été traduit en justice dans l'exercice de ses fonctions, qui a violé la Constitution, qui a violé son serment ou été révoqué de son mandat parlementaire ne peut être élu chef de l'Etat ou nommé à une fonction qui nécessite que l'on prête serment,

Rolandas Paksas a affirmé que 47% des Lituaniens souhaitaient qu'il soit candidat et accusé la commission de leur avoir "craché au visage".

Arturas Paulauskas a déclaré "J'ai décidé de participer à l'élection présidentielle parce que selon moi, l'actuelle chef de l'Etat ne fait pas du bon travail et que le président ne devrait pas agir comme elle le fait. Ses actes sont chaotiques, inconsistants et sans perspective claire ; la loi autocratique ne produit pas de résultats et montre que la démocratie est faible. Résultat : l'électorat est divisé".

La fonction présidentielle

Le président de la République est élu tous les 5 ans au suffrage universel direct. Ses pouvoirs sont limités : il est le chef suprême des armées et de la sûreté de l'Etat ; il nomme les représentants diplomatiques à l'étranger et auprès des organisations internationales et propose les candidatures du président et des magistrats de la Cour suprême de justice, de la Cour d'appel et des cours de justice des autres divisions administratives du pays, les nominations étant in fine du ressort du Seimas, chambre unique du Parlement. Enfin, le chef de l'Etat n'est pas autorisé par la Constitution à gouverner durant plus de 2 mandats consécutifs.

Toute personne souhaitant se présenter au scrutin présidentiel doit impérativement être âgée d'au moins 40 ans, présenter un minimum de 20 000 signatures d'électeurs favorables à sa candidature et déposer une caution d'environ 11 525 litas (3 340 €) qui lui sera reversée si elle obtient au moins 7% des suffrages exprimés.

Source : Commission électorale centrale http://www.vrk.lt/balsavimo-rezultatai-2009-prezidento

Selon l'enquête d'opinion réalisée par l'institut Vilmorus en mars dernier, Dalia Grybauskaite recueillerait 40,9% des suffrages le 11 mai prochain (elle est créditée de 50,6% des voix si l'on prend en compte le choix des seules personnes interrogées qui se déclarent certaines d'aller voter au 1er tour de l'élection présidentielle). Zigmantas Balcytis arriverait en 2e position avec 10,3% des voix devant Arturas Paulauskas qui obtiendrait 9,6% des suffrages et Bronis Rope (4,1%). Valdemar Tomasevski recueillerait 3,4% des voix et Arturas Zuokas 2,3%.

[1]Rolandas Paksas a été reconnu coupable d'avoir violé la Constitution en accordant illégalement la nationalité lituanienne à Iouri Borisov, homme d'affaires russe et principal financier de sa campagne électorale pour l'élection présidentielle des 22 décembre 2002 et 5 janvier 2003, d'avoir violé les secrets d'Etat en révélant à ce même homme des informations confidentielles et d'avoir favorisé ses amis lors de la privatisation d'une société d'autoroutes).

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