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La "grande coalition" Parti social-démocrate/Parti populaire reconduite en Autriche

Élections en Europe

Corinne Deloy

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30 septembre 2013
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Corinne Deloy

Chargée d'études au CERI (Sciences Po Paris), responsable de l'Observatoire des élections en Europe à la Fondation Robert Schuman

La "grande coalition" Parti social-démocrate/Parti populaire reconduite en Autri...

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Comme leurs voisins allemands (avec lesquels ils partagent des résultats économiques satisfaisants), les Autrichiens ont choisi de reconduire leurs dirigeants aux élections législatives le 29 septembre. Les deux pays devraient également être gouvernés par des grandes coalitions rassemblant les deux principaux partis politiques– l'un de gauche et l'autre de droite - durant la prochaine législature.

Comme attendu, la coalition gouvernementale sortante formée par le Parti social-démocrate (SPÖ) du chancelier sortant Werner Faymann, et le Parti populaire (ÖVP) du vice-chancelier Michael Spindelegger, est arrivée en tête du scrutin. Le SPÖ a recueilli 27,1% des suffrages et ont remporté 53 sièges (soit -5 par rapport au dernier scrutin législatif du 28 septembre 2008) ; l'ÖVP a obtenu 23,8% et 46 sièges (- 4). Le scrutin marque la continuité de l'érosion de l'électorat des 2 partis : ensemble, ils ont remporté le résultat le plus faible de leur histoire, mobilisant juste la moitié des électeurs (50,9%, soit -4,1 points par rapport à septembre 2008).

Le scrutin a été marqué par une poussée du Parti libéral (FPÖ), parti d'extrême droite conduit par Heinz-Christian Strache, qui a recueilli 21,4% des suffrages et obtenu 42 députés (+ 7).

Les Verts (DG) d'Eva Glawischnig Piesczek ont pris la 4e place avec 11,5% et 22 sièges (+3).

Avec 5,8% des voix (11 sièges), l'Equipe Stronach pour l'Autriche, parti populiste et eurosceptique fondée le 27 septembre 2012 par l'homme d'affaires austro-canadien Frank Stronach, fait son entrée au Conseil national (Nationalrat), Chambre basse du parlement, tout comme Neos-La Nouvelle Autriche, parti libéral créé le 27 octobre 2012 par Matthias Strolz, ancien membre de l'ÖVP, et soutenu par l'industriel du bâtiment Hans Peter Haselsteiner, qui a obtenu 4,8% des suffrages et 9 députés.

L'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ), autre parti d'extrême-droite dirigée par Josef Bucher, a échoué à franchir le seuil des 4% de voix obligatoire pour être représenté au niveau national ; il a obtenu 3,6%.

La participation est en net recul ; elle s'est établie à 65,9%, soit -12,9 points par rapport au scrutin législatif du 28 septembre 2008. Le 29 septembre, les "non-votants" sont devenus le premier "parti" d'Autriche.

Source : http://wahl13.bmi.gv.at

"Il y a beaucoup à faire, d'une part pour mériter ce résultat et de l'autre pour renforcer la confiance dans l'avenir" a déclaré Werner Faymann à la chaîne de télévision ORF en commentant les résultats. "Nous nous réjouissons de former le prochain gouvernement" a souligné le chef de la campagne électorale du SPÖ, Norbert Darabos, dès l'annonce des résultats. "Si nous arrivons en tête et que nous obtenons le mandat de gouverner, je me tournerai vers l'ÖVP pour former une grande coalition" avait indiqué Werner Faymann la veille du scrutin.

"Ce résultat est un avertissement. Nous ne pouvons pas simplement nous contenter de continuer comme avant" a déclaré Michael Spindelegger. Le vice-chancelier a échoué à atteindre son objectif "d'être n°1". L'ÖVP devrait cependant poursuivre sa grande coalition avec le SPÖ, configuration politique "naturelle" pour les Autrichiens : le pays a été gouverné par une coalition rassemblant le SPÖ et l'ÖVP pendant les deux décennies d'après-guerre (de 1945 à 1966). Récemment, une enquête d'opinion réalisée par l'institut Spectra montrait que les 2/3 des électeurs (67%) préféraient être gouvernés par une coalition de deux partis, symbole de stabilité politique.

"Il sera intéressant de voir fonctionner cette courte majorité au parlement. Lorsque la majorité des 2/3 sera nécessaire pour voter une loi - et cela arrive fréquemment –, le SPÖ et l'ÖVP devront trouver un partenaire de coalition" a indiqué Marcelo Jenny, professeur de science politique à l'université de Vienne.

"C'est un incroyable succès" a affirmé Heinz-Christian Strache à l'annonce des résultats. Le FPÖ poursuit son grignotage de l'électorat des deux "grands" partis de la scène politique mais il a pâti lors de la création de l'Equipe Stronach. "L'arrivée de l'Equipe Stronach sur la scène politique est une bonne nouvelle pour la gauche car elle prend des voix à l'ÖVP et à l'extrême droite, mais aucune au SPÖ" a indiqué Marcelo Jenny. "Le FPÖ n'est plus la seule voix critique à l'encontre du gouvernement, ce qui le pénalise" a affirmé Thomas Meyer, politologue de l'université de Vienne.

"Il y a trois partis implantés en Autriche et le SPÖ ne peut plus prétendre à la domination. On ne peut pas former une coalition de perdants, on ne peut plus nous exclure !" a lancé Heinz-Christian Strache. Le FPÖ avait fait campagne davantage pour les Autrichiens que contre les immigrés. Il a sans doute attiré certains Autrichiens fatigués des nombreuses affaires de corruption qui ont émaillé la précédente législature.

Agé de 53 ans, Werner Faymann a travaillé comme directeur général et président régional de l'association des locataires autrichiens. Membre des Jeunes socialistes de Vienne, il en devient le président en 1981, poste qu'il occupera jusqu'en 1987. En 1985, il entre au conseil municipal de Vienne et en 1994, il est nommé conseiller en charge du Logement et de la Rénovation urbaine. En 2007, il accède au gouvernement et devient ministre des Transports, de l'Innovation et de la Technologie dans la grande coalition (SPÖ/ÖVP) que dirige Alfred Gusenbauer (SPÖ). L'année suivante, Werner Faymann est élu à la tête du SPÖ. Il signe alors avec Alfred Gusenbauer une lettre ouverte dans le quotidien Kronen Zeitung dans laquelle les deux hommes demandent que toute modification des traités européens qui touchera aux intérêts autrichiens soit désormais décidée par référendum. Ce nouveau positionnement sur les affaires européennes du SPÖ provoque la chute de la coalition gouvernementale en place.

Werner Faymann conduira son parti à la victoire le 28 septembre 2008 et remplacera Alfred Gusenbauer à la chancellerie. Quatre ans plus tard, s'appuyant sur un bilan économique satisfaisant, il est donc parvenu à se maintenir au pouvoir et devrait continuer à gouverner en coalition avec l'ÖVP.

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